Inaccessible Étoile
pas quitter sans perm.
J’ai deux copains surtout, un autre Claude et Larsen. Le premier, Claude, est un intello gay, ce qui ne me dérange pas mais avec qui je peux avoir de longues conversations philosophiques.
Le second, Larsen, est un ancien casseur, enfin disons que c’est l’armée qui a stoppé ses activités de cambriole.
Un soir, Larsen vient me trouver, il a un chantier mais celui qui devait lui servir de partenaire lui a fait faux bond, il me supplie de prendre sa place, pourquoi pas ?
Je reconnais la maison de maître devant laquelle il me conduit, dans la région parisienne, c’est celle d’un caïd de la pègre chez qui, par le passé, j’ai fait une livraison de faux papiers.
Il est hors de question de s’attaquer à cette maison, je garde trop en mémoire l’histoire de ce cambrioleur s’attaquant à la maison d’un des frères Guérini, il a fini au cimetière, bien qu’il ait rendu son larcin.
Larsen veut quand même faire ce casse, mais ce sera alors sans moi. Finalement il devient raisonnable et nous rentrons sagement à la caserne.
Dépité, Larsen se vengera quelques semaines plus tard en informant le bidel (l’adjudant) que j’ai préparé une petite sauterie pour quelques militaires de passage à la base aéronavale de Dugny-Le Bourget. Effectivement, ils sont en transit et ne peuvent sortir de la caserne, je me suis donc chargé de faire venir des filles sur place, chose strictement interdite !
Bien évidemment, les civils se retrouvent éjectés de la caserne et moi, le lendemain, convoqué chez le bidel d’abord, puis par la suite carrément chez l’amiral.
J’ai beau promettre de ne pas recommencer, rien n’y fait, d’autant que Larsen m’accuse de dégradations de matériel dont il est, en réalité, le seul responsable, mais sans preuve de mon innocence et malgré un alibi pour le moment de ces faits-là je suis dégradé et me prend un mois de rab. En effet, on ne peut pas me mettre à la prison militaire, on a besoin de moi au mess, il faut dire aussi que le bidel n’avait que la parole de Larsen pour l’affaire des dégradations.
Au lieu de quitter l’armée en septembre 1977, je la quitterai un mois plus tard.
Je tente pourtant de m’engager, car l’armée me plaît vraiment bien, mais suite à mon passage chez l’amiral, ma demande est rejetée.
Ah si je tenais ce Larsen ! Mais il a été libéré depuis deux mois lui.
J’aurai beaucoup aimé faire carrière dans l’armée, mais ainsi va la vie.
Je réalise que beaucoup de choses ont changé dans mon caractère, dans ma vie, depuis la mort de Malika.
Je ne sais pas vraiment que faire de ma vie, ai peu d’envies, de désirs, juste une envie de fuir, mais fuir quoi ou qui ? Je ne suis pas aigri non, juste désabusé face à une certaine fatalité, et personne dans mon entourage pour me guider.
Parfois je lève les yeux au ciel, mais Papa ne peut pas me répondre malgré que je lui parle, que je l’interroge. Je suis perdu.
Puis, mes dix-huit ans arrivent, dix-huit ans que je fête en buvant une bouteille de whisky cul sec, cela, chez ma soeur Françoise, sur un pari avec Florent, le frère de Jean-Claude.
Après avoir bu cette bouteille, je sors dehors et, l’air frais faisant, je me réveille le lendemain dans ma chambre, il paraît que j’ai été malade toute la nuit, alors pourquoi ?
Peut-être pour fêter ma libération, enfin je suis majeur, peut-être pour ne pas penser à ce qu’a été l’enfance, l’adolescence dont je sors, plus probablement à cause d’un mal-être, d’un mal de vivre.
C’est à ce moment-là que je commence à considérer que mon enfance, mon adolescence, on me les a volées, mais surtout ma petite enfance.
L’armée, ça a été comme une transition, un passage dans le monde adulte, enfin c’est ainsi qu’on l’appelle, mais l’adulte ne fait pas l’homme !
Et maintenant ? Je fais quoi ?
Des nuits, seul, dans une chambre d’hôtel à pleurer sur ma solitude, Dieu sait qu'il y en a dans ma vie. Durant mon enfance et mon adolescence, il y en eut bien plus que je ne veux ou peux l'avouer, alors, je me mets à virevolter, papillonner comme je l'avais fait avant Malika.
Je cherche à oublier, ne plus penser, ne plus revoir ce film dans ma tête où nous étions heureux, ensemble.
Vivre vite ! Ça ne m'apporte que des moments artificiels de joies, de plaisirs temporaires qui tous finissent par s’éteindre.
Moments qui me laissent seul au matin dans des chambres
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