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Inaccessible Étoile

Inaccessible Étoile

Titel: Inaccessible Étoile Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Cotard
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la journée.
Le soir, elle s'occupait de toute la maison, la lessive, la nourriture, mon père, etc.
Un travail de titan, je le comprends aujourd'hui, mais enfant, on ne s'en rend pas toujours compte. D'autant que Papa n'était pas toujours d'un caractère facile quand il avait bu, ce qui lui arriva aussi à elle par la suite pour tenir le coup.
C'est en effet là que Maman a commencé à boire. Oh papa n'était pas méchant quand il avait bu, il avait l'alcool nostalgique, elle aussi, mais jamais ne s'en sont pris aux enfants ou n'ont été vulgaires, au point que je n'ai, durant le vivant de Papa, jamais constater qu'ils buvaient, particulièrement, trop parfois.
Rarement, il y avait entre eux un échange de gifles, mais ça n'allait pas au-delà.
Je ne dirais pas que Maman était une femme battue, même si cela me faisait mal quand je les voyais ainsi, rarement encore une fois.
Une femme battue non, d'abord parce que ça s'arrêtait à une gifle, et parce que Maman était une femme qui ne se laissait pas faire sur ce plan.
Je l'ai vu un jour, en plein café, gifler un homme qui parlait mal de Papa. Un homme qui faisait deux fois sa taille, et l'homme n'a pas répliqué. Il n'aurait pas fallu, car, partout, Maman était connue et respectée par tous.
Respectée par sa droiture, sa gentillesse, et son dévouement pour Papa et nous.
Beaucoup même admiraient son courage, à l'usine et avec nous.
Papa et Maman, c'est la plus belle histoire d'amour que j'ai eu l'occasion de connaître, encore aujourd'hui. La plus triste aussi peut être, mais ça, peu l'ont compris, même dans la famille.
Il faut dire que j'ai été le témoin et le plus proche de leur histoire d’amour, avec parfois des tempêtes, c'est vrai, mais surtout un potentiel d'amour infini.
Un jour, Papa a su qu'il avait un cancer à la gorge. Nous étions en 1971.
Papa a très vite su qu'il était condamné par la médecine, comme on dit.
Bientôt, suite aux divers soins et chimio, il a cessé de travailler, étant trop épuisé.
Maman pendant deux ans l'a soigné. Elle faisait ses journées d'usine, et le soir le soignait, lui faisait à manger, faisait le ménage, la lessive, s'occupait de nous le week-end, puisque à Vitry en semaine.
Elle supportait sa mauvaise humeur, ses bons et ses mauvais moments, comme on peut en avoir dans des cas comme le sien, les hauts et les bas de la maladie, l'avance vers la mort avec ses souffrances terribles.
Les interminables visites à l’hôpital de Papa qui faisait de la chimio, qui servait aussi un peu de cobaye aux médecins.
Papa qui ne savait plus manger sur la fin, ayant un trou à la gorge sur le côté droit. Plus manger normalement, plus parler non plus.
Seule, avec tous les frais que cela engageait, avec son maigre salaire à elle, c'était dur, physiquement, moralement.
Combien de fois a-t-elle pleuré en cachette des enfants ? Jusqu'au bout, elle a tout supporté, quelle est cette force qui la tenait debout ?
C’est l'amour qu'elle avait pour son homme et moi. Car tous, hormis moi trop jeune et inconscient, l'avait plus ou moins laissé tomber.
Pourtant, Maman les aimait tous. Moi qui étais là sans rien comprendre de ce qui se passait, insouciant et d'aucune aide, sinon par ma présence le week-end et par mon amour pour eux, amour que je ne savais pas montrer.
Comme je regrette de ne pas leur avoir dit combien je les aimais.
Mais en étais-je seulement conscient ?
Comme dit Daniel Guichard dans sa chanson Mon vieux : À cet âge on ne comprend pas toutes ces choses-là.
Aujourd'hui encore, et je le dirai toujours, car je le sais en mon âme et conscience, le jour ou Papa est mort, il y eu deux décès, Papa et Maman. Papa par son corps, Maman par son âme, son esprit.
Qu'il m'a été difficile de pardonner à ceux qui ont abandonné Maman après l'enterrement.
Ceux qui lui ont même volé son gosse, moi.
Qu'est-ce que cela a été dur, Dieu le sait, de ne pas garder cette rancune.
     
    Moi c'était ma maman ! Je perdais mon papa et ma maman en même temps.
Au moment où elle avait le plus besoin de moi, on m'a retiré de sa garde sur un pseudo conseil de famille. Sous prétexte qu'ils n'étaient pas mariés. Où était-elle cette vertueuse famille lorsque j'avais faim, froid, que j'étais malade, triste ? Est-ce eux qui ont lavé mes vêtements, les ont raccommodés, ont soigné Papa pendant deux ans, après de dures journées en usine ?
Non, il n'y avait que Muguette, ma maman !
Ha bien sûr il y avait

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