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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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toujours, je lui répondais que j’en étais
certain puisqu’il l’avait fait sous mes yeux.
    — Alors accordons-lui encore une heure, disait Cicéron,
qui se remettait à faire les cent pas, s’arrêtant de temps en temps pour
adresser une remarque cinglante à Atticus : « Sont-ils toujours aussi
ponctuels, tes amis de la haute société ? » ou : « Dis-moi,
c’est considéré comme un crime contre la bonne éducation de consulter une
horloge ? »
    Nous étions à la dixième heure, à en croire le ravissant
cadran solaire d’Atticus, lorsque, enfin, l’un de ses esclaves entra dans la
bibliothèque pour nous annoncer que l’intendant d’Hortensius venait d’arriver.
    — Et voilà que nous sommes censés négocier avec ses
serviteurs, maintenant, marmonna Cicéron.
    Mais il avait tellement hâte de savoir ce qu’il en était qu’il
se rendit lui-même dans l’atrium, où nous l’accompagnâmes tous.
    Le même personnage anguleux et arrogant que j’avais
rencontré le matin chez Hortensius nous y attendait ; il ne se montra
guère plus poli pour délivrer son message : il était venu dans la voiture
à deux places d’Hortensius pour prendre Cicéron et le conduire à une réunion
avec son maître.
    — Je dois l’accompagner, protesta Quintus.
    — Mes ordres sont simplement de conduire le sénateur
Cicéron, répondit l’intendant. Cette réunion est extrêmement délicate et
confidentielle. Une seule autre personne est réclamée : son secrétaire,
celui qui est si rapide avec les mots.
    Cela ne me plaisait pas du tout, et ne plut pas davantage à
Quintus – moi, parce que je cherchais à tout prix à éviter d’être
interrogé par Hortensius, lui, parce qu’il voyait là une rebuffade, et
peut-être aussi (pour être plus charitable) parce qu’il craignait pour la
sécurité de son frère.
    — Et si c’est un piège ? demanda-t-il. Si Catilina
t’attend là-bas ou t’intercepte en chemin ?
    — Tu seras sous la protection du sénateur Hortensius,
intervint l’intendant avec raideur. Je te donne sa parole d’honneur devant tous
les témoins ici présents.
    — Ça ira, Quintus, certifia Cicéron en posant une main
rassurante sur le bras de son frère. Il n’est pas dans l’intérêt d’Hortensius
qu’il m’arrive quoi que ce soit. Et puis, ajouta-t-il en souriant, je suis l’ami
d’Atticus, et y a-t-il meilleure garantie d’un voyage sans danger ? Viens
donc, Tiron. Allons découvrir ce qu’il a à nous dire.
    Nous quittâmes la sécurité relative de la bibliothèque et
descendîmes dans la rue où attendait une carpentum des plus élégantes,
portant les armes d’Hortensius peintes sur ses flancs. L’intendant prit place à
l’avant, à côté du cocher, tandis que je m’asseyais à l’arrière avec Cicéron,
puis nous descendîmes la pente. Au lieu de prendre au sud vers le Palatin, nous
nous dirigeâmes vers le nord, en direction de la porte Fontinale, rejoignant la
circulation qui quittait la cité en fin de journée. Cicéron avait ramené les
plis de sa toge blanche sur sa tête, comme s’il cherchait à se protéger des
nuages de poussière soulevés par les roues, en fait pour éviter d’être reconnu
par ses électeurs dans une voiture appartenant à Hortensius. Une fois que nous
fûmes sortis de la ville, il rabaissa sa capuche improvisée. Il n’était
visiblement pas très content de sortir des limites de Rome : malgré ses
belles paroles, il savait qu’un accident fatal serait dans les parages des plus
faciles à organiser. Le soleil était gros et bas, sur le point de se coucher
derrière les imposantes tombes familiales qui bordaient la route. Les peupliers
projetaient des ombres élancées d’un noir de jais qui semblaient des crevasses
en travers de la route. Pendant un moment, nous restâmes coincés derrière un
char à bœufs pesant, mais le cocher fit alors claquer son fouet et nous
parvînmes à le doubler juste avant de croiser une charrette bringuebalante qui
allait vers la ville. Je crois que nous avions alors tous deux compris où nous
nous rendions, et Cicéron remonta sa capuche et croisa les bras, visage baissé !
Quelles pensées devaient se bousculer dans sa tête ! Nous tournâmes enfin
et entreprîmes de gravir une côte abrupte, sur un chemin récemment recouvert de
gravillons. Ses méandres nous firent franchir un ruisseau bouillonnant et
traverser une pinède sombre et odorante où les pigeons

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