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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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je te félicite, Caton, de cette union des
plus avantageuses. Avec le sang de ces trois familles qui coule dans ses veines
et la mort de ses plus proches parents, elle doit être l’une des plus riches
héritières de Rome.
    — Elle l’est, fit amèrement Caton. Et c’est bien le
problème. Scipion Nasica, son ancien prétendant, a appris en rentrant d’Espagne
où il a combattu dans l’armée de Pompée-le-prétendu-Grand, à quel point elle
est riche maintenant que son père et son frère ne sont plus, et il la réclame
comme sienne.
    — Mais c’est sûrement à la demoiselle de décider, non ?
    — Effectivement, dit Caton. Mais elle l’a choisi lui.
    — Ah, répliqua Cicéron en se carrant sur son siège,
dans ce cas, vous voilà dans une situation délicate. Mais je suppose que si
elle s’est retrouvée orpheline à quinze ans, elle doit avoir un tuteur désigné.
Tu peux toujours aller lui parler. Il est certainement en position d’interdire
le mariage. Qui est-ce ?
    — Ce doit être moi.
    — Toi ? Tu es le tuteur de la femme que tu veux
épouser ?
    — Oui. Je suis son plus proche parent masculin.
    Cicéron appuya le menton sur sa main et examina son éventuel
nouveau client – les cheveux en bataille, les pieds nus et crasseux,
la tunique qu’il devait porter depuis des semaines.
    — Alors, qu’est-ce que tu attends de moi ?
    — Je veux que tu te charges d’un procès contre Scipion,
et contre Lepida si nécessaire, pour mettre fin à toute cette affaire.
    — Ce procès… Tu l’intenterais à titre de prétendant
spolié ou de tuteur de la jeune fille ?
    — L’un ou l’autre, dit Caton avec un haussement d’épaules.
Les deux.
    Cicéron se gratta l’oreille.
    — Mon expérience des jeunes femmes, dit-il prudemment,
est aussi limitée que ma foi en le règne de la justice est illimitée. Mais même
moi, Caton, même moi, je dois te dire que je doute que le meilleur moyen
de gagner le cœur d’une fille soit une action en justice.
    — Le cœur d’une fille ? répéta Caton. Qu’est-ce que
le cœur de la fille a à voir là-dedans ? C’est une question de principe.
    Et d’argent, aurait-on pu ajouter s’il avait été n’importe
qui d’autre. Mais Caton avait le privilège immense réservé aux très riches de
ne guère s’intéresser à l’argent. Il avait hérité une vraie fortune et la
dilapidait sans même s’en apercevoir. Non, c’était les principes qui toujours
motivaient Caton – le désir immuable de ne jamais faire de compromis
sur ses principes.
    — Nous pourrions nous adresser au tribunal des
détournements de fonds et lancer une action pour rupture de promesse de
mariage, indiqua Cicéron. Nous devrions alors produire l’existence d’un
engagement antérieur entre la dame Lepida et toi prouvant qu’elle est donc une
tricheuse et une menteuse. Il nous faudrait prouver que Scipion est un filou
hypocrite et coureur de dot. Je devrais les faire venir tous les deux à la
barre des témoins et les réduire en pièces.
    — Fais-le, dit Caton, les yeux brillants.
    — Et à la fin de tout cela, nous perdrions certainement
tout de même parce que les jurés n’aiment rien de mieux que les amants maudits,
sinon, peut-être, les orphelins, et elle est les deux à la fois. Quant à toi,
tu deviendrais la risée de tout Rome.
    — Qu’est-ce que j’en ai à faire, de ce que pensent les
gens ? dit Caton avec mépris.
    — Et même si nous gagnons…, imagine la scène. Tu
pourrais très bien avoir à sortir Lepida en train de hurler et de se débattre
du tribunal pour la traîner dans les rues de Rome jusqu’à son nouveau foyer
marital. Ce serait le scandale de l’année.
    — On en est donc arrivés là ? questionna amèrement
Caton. L’homme honnête doit s’écarter pour laisser triompher les vauriens ?
C’est donc ça la justice romaine ? Il me faut un avocat qui ait des nerfs
d’acier, déclara Caton en se levant d’un bond, et si je n’arrive à trouver
personne pour m’aider, je me chargerai de l’accusation moi-même.
    — Assieds-toi, Caton, le pria doucement Cicéron.
Assieds-toi, répéta-t-il en voyant que le jeune homme ne bougeait pas, et je
vais t’expliquer quelque chose à propos du droit.
    Caton hésita, fronça les sourcils et s’assit, mais seulement
sur le bord de la chaise afin de pouvoir bondir à nouveau à la première
suggestion de devoir modérer ses convictions.
    — Un petit conseil,

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