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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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jeter un regard vers
cette structure colossale, dont on apercevait le toit au-dessus des arbres. J’espérais
secrètement que nous pourrions apercevoir le grand homme lui-même, mais, bien
sûr, il demeura invisible. (Soit dit en passant, Quintus Metellus, le survivant
des trois frères Metelli, venait lui aussi de rentrer de Crète et était coincé
à l’extérieur de Rome dans l’attente d’un triomphe qu’une fois encore le
toujours jaloux Pompée ne permettrait pas. La pénible situation des deux hommes
représentait une constante source d’amusement pour Cicéron. « Un
embouteillage de généraux, clamait-il, qui essaient tous d’entrer dans Rome par
la porte Triomphale ! ») Nous fîmes halte au pont Mulvius alors que
Cicéron griffonnait un dernier mot d’adieu à Terentia, puis nous franchîmes le
Tibre en crue et prîmes au nord, vers la voie Flaminienne.
    Nous avançâmes très bien ce premier jour et atteignîmes Oriculum,
à une trentaine de milles de la ville, peu avant la nuit. Là, nous fûmes reçus
par un notable qui avait accepté d’offrir l’hospitalité à Cicéron et, le
lendemain matin, le sénateur se rendit au forum pour lancer sa campagne. Le
secret d’une opération de propagande efficace, c’est la qualité du travail du
personnel effectué à l’avance, et là, Cicéron eut beaucoup de chance de s’être
attaché les services de deux courtiers professionnels, Ranunculus et Filum, qui
étaient partis devant lui pour s’assurer qu’une foule honnête de partisans l’attendrait
bien dans chaque ville où il débarquerait. Il n’y avait rien de la carte
électorale italienne que ces deux gredins ne savaient pas : qui parmi les
chevaliers locaux serait offensé si Cicéron ne passait pas lui présenter ses
respects, et qui il valait mieux éviter ; quelles étaient les tribus et
les centuries les plus importantes dans chaque district, et lesquelles étaient
susceptibles de pencher de son côté ; quels étaient les sujets qui
touchaient le plus les citoyens et quelles promesses ils attendaient qu’on leur
fasse contre leurs voix. Ils n’avaient aucun autre sujet de conversation que la
politique. Pourtant, Cicéron pouvait passer des soirées entières avec eux à
échanger des informations et des anecdotes avec autant de plaisir que s’il
discutait avec un philosophe ou un grand esprit.
    Je ne vous ennuierai pas avec les détails de la campagne,
même si je me les rappelle très bien. Par tous les dieux, à quels tas de
cendres la plupart des carrières politiques se résument-elles quand on s’y
arrête vraiment ! Je pouvais citer pratiquement tous les consuls des cent
dernières années et la plupart des préteurs sur quarante ans. Maintenant, ils
se sont presque tous effacés de ma mémoire, soufflés comme les chandelles de la
baie de Naples à minuit. Il n’est pas surprenant que les villes et les
populations de la campagne de Cicéron pour l’élection consulaire se soient
toutes fondues dans une impression générale de mains serrées, de récits entendus,
d’ennui enduré, de pétitions reçues, de plaisanteries racontées, de promesses
données et de notables locaux flattés et courtisés. Le nom de Cicéron était
déjà célèbre, même en dehors de Rome, et les gens se déplaçaient en nombre pour
venir le voir, surtout dans les villes de quelque importance où l’on pratiquait
le droit, car les plaidoiries qu’il avait préparées pour le procès contre
Verres – y compris celles qu’il n’avait pas prononcées – y
avaient été largement recopiées et distribuées. Il faisait figure de héros tant
pour les classes populaires que pour les chevaliers respectables, qui voyaient
en lui un défenseur contre la rapacité et la supériorité de l’aristocratie. C’est
bien pour cette raison que peu de maisons prestigieuses lui étaient ouvertes et
que nous dûmes supporter des sarcasmes, voire des projectiles, lorsque nous
passions à proximité des propriétés de tel ou tel grand patricien.
    Nous filions sur la voie Flaminienne, consacrant une journée
à chaque ville de relative importance – Narnia, Carsulae, Mevania,
Fulginiae, Nuceria, Tadinae et Cales – et arrivâmes sur la côte
Adriatique quinze jours après avoir quitté Rome. Il y avait des années que je n’avais
pas vu la mer, et quand cette ligne de bleu scintillant surgit au-dessus de la
poussière et des buissons, je me sentis aussi excité qu’un enfant.

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