Indomptable
Margaret n’est pas venue nous trouver.
— Bon sang, je ne suis pas complètement stupide !
Quand Meggie nous a-t-elle trahis ?
— Vous l’avez appris en même temps que nous, rétorqua
Simon. En ce qui concerne la trahison, la seule qui ait eu
lieu aujourd’hui est venue de John. Et de vous, bien sûr.
— Je suis un comte écossais, répondit Duncan avec froi-
deur. Je ne plie le genou devant personne si ce n’est mon
propre roi. Henri n’est pas ce roi !
— N’êtes-vous pas reconnaissant que votre vie ait été
épargnée ?
— Elle a été épargnée pour les objectifs de Lord
Dominic, pas les miens.
Simon haussa les épaules.
— Bien sûr. Il a fait cadeau de votre vie à Lady Margaret.
J’espère qu’il n’aura pas à regretter sa générosité.
Pendant un instant, Duncan jaugea le frère de l’homme
qui avait causé sa défaite aussi facilement. Duncan avait
rencontré des hommes tels que Simon et Dominic en Terre
Sainte, des chevaliers qui avaient peu de choses à apporter à
la vie, si ce n’est leur sagesse et leur bravoure.
Duncan était lui-même un homme de cette trempe.
« La prochaine fois, utilise plutôt l’intelligence que la
bravoure », se conseilla Duncan d’un ton sarcastique.
« Dominic l’a fait, et vois ce que cela lui a rapporté : la main
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ELIZABETH LOWELL
de Meggie et tout le château de Blackthorne comme
domaine. »
— Ai-je la permission de voir Lord John ? demanda
Duncan.
— Dominic n’empêcherait pas un fils de voir son père
mourant.
Duncan le regarda, les yeux plissés.
— Écoutez-vous souvent les ragots d’arrière-cuisine ?
— Énormément, lui assura joyeusement Simon. Cela
permet d’éviter les mauvaises surprises. Vous devriez
d’ailleurs être reconnaissant que Dominic les écoute, lui
aussi.
— Pourquoi ? demanda sèchement Duncan. Cela m’a
fait perdre le château de Blackthorne.
— Non. Dominic avait élaboré ses plans pour le mariage
bien avant que nous ne prenions la route en direction du
château.
Les yeux de Duncan s’arrondirent, et il ne chercha pas à
dissimuler sa surprise.
— Comment a-t-il su ?
— Il ne le savait pas. Il savait simplement que s’il devait
rencontrer des problèmes, l’endroit que l’on suspecterait le
moins serait l’église elle-même. C’est pour cela qu’il s’est
renseigné sur les parents du prêtre. Il a cherché à savoir si
ses frères étaient des vassaux de John, si ses sœurs étaient
mariées à des Saxons ou à des Normands, si Lord John avait
payé son éducation au sein de l’église. Nous avons rapide-
ment découvert que le prêtre était bien plus redevable aux
Saxons et aux Écossais qu’au roi Henri.
Duncan se tourna et fixa ouvertement Simon.
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INDOMPTABLE
— Ensuite, poursuivit Simon que cela amusait, nous
avons entendu parler du bâtard de John, un chevalier coura-
geux et irascible, un bon guerrier connu sous le nom de
« Fléau Écossais », et un homme qui avait été fiancé à la
propre fille de John jusqu’à ce que le roi presse l’Église de
refuser l’union. Toutefois, l’Église fut vraiment réticente.
C’est révoltant de voir ce que certains hommes de Dieu font
en Son nom.
— Amen, dit Duncan.
Et il le pensait. Certaines des choses qu’il avait vues
accomplies par des hommes de Dieu à d’autres hommes de
Dieu durant la Guerre Sainte le hanteraient jusqu’à la fin
de ses jours.
— Je soupçonne, dit doucement Simon, que ce soit à cet
instant que Dominic ait décidé de tuer John. L’idée qu’un
homme puisse marier son fils illégitime à sa propre fille a
rendu mon frère malade. Dominic n’en pensait pas moins
de l’ambitieux bâtard qui allait se marier avec sa propre
demi-sœur. Une fois les faits divulgués, le roi Henri n’oppo-
serait aucune objection aux pendaisons.
Un léger sifflement se faufila entre les dents de Duncan
quand il comprit qu’il était encore très proche de la mort.
— Meggie n’est pas ma sœur.
Ce fut au tour de Simon d’être surpris. Et soulagé. Il
admirait l’audace et le courage du Fléau Écossais. En d’autres
circonstances, ils auraient pu devenir amis.
— Cela me fait plaisir de l’entendre, dit simplement
Simon.
— Faites en sorte que votre frère l’entende également.
Simon regarda attentivement Duncan et sourit
légèrement.
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— Vous commencez à comprendre, dit Simon tout
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