Indomptable
en
acquiesçant. Dominic est l’homme le plus féroce que j’aie
jamais vu pendant un combat, car il considère que la guerre
est un manque d’intelligence qu’il faut taillader aussi vite
que possible. Il est toujours beaucoup plus utile d’être en
paix, voyez-vous.
— Non, je ne vois pas.
— Moi non plus, admit Simon.
Les deux hommes se regardèrent et se mirent à rire.
Dominic se retourna au son de l’éclat de rire masculin. Il
vit Duncan et Simon et secoua la tête.
— Que se passe-t-il ? demanda Meg.
— Mon frère et le Fléau Écossais.
Meg le regarda, perplexe.
— Ils rient ensemble comme des amis, expliqua
Dominic. Pourtant, ils étaient à un doigt de se tuer l’un
l’autre dans l’église.
— Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils rient. Ils
sont vivants, et c’est le printemps. De plus, un banquet
attend dans le grand hall. Que pourraient-ils attendre de
plus de la vie en ce moment ?
Des yeux gris se concentrèrent sur Meg. Doucement,
Dominic hocha la tête alors qu’il réfléchissait à ce qu’elle
avait dit.
— Vous êtes très sage, pour une jeune femme.
Elle lui adressa un regard vert et dit d’un air
pince-sans-rire :
— Plus sage que beaucoup d’hommes, je vous l’assure.
Un coin de la bouche de Dominic se releva en un
sourire.
— Je m’en souviendrai.
112
INDOMPTABLE
Dominic et Meg poursuivirent leur chemin dans la cour
parmi la foule de vassaux, progressant lentement. Il sem-
blait que chaque locataire, paysan, propriétaire foncier et
serf voulait s’assurer en personne du bien-être de Meg.
Eadith attendait plutôt impatiemment aux confins de la
cohue, désirant manifestement atteindre sa maîtresse.
— Qu’y a-t-il, Eadith ? finit par demander Meg. Venez
par ici.
Les vassaux se séparèrent pour laisser passer la ser-
vante. La lumière du jour ne convenait pas aussi bien à ses
vêtements qu’à ceux de Meg. La pauvreté d’Eadith, et celle
du château de Blackthorne lui-même, se voyait clairement à
son manteau usé jusqu’à la corde car trop porté.
— Lord John ressent vivement les tensions de la
journée, dit Eadith. Il aimerait porter le toast pour les noces
rapidement.
Meg ferma les yeux pendant un instant. Elle appréhen-
dait d’avoir à faire face à John.
Dominic remarqua la réticence de Meg. Il posa son bras
autour de sa taille sous son manteau. La chaleur et la fer-
meté de son corps sous le tissu argenté projetèrent un éclair
de feu en lui.
— Dites à John, dit Dominic, que nous le rejoindrons
d’ici peu.
Surprise, Eadith regarda Dominic. Son expression lui fit
comprendre qu’il valait mieux qu’elle s’habitue à recevoir
ses ordres. Elle hocha la tête précipitamment et traversa
péniblement la foule. L’orange pâle de sa robe et le chatoie-
ment de ses longs cheveux blonds contrastaient nettement
avec les pierres humides du château tandis qu’elle grimpait
l’escalier pour rejoindre l’avant-corps.
113
ELIZABETH LOWELL
Dominic plongea dans les yeux ombragés de Meg et
devina la raison de son malaise.
— Vous êtes ma femme. Je protège ce qui est mien. Les
ambitions de votre père ne vous importuneront plus.
De longs cils auburn s’abaissèrent un instant, cachant
les yeux de Meg. Elle se demandait si Dominic continue-
rait à vouloir la protéger de la même manière lorsqu’il
comprendrait qu’il avait été piégé dans une union avec une
Druide de la Vallée à la fertilité douteuse.
— Mais n’essayez pas de me décevoir à nouveau comme
vous l’avez fait dans la fauconnerie, ajouta-t-il froidement.
Nul ne peut me duper deux fois.
— Vous m’avez surprise. Je n’étais pas habillée décem-
ment pour faire la connaissance de mon futur époux. Et
puis, mon père avait interdit que nous nous rencontrions
avant le mariage lui-même.
Meg ne regardait pas Dominic, néanmoins elle pou-
vait sentir qu’il pesait ses mots avec autant de soin qu’un
meunier pèse les graines de blé qu’il doit enterrer dans le
sol. L’inquiétude se répandit en elle. Il était un homme très
puissant ; s’il choisissait de la battre, elle ne pourrait rien
y faire, il n’y aurait aucun endroit où fuir. Elle se trouvait
dans la même situation que sa mère.
Piégée.
Au bout d’un moment, Meg posa sa main sur le bras de
Dominic et leva les yeux, maîtrisant ses émotions une nou-
velle fois. Son but le plus important avait
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