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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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sous peu, un honneur plus
grand encore échoie à cette maison. Alors, qu’attendez-vous ? demanda-t-il
avant de claquer des mains. Au travail !
    Cicéron se retira avec Quintus dans son bureau et me fit
signe de les suivre. Il se jeta dans son fauteuil avec un soupir de soulagement
et lança ses chaussures au loin. Pour la première fois depuis plus d’une
semaine, la tension semblait avoir disparu de son visage. Je supposais qu’il
voulait se mettre de toute urgence à la mise en forme de son discours, mais il
avait apparemment pour moi d’autres projets. Je devais retourner en ville avec
Sositheus et Laurea, et nous devions à nous trois aller voir tous les témoins
siciliens pour leur apprendre son élection, vérifier qu’ils tenaient bon et
leur donner comme instruction de se présenter le lendemain matin au tribunal.
    — Tous ? répétai-je avec étonnement. Tous les cent ?
    — C’est bien ça, répondit-il, sa voix ayant recouvré
toute sa fermeté. Et dis à Éros d’engager une douzaine de porteurs, des hommes
de confiance, pour que toutes les caisses de preuves puissent m’accompagner au
tribunal dès demain matin.
    — Tous les témoins… une douzaine de porteurs… toutes
les caisses de preuves…, répétai-je pour dresser la liste de ses instructions.
Mais je n’en aurai pas terminé avant minuit, dis-je, incapable de dissimuler ma
stupeur.
    — Pauvre Tiron. Mais ne t’en fais pas – nous
aurons tout le temps de dormir quand nous serons morts.
    — Je ne m’inquiète pas pour mon sommeil, sénateur,
répliquai-je avec raideur. Je me demandais seulement quand je pourrais vous
aider à rédiger votre discours.
    — Je n’aurai pas besoin de ton aide, dit-il avec un
petit sourire.
    Puis il porta un doigt à ses lèvres pour me prévenir de ne
rien dire. Mais comme je n’avais aucune idée du sens de sa remarque, je ne
risquais pas de divulguer ses projets et, une fois de plus, je partis dans un
état de totale confusion.

IX
    Enfin, le 5 août, sous le consulat de Gnaeus Pompée Magnus
et de Marcus Licinius Crassus, un an et neuf mois après l’arrivée de Sthenius
chez Cicéron, débuta le procès de Gaius Verres.
    Ayez à l’esprit la chaleur estivale. Calculez le nombre de
victimes qui avaient intérêt à voir Verres traduit devant la justice.
Rappelez-vous que Rome grouillait de toute façon de citoyens venus pour le
recensement, les élections et les prochains jeux de Pompée. Considérez que l’audience
affichait les deux plus grands orateurs du jour en combat singulier (« un
duel d’une vraie grandeur », comme le qualifia plus tard Cicéron). Mettez
tout cela ensemble et vous aurez une petite idée de l’atmosphère qui régnait ce
matin-là au tribunal des extorsions. Des centaines de spectateurs déterminés à
être bien placés avaient dormi dans le forum. Il ne restait plus dès l’aube un
seul endroit libre à l’ombre. À la deuxième heure, il ne restait plus de place
du tout. Dans les portiques et sur les marches du temple de Castor, dans le
forum lui-même et les colonnades qui l’entouraient, sur les toits et les
balcons des maisons, sur les flancs des collines – partout où des
êtres humains pouvaient se serrer, se percher ou se suspendre –, on
trouvait le peuple de Rome.
    Frugi et moi courions comme une paire de chiens de berger
pour rameuter nos témoins dans le tribunal. Et quelle assemblée exotique et
colorée elles formaient dans leurs robes sacrées et costumes locaux, ces victimes
de toutes les étapes de la carrière de Verres attirées par la promesse de la
vengeance – prêtres de Junon et de Cérès, mystagogues de la Minerve
de Syracuse et des vierges sacrées de Diane ; nobles grecs dont l’ascendance
remontait à Cécrops, Eurysthène ou aux grandes maisons ioniènes et minyènes, et
Phéniciens dont les ancêtres avaient été prêtres du Melcarth tyrien, ou
soi-disant apparentés au Iah sidonien ; une foule impatiente d’héritiers
spoliés et leurs tuteurs, de propriétaires de bateaux, de marchands de grain et
de fermiers en faillite, de pères se lamentant sur leurs enfants emmenés en
esclavage, d’enfants pleurant leurs parents morts dans les geôles du gouverneur ;
de délégations en provenance du pied du Taurus, des bords de la mer Noire, de
nombreuses villes du continent grec, des îles de l’Égée et, bien sûr, de tous
les bourgs et villes de Sicile.
    J’étais tellement occupé à m’assurer que

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