Indomptable
préparées immédiatement sous peine de n’être plus
utilisables, elle se battit avec une furie pour le moins éton-
nante, car silencieuse.
La torche s’inclina et s’arqua frénétiquement tandis
que Dominic tentait de maîtriser Meg d’une seule main.
Les flammes maussades s’approchaient d’une manière stu-
péfiante de ses yeux, de ses cheveux, de ses joues. Elle ne
s’en rendait pas compte. Son foulard de tête et son bandeau
tombèrent, laissant ses cheveux tomber sauvagement en
cascade.
— Bon sang, siffla Dominic. Petite idiote, vous allez
finir par vous brûler.
Meg ne semblait pas entendre. La flamme de la torche
oscilla le long de son poignet découvert alors qu’elle essayait
désespérément d’agripper le visage de Dominic.
Poussant un juron féroce, il lâcha la torche et l’ensevelit
sous ses pieds.
Une fois les deux mains libres, Dominic mit rapidement
fin à la lutte. Avant que Meg n’ait pu se rendre compte de ce
qui s’était passé, il l’avait plaquée au mur, les poignets blo-
qués au-dessus de sa tête dans une des mains de Dominic,
le menton dans son autre main, et les genoux calés entre les
siens. Peu importe l’intensité avec laquelle elle se débattait,
elle ne pouvait rien faire d’autre que respirer.
231
ELIZABETH LOWELL
Dominic fixa le visage affolé de son épouse et se
demanda ce qui l’avait possédée au point de vouloir l’atta-
quer. Quand il avait insisté pour qu’elle lui obéisse, il s’était
attendu à ce que Meg discute ou l’implore, ou peut-être
qu’elle traîne les pieds, ou encore qu’elle boude le long des
couloirs du château. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle s’en
prenne à lui comme un chat sauvage acculé.
Petit à petit, la furie de Meg faiblit. Elle le regardait avec
des yeux féroces tandis qu’elle se débattait afin de pouvoir
faire entrer de l’air dans ses poumons malgré le poids de
son corps qui la comprimait contre le mur.
— Avez-vous fini ? demanda Dominic d’une voix polie
et acerbe.
Meg hocha la tête.
— Dans ce cas, nous allons nous rendre à vos appar-
tements et…
Dominic s’interrompit lorsqu’il sentit, à nouveau, la ten-
sion monter en Meg.
— Si je vous relâche, vous allez recommencer à vous
battre avec moi, n’est-ce pas ?
Meg ne répondit rien. C’était inutile. La tension féroce
de son corps parlait pour elle-même.
Perplexe, Dominic observa son épouse à la lumière des
bougies parfumées qui se consumaient dans l’herboristerie.
Meg était clairement vaincue dans ce concours de force, et
elle en avait totalement conscience, tout comme lui. Il était
tout aussi évident qu’elle continuerait à se battre s’il relâ-
chait son emprise.
Il y eut un long silence empreint de rage pendant
lequel Dominic étudia les yeux verts vigilants de Meg. Tout
à coup, il se souvint de ce qui avait engendré le conflit.
232
INDOMPTABLE
— Étiez-vous, par hasard, en train de préparer les
feuilles que vous avez récoltées ce matin ? demanda
Dominic avec curiosité.
— Oui, murmura-t-elle.
Ensuite, dans une avalanche de mots pleins d’espoir :
— S’il vous plaît, laissez-moi terminer. C’est plus impor-
tant que vous ne le pensez. Il faut que je les prépare avant
qu’elles ne perdent leur puissance.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas, admit Meg. Je sais simplement qu’il
faut que je le fasse, ou bien quelque chose d’affreux arrivera
au château de Blackthorne.
Dominic pencha la tête comme s’il écoutait une voix
intérieure. Ce qu’il entendit fut le faible ruissellement qui
s’écoulait lentement à proximité. Il se tourna et aperçut le
bol argenté suspendu au-dessus du récipient en ébène. L’eau
ruisselait à une vitesse calculée.
— Est-ce un problème qui relève des Druides de la
Vallée ? demanda-t-il en se retournant vers son épouse qui
se révélait être, pour lui, une énigme grandissante d’heure
en heure.
— Oui.
— Gwyn a mentionné un danger, ce matin. Quelque
chose qu’elle sentait. Elle a dit que vous l’aviez probable-
ment ressenti, vous aussi.
Meg hocha la tête énergiquement.
— Quel danger ? demanda-t-il.
— Je ne sais pas.
Dominic grogna.
233
ELIZABETH LOWELL
— Il me semble que vous ne savez pas grand-chose, ma
sorcière des Druides de la Vallée. Ou bien peut-être ne
voulez-vous rien me dire ?
— Je… j’ai rêvé, dit-elle tout bas. Il y
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