Inaccessible Étoile
tout temps, le parcours du combattant chaque jour, mais j’aime ça.
Je me fais vite des copains, surtout à partir du moment où je montre à un ou deux bleus, comme moi, que je ne suis pas du genre à me laisser emmerder.
À la fin des classes, je suis envoyé à Lorient dans le Morbihan, à l'école des fusiliers-marins commandos.
J’adore cette ambiance où on se lève avant le soleil pour aller parcourir une cinquantaine de km, quand ce n’est pas plus, avec un sac à dos de 25 kg minimum, qu’il pleuve ou qu’il vente.
J’aime le parcours du combattant à côté duquel celui de Hourtin était un bac à sable pour bambins en couches-culottes. L’ambiance est bonne et nous apprenons à manipuler toutes sortes d’armes, à faire face à toutes sortes de situations probables en temps de guerre.
Il y en a bien un de ma chambrée qui fait une tentative de suicide, un autre qui a l'oeil esquinté par un éclat de grenade, mais comme ils ont droit à 10 % de perte…
En fait, la plupart de ceux qui ont choisi cette arme savent plus ou moins à quoi s’attendre, pas comme à Hourtin où j’ai croisé des types complètement paumés hors des jupes de maman. À Lorient, ils savent ou ils l’apprennent très vite avec les paras commandos qui eux, sont engagés volontaires, avec les légionnaires qui passent de temps à autre sur la base.
Pour ma part, je suis devenu assez fêlé et me débrouille assez bien pour faire partie de ceux qui ont le choix de leur futur orientation et casernement.
Je ne trouve pas le moyen de me faire remarquer, pas plus qu'un autre, il n’y a aucune raison, c'est pour moi quasiment des vacances.
Enfin, mon affectation est à Paris, la caserne de La Pépinière, près de la Gare Saint-Lazare.
Je réalise alors une stupidité. Pouvant demander l’affectation de mon choix, je fais partie des prioritaires, par mes points obtenus et parce que je suis considéré comme orphelin (j’ai un peu menti, quoique…) je demande Paris au lieu de demander d’être embarqué sur un bateau et de voir des pays que je n’aurais probablement plus l’occasion de voir.
Quel bonheur ça aurait été de partir au loin, sur un navire qui m’emmènerait au-delà des mers !
Je ne sais même pas pourquoi j’ai demandé Paris, là où plus rien ne me retient, plus rien ne m’attire.
À la caserne de La pépinière, je me fais assez vite remarquer par mes frasques.
Étant affecté au foyer, je commence, grâce à ma connaissance de Paris, à trafiquer avec les jeunes bleus, qui viennent de province et qui eux, ne connaissaient rien dans Paris, je leur sers donc de guide. Le foyer, avec moi, devient vite le repaire des bons vivants et des libertins, le guide du Paris by night. Je touche un pourcentage par certaines dames pour leur apporter une clientèle de jeunes puceaux militaires notamment.
Malheureusement, ma notoriété de guide pour les meilleurs coins de Paris, fournissant au besoin le personnel féminin sur place, fait vite le tour de la caserne et arrive aux oreilles du commandant. Je suis renvoyé de La pépinière, et suis muté dans une autre base, à Dugny-Le Bourget, base aéronavale.
Je trouve à l'armée une discipline et un style de vie qui me conviennent parfaitement, même si à côté de ça je n’arrête pas de jouer les guides, un guide de la débauche parisienne, et je touche ma commission un peu partout, tant du côté des hôtesses de la place Pigalle que des portiers de clubs libertins. Alors que, pour la plupart de ces jeunes, l’armée est une galère et auxquels j’apporte du réconfort, pour moi c’est un lieu de retraite.
Je peux réfléchir et me reposer, c'est un lieu qui canalise un peu aussi l’instinct désabusé qui est en moi.
Mes activités inter armée m’ont fait perdre beaucoup d’illusions sur la gent humaine, tant féminine que masculine.
À la base aéronavale de Dugny-Le Bourget, l’ambiance est tout autre heureusement, plus calme et plus sereine. Là, je suis employé au mess des officiers et du personnel navigant.
Toujours le lever à l’aube pour un footing, puis la douche et prendre mon service pour le petit déjeuner des matafs. Je ne fais jamais de garde vu que je suis de service matin, midi et soir, entre deux services, je suis libre de faire ce que bon me semble et vaquer à mes petites affaires personnelles.
Mes petites affaires personnelles, c’est le tarot avec les copains, la belote aussi, traîner sur la base que je ne peux malgré tout
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