Indomptable

jeune femme, vous superviserez la cuisine
    ainsi que l’arrière-cuisine.
    Le choc s’imprima sur le visage d’Eadith.
    — Est-ce là ce que Meg a demandé que je fasse ?
    — Comment le saurais-je ? demanda Dominic d’une
    voix doucereuse. Je la perds constamment de vue, comme
    vous l’avez si bien fait remarquer. Toutefois, peu importe ce
    que ma femme a dit ou n’a pas dit. Lorsqu’il s’agit du châ-
    teau, je suis le chef absolu.
    Les joues d’Eadith devinrent aussi blanches que du sel.
    Des larmes apparurent dans ses yeux.
    — J’ai outrepassé les limites, monsieur. Pardonnez-moi.
    Ces derniers jours ont été bouleversants, dit-elle à toute
    vitesse, avec la mort de Lord John, le mariage, le bannisse-
    ment de Duncan et le fait de voir des Normands circuler
    librement où…
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    ELIZABETH LOWELL
    La voix d’Eadith s’éteignit au moment où elle saisit ce
    qu’elle venait de dire.
    — Avoir un seigneur normand est difficile pour vous,
    dit posément Dominic, puisque votre père a été tué par les
    Normands.
    — Oui, monsieur, murmura-t-elle. Mes frères et mon
    mari, également.
    Les doigts d’Eadith jouèrent avec la broche en or que
    Dominic lui avait offerte.
    — La guerre est terminée, dit-il d’un ton catégorique. Si
    vous désirez continuer cette guerre, il faudra que vous vous
    trouviez un autre château.
    Avec un cri de détresse, Eadith s’agenouilla et saisit la
    main de Dominic.
    — Non, je vous en prie. Permettez-moi de rester
    jusqu’à…
    Elle s’interrompit.
    — Jusqu’à ? s’enquit Dominic.
    — Je n’ai pas d’autre maison. Je n’en veux pas d’autre. Je
    vous en prie, monsieur. Permettez-moi de rester. Je vous
    prouverai que je le mérite, de la manière qui vous plaira.
    Dominic avait la furieuse envie de soustraire sa main
    aux baisers d’Eadith, car son intention était plutôt un geste
    de séduction que de conciliation. Cependant, Dominic ne se
    détacha pas, car il avait appris que les gestes impulsifs
    n’aidaient pas à mettre de l’ordre dans sa vie.
    — Comme il me plaira ? répéta-t-il d’une voix douce.
    — Oui, répondit-elle sans le regarder.
    — Dans ce cas, levez-vous et dites-moi quels sont les
    endroits où mon épouse aime se rendre.
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    INDOMPTABLE
    Eadith resta à genoux, pressant la main de Dominic
    contre sa poitrine généreuse.
    — Le jardin, dit-elle, les fauconneries, le…
    — À l’intérieur du château, l’interrompit Dominic, libé-
    rant sa main avec un dégoût difficilement dissimulé.
    — L’herboristerie, la chapelle et la salle de bain, dit
    Eadith.
    Ensuite, elle ajouta :
    — Duncan et elle appréciaient particulièrement la salle
    de bain. C’est un endroit tranquille, et le savon de la maî-
    tresse est aussi doux que le duvet d’un cygne.
    Ensuite, Eadith capta le regard de Dominic et comprit
    qu’elle n’avait pas réussi à attendrir le nouveau seigneur.
    — Je suis désolée, monsieur, dit-elle précipitamment.
    Tout cela était tout à fait innocent, j’en suis certaine.
    — Va à la chapelle, dit Dominic à Simon entre ses dents.
    Emmène Eadith avec toi.
    Avant que l’un d’eux ne puisse contester, Dominic
    tourna les talons et quitta la garnison. Les escaliers qui
    menaient à l’herboristerie étaient sombres et froids, car ils
    se trouvaient à l’arrière du château. À cet endroit, le bâti-
    ment fusionnait avec le sommet rocheux de la colline. Il
    décrocha une torche et la tint devant la bougie que l’on
    maintenait allumée à l’entrée des sous-sols du château. La
    torche s’enflamma et diffusa une sombre lueur orangée qui
    révélait la construction négligée.
    L’air était froid, humide et riche des senteurs du garde-
    manger et des herbes aromatiques. Dominic parcourut rapi-
    dement le couloir en tentant de maîtriser la rage qu’il
    ressentait en imaginant les jeux sensuels de Meg et Duncan
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    ELIZABETH LOWELL
    dans la salle de bain. Il se dit que ce qu’elle avait fait avant
    de devenir son épouse importait peu.
    Il n’en croyait pas un seul mot.
    Dominic prit conscience d’un fait, au point de lui faire
    oublier sa colère. Meg avait été fiancée à Duncan. Le roi
    avait refusé ce mariage ainsi que tous ceux que John avait
    proposés. Sachant cela, il était tout à fait naturel qu’elle ait
    cherché du plaisir, comme elle le pouvait, auprès de
    l’homme pour qui elle avait de « l’affection ».
    Dominic n’était pas, lui non plus,