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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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d’intermédiaires spécialisés dans la
corruption, s’écria-t-il dans une de ses rares manifestations de colère, pas d’un
ordre de chevaliers vénérables ! On va bien finir par tomber sur quelqu’un
qui sera prêt à trahir même un corrupteur aussi dangereux que Crassus s’il y a
assez d’argent à la clé. Allez-y, dénichez-le et trouvez son prix – ou
faut-il que je m’occupe de tout moi-même ?
    À ce moment-là – je pense que nous devions être en
juin, soit un mois avant les élections –, tout le monde savait qu’il se
passait quelque chose d’anormal. La campagne semblait en passe de devenir la
plus fameuse et la plus âprement disputée de mémoire d’homme, avec pas moins de
sept candidats au consulat, signe qu’ils étaient nombreux à croire à leur
chance cette année-là. Les trois favoris étaient Catilina, Hybrida et Cicéron.
    Puis venaient le hautain et acerbe Galba et le profondément
religieux Cornificius. En fin de course on trouvait l’ancien préteur si
corpulent, Cassius Longinus, et Gaius Licinius Sacerdos, qui avait été
gouverneur de Sicile avant Verres et avait au moins dix ans de plus que ses
concurrents. (Sacerdos était l’un de ces candidats irritants qui se présentent
aux élections « pas par ambition personnelle » comme ils se plaisent
à le dire, mais uniquement dans l’intention de « soulever des questions » –
« Il faut toujours se méfier de celui qui prétend ne pas postuler pour
lui-même, assurait Cicéron, parce que c’est le plus vaniteux de tous ».)
Prenant conscience que les courtiers corrupteurs déployaient une activité
inhabituelle, le premier consul, Marcius Figulus, se laissa persuader par
plusieurs candidats de présenter devant le Sénat une nouvelle loi plus
drastique contre les malversations électorales : elle allait être connue
sous le nom de lex Figula. Il était déjà illégal pour un candidat de
proposer un pot-de-vin ; la nouvelle loi rendait délictueux pour un
électeur d’en accepter un.
    Lorsque vint le moment de débattre cette question au Sénat,
le consul fit d’abord le tour de tous les candidats pour leur demander à chacun
leur avis. Sacerdos, en tant qu’aîné, parla le premier et fit un discours pieux
en faveur du texte : je voyais Cicéron, irrité, s’agiter en entendant de
telles platitudes. Hybrida, naturellement, se prononça contre mais, comme d’habitude,
en bredouillant et prononçant des phrases sans suite – personne n’aurait
pu croire que son père avait autrefois été l’un des avocats les plus courus de
Rome. Galba, qui était de toute façon assuré de perdre, en profita pour se
retirer de l’élection, annonçant avec hauteur qu’il n’y avait aucune gloire à
participer à une compétition aussi sordide, qui déshonorait la mémoire de ses
ancêtres. Catilina, pour des raisons évidentes, se prononça également contre la lex Figula, et je dois avouer qu’il fut impressionnant. Totalement
dépourvu de nervosité, il se dressa au-dessus des bancs qui l’entouraient et,
quand il arriva à la fin de ses remarques, il désigna Cicéron et rugit que les
seuls qui tireraient profit d’une nouvelle loi étaient les juristes eux-mêmes,
ce qui déclencha les acclamations habituelles de la part des aristocrates.
Cicéron se trouvait en position délicate et, lorsqu’il se leva, je me demandai
bien ce qu’il allait pouvoir dire dans la mesure où il espérait évidemment voir
cette loi votée, mais ne voulait surtout pas, à la veille de la plus importante
élection de sa vie, s’aliéner les corporations de vote, qui considéraient
naturellement ce texte comme une attaque contre leur intégrité. Sa réponse fut
adroite.
    — De façon générale, je suis très favorable à cette
loi, qui ne saurait pénaliser que les coupables, commença-t-il. Les honnêtes
citoyens n’ont rien à craindre d’une loi contre la corruption, et une telle loi
rappellera aux malhonnêtes que le vote est un droit sacré et pas un coupon que
l’on va encaisser une fois par an. Cependant, cette loi présente un défaut :
un déséquilibre qu’il conviendrait de corriger. Sommes-nous réellement en train
de dire que le pauvre qui succombe à la tentation est plus condamnable que le
riche qui place délibérément la tentation sur son chemin ? Je prétends le
contraire : que si nous devons légiférer contre le premier, nous devons
renforcer les sanctions contre le second. Ainsi,

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