Indomptable
sauvagement Dominic. Comment alliez-
vous les empêcher de taillader une traîtresse pour se venger
de mon meurtre ?
Duncan pâlit de façon visible.
— Meggie, protesta-t-il. Cela ne se serait pas passé de
cette manière. Je vous aurais protégée !
— Pourquoi ? La mort aurait été une bénédiction.
Il fallut un certain temps avant que les paroles amères
de Meg ne pénètrent la colère des deux hommes. Lorsque ce
fut le cas, ils la dévisagèrent.
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ELIZABETH LOWELL
— Que dites-vous ? murmura Duncan, horrifié.
— John a voulu m’utiliser afin de déclarer la guerre aux
Normands depuis que j’ai l’âge de huit ans, dit Meg. S’il
avait réussi, je n’aurais pu supporter de savoir que j’avais été
la cause de la souffrance de mon peuple. J’aurais accueilli le
souffle mettant fin à ma vie avec soulagement.
— Vous ne pouvez dire cela, Meggie.
— Je le peux. Je le dis.
Dominic ne doutait pas que Meg ait réellement pensé
chaque mot. Il avait vu les flammes vertes du printemps
brûler dans ses yeux et il avait senti l’espoir fou que les gens
du château de Blackthorne plaçaient en elle. Vivre sous le
poids de cette attente, et ensuite décevoir la confiance des
gens, l’aurait détruite.
Perturbé par les mots de Meg, Duncan passa sa main
immense dans ses cheveux châtains, totalement incapable
de prononcer un mot. Lorsqu’elle remarqua sa détresse, elle
soupira et toucha son bras d’une main douce.
— Je vous crois quand vous dites que vous ne vouliez
pas me faire du mal, dit-elle.
— Merci, dit Duncan d’une voix basse et tendue. Je…
Il secoua la tête et posa sa main sur la sienne.
— Je n’aurais pas voulu vous perdre, Meggie. Je n’ai
jamais eu l’intention de vous faire courir de risques.
— Je ne vous blâme pas, dit-elle avec un faible sourire.
Vous êtes seulement un homme. Vous faites ce que les
hommes ont toujours fait.
— Qu’est-ce que les hommes ont toujours fait ? demanda
froidement Dominic, ôtant la main de Meg du bras du Fléau
Écossais.
— Chercher un domaine et des fils, dit-elle.
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INDOMPTABLE
Dominic haussa les épaules.
— Cela revient à dire que le soleil se lève et se couche.
— Oui.
Curieusement, la réponse de Meg ne plut pas à Dominic.
Il n’appréciait pas être placé dans la même catégorie que
John, un homme qui avait offensé l’Église et le roi, de la
même manière, par sa volonté de faire hériter son bâtard du
château de Blackthorne.
— Certaines choses ne sont pas dignes même d’hommes
ambitieux, dit Dominic.
— Vraiment ? rétorqua Meg. Nommez-m’en une seule.
— Épargnez-moi le bord tranchant de votre langue,
femme. Je n’ai rien fait pour mériter cela, sauf accorder ma
clémence aux hommes qui ont voulu m’assassiner.
Meg baissa les cils, se cachant du regard gris glacial de
Dominic.
— Mes excuses, cher époux. Je crains que les événe-
ments de la journée ne m’aient perturbée. Je ne vous place-
rais en aucun cas au même niveau que de simples mortels.
— Vos excuses sont encore plus âpres que vos insultes.
Duncan ricana, appréciant l’embarras de Dominic. Les
lèvres de Meg imprimèrent un sourire qu’elle parvint à
peine à refouler.
— Si vous voulez bien m’excuser, dit Duncan à Dominic.
Je vous laisse vous familiariser avec votre nouvelle épouse.
— Je ne pense pas, dit instantanément Dominic.
Ébahi, Duncan se retourna.
— Vous entrerez dans le grand hall à nos côtés, pour-
suivit Dominic. Ainsi, tous les hommes pourront voir que
vous n’êtes pas contraint par un couteau tenu entre vos
cuisses.
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ELIZABETH LOWELL
Meg émit un bruit d’étonnement et fixa Duncan. Du
rouge colorait ses joues. Il paraissait mal à l’aise face à ce
souvenir.
— Donnez-lui le bras, dit-il à Meg. Et ensuite, ne le tou-
chez plus jamais devant moi.
La violence contenue dans la voix de Dominic poussa
Meg à se retourner rapidement pour le regarder. Ce qu’elle
vit dans ses yeux la fit tressaillir. Sans un mot, elle posa le
bout des doigts sur le bras de Duncan.
Pas un mot ne fut prononcé jusqu’à ce que les trois aient
franchi le seuil du grand hall, où des feux étaient allumés et
des tapisseries resplendissaient dans des tons chauds le
long du mur. Des assiettes et des coupes en argent brillaient
de toutes parts sur les tables à tréteaux. Les Saxons et les
Normands étaient répartis avec
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