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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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un
disciple fervent des enseignements d’Épicure – « le plaisir est le
point de départ et le point d’arrivée d’une vie heureuse » – bien que
je m’empresse d’ajouter qu’il n’était pas épicurien au sens courant abusif qu’on
attribue à ce mot, à savoir cherchant le luxe et le plaisir, mais bien au sens
propre, suivant ce que les Grecs appellent l’ataraxia, ou l’affranchissement
des troubles. Il évitait donc toute dispute et tout désagrément quels qu’ils fussent
(inutile de dire qu’il n’était pas marié) et n’aspirait qu’à étudier la
philosophie le jour et dîner le soir avec des amis cultivés. Il pensait que
toute l’humanité aurait dû avoir des visées similaires et n’en revenait pas qu’il
en allât autrement : il avait tendance à oublier, comme Cicéron le lui
rappelait parfois, que tout le monde n’avait pas reçu une fortune en héritage.
Pas un instant il n’avait envisagé d’entreprendre quoi que ce soit d’aussi
dangereux et perturbant qu’une carrière politique, et pourtant, en même temps,
il avait pris soin pour se prémunir des accidents d’entretenir des liens avec
tous les aristocrates qui passaient par Athènes – ce qui, en deux
décennies, représentait beaucoup de monde – en leur offrant leur
arbre généalogique, tracé par lui-même et superbement illustré par ses
esclaves. Il se montrait également extrêmement habile dans la gestion de son
argent. En bref, on ne saurait trouver qui que ce soit d’aussi efficace dans la
poursuite du détachement philosophique que Titus Pomponius Atticus.
    Il avait trois ans de plus que Cicéron, lequel était
toujours en admiration devant lui, non seulement à cause de sa fortune, mais
aussi du fait de ses liens sociaux, car s’il y avait un homme assuré d’avoir
ses entrées partout dans la haute société, c’était bien un célibataire
quarantenaire, riche et spirituel qui affichait un intérêt non feint pour la
généalogie de ses hôtes. Cela faisait de lui une source d’informations
inestimable, et c’est par Atticus que Cicéron commença à prendre conscience de
l’opposition considérable à sa candidature. Tout d’abord, lors d’un dîner,
Atticus apprit par sa grande amie Servilia – la demi-sœur de Caton – qu’Antonius
Hybrida se présenterait effectivement à l’élection consulaire. Quelques
semaines plus tard, Atticus rapporta un commentaire d’Hortensius (une autre de
ses accointances) comme quoi Hybrida et Catilina projetaient de faire liste
commune. C’était un rude coup, et même si Cicéron s’efforça de faire comme s’il
le prenait à la légère – « Oh, une cible deux fois plus grosse est
deux fois plus facile à atteindre » –, je vis qu’il était ébranlé car
lui n’avait pas encore de colistier et aucune perspective sérieuse d’en trouver
un à ce stade.
    La plus mauvaise nouvelle arriva juste après les vacances sénatoriales,
à la fin du printemps. Atticus envoya un message disant qu’il avait besoin de
voir les frères Cicéron de toute urgence, aussi, à peine les tribunaux fermés,
nous rendîmes-nous tous trois chez lui. C’était une maison parfaite pour un
célibataire, construite sur un promontoire non loin du temple de Salus – pas
très grande, mais dotée d’une vue imprenable sur la ville, surtout de la
bibliothèque, dont Atticus avait fait sa pièce maîtresse. Il y avait des bustes
de philosophes le long des murs, et des bancs ornés de coussins pour s’asseoir,
car Atticus avait pour règle de ne jamais prêter un ouvrage, mais ses amis
pouvaient à tout moment venir consulter un livre ou même en faire leur propre
copie. Et c’est ici, sous une tête d’Aristote, que nous trouvâmes Atticus
étendu cet après-midi-là, vêtu à la grecque d’une tunique blanche ample, en
train de lire, si je me souviens bien, un volume du Kyriai doxai, les
principales doctrines d’Épicure.
    Il en vint tout de suite aux faits.
    — J’ai dîné hier soir sur le Palatin, chez Metellus
Celer et dame Clodia et, parmi les invités, il y avait l’ancien consul,
aristocrate entre tous – il souffla dans une trompette imaginaire –,
Publius Cornélius Lentulus Sura.
    — Par les dieux du ciel ! s’exclama Cicéron avec
un sourire, tu as de ces relations !
    — Savais-tu que Lentulus avait l’intention d’effectuer
un retour et de se présenter à la préture l’année prochaine ?
    — Vraiment ? fit

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