Inaccessible Étoile
me regardaient ou que j'aurai pu regarder, ce qui est plutôt étrange vu ce à quoi elle me préparait.
Pour ce qui est de Vitry, j'y allais toujours et apprenais la menuiserie, pour le reste je partageais mon temps entre l'école et Shari. Parfois la nuit vu qu'elle n'habitait pas trop loin de l’école en voiture, à Paris, dans un hôtel particulier, avenue Mozart.
Il y avait un café près de l’école, et souvent elle venait m’y chercher, c’était notre lieu de rendez-vous. Bien sûr les autres adolescents de la pension nous regardaient bizarrement, des fois, mais je n’y prêtais pas attention.
Bientôt, vu mes absences aux cours, Shari dû se faire passer pour ma tante afin de pouvoir me prendre avec elle avec moins de complications, notamment les week-ends où j’étais consigné à l’école. Ce n’était pas toujours évident, mais je m’arrangeais toujours pour faire le mur, la prévenir, afin qu’elle m’attende au café.
Pierrette, elle, aussi à la maison de correction faisait son chemin de son côté, maintenant que je savais me défendre seul.
Elle avait une fois ou deux aperçu Shari venir me chercher, du fait qu’elle fréquentait aussi le même café, mais ne me fit jamais de remarque.
Elle ne comprenait probablement pas ce que je faisais avec cette belle bourgeoise indienne.
Pierrette, elle aussi, commença à profiter de sa liberté pour mieux connaître les garçons, pour autant qu’elle en ait eu encore besoin, lancée, semblait-il, dans la même quête que moi .
C'est en 1972 que Shari sentant venir les problèmes du côté de la brigade des moeurs décida de quitter la France quelques temps, pour Goodsland, à l’île Maurice, où elle avait des amis, et surtout ses parents.
Apparemment, à Vitry, ils avaient trouvé étrange qu'une tante, indienne, débarque ainsi un jour dans ma vie, une tante que papa ne semblait même pas connaître.
Après une enquête discrète qu’ils avaient faite, entre autres auprès de Pierrette, ils firent part à la police de leurs inquiétudes.
Shari fut contrôlée plusieurs fois, nous devions devenir prudents.
Puis la brigade des moeurs s’intéressa à elle.
En fait, elle était déjà connue de leurs services, mais ils n’avaient encore jamais réussi à la coincer. Ils ne réussirent d’ailleurs jamais parce qu’elle arrêta ses activités immorales à temps.
J’appris tout cela plus tard de la propre bouche de Shari.
Mais sur le moment, j’étais effondré, aurai voulu qu'elle m’emmène, mais cela aurait engendré trop de problèmes, étant encore mineur.
Je la revis en 1978, en voyage l’île Maurice.
Elle m’avait invité à Goodsland, m’offrant le voyage.
Shari avait pris sa retraite, si l'on peut dire, dans l’île où elle travaillait dans un service social et médical et s’occupait des enfants défavorisés.
Shari était devenue chrétienne et avait donné sa vie à Christ lors d’une campagne du célèbre prédicateur, Billy Graham.
Nous avons beaucoup parlé du passé, beaucoup ri en souvenir de notre rencontre. Pleuré aussi lorsqu'elle m'avoua s'être prise à son propre piège et être aussi partie parce qu'elle s’attachait un peu trop à moi, et ça, ce n'était pas possible. Elle, dans sa situation professionnelle, avec un jeune mineur, alors plutôt que me quitter, avec malgré tout, pour elle, la tentation de revenir me voir, me chercher, elle avait préféré s’éloigner.
Bien sûr elle avait pensé à me prendre avec elle, mais un enlèvement, ça va loin pénalement, et elle était suffisamment mûre pour se rendre compte que c’est autre chose que du proxénétisme. Détournement de mineur, c’était déjà assez grave, d’autant qu’il y avait une ou deux histoires du même genre qui venaient d’éclater dans les médias, genre la prof amoureuse de son élève, alors m’enlever en plus !
Elle avait préféré partir loin. Elle en avait souffert, mais maintenant elle avait surmonté sa peine. C'était, selon elle, la meilleure solution, à l'époque.
Nous avons passé un week-end de tendresse et de rire, en souvenir du bon vieux temps.
Elle élevait en mère célibataire, sa petite fille blonde et métisse aux yeux noirs, de six ans, Caroline.
Jules, son frère, qui me l’avait présentée, me déclara, un jour, comme un aveu, que Caroline aurait été ma fille, d’où, la vraie raison du départ de Shari loin de moi.
Je ne me rendis pas vraiment compte du fait, à l'époque, du moins ne
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