Indomptable
féminin taquin.
Au moment où Dominic et Simon atteignirent le haut de
l’escalier de la tour et émergèrent dans la garnison, la pre-
mière chose qu’ils aperçurent fut Eadith qui se tenait très
proche de Thomas le Puissant. Juste derrière elle se trouvait
Marie. Les deux femmes semblaient vouloir captiver les
yeux libidineux du chevalier — ainsi que ses mains.
— Peut-être aurais-tu pu limiter les coûts avec Marie,
ainsi qu’avec son acolyte, dit Simon.
Dominic répondit simplement :
— Dorénavant, Marie travaillera comme couturière.
— Et Eadith ?
— Certaines femmes sont nées pour devenir des catins.
Thomas entendit Dominic approcher avant les deux
femmes. Il se tourna, vit le visage de son seigneur et com-
prit qu’il allait avoir des ennuis.
— Sir Thomas, dit Dominic sans préambule, l’armu-
rerie n’est qu’un tas de ferraille rouillée. Lorsque vous ne
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INDOMPTABLE
serez pas en train d’exercer les hommes à sauter en selle et à
manier le glaive d’une seule main, vous superviserez le net-
toyage minutieux de l’armurerie.
— Oui, monsieur, dit Thomas d’un ton peu enthou-
siaste tout en ôtant sa main dodue de la hanche d’Eadith.
Quand devrai-je commencer ?
— Maintenant. Dressez une liste de tout ce dont vous
aurez besoin et présentez-la-moi demain matin.
— Bien, monsieur.
Thomas rattacha son manteau qui s’était défait sous les
doigts experts de Marie, fit un clin d’œil aux deux femmes
et se retira.
— Marie, dit Dominic.
La femme aux cheveux sombres le regarda avec des
yeux aussi noirs que ceux de Simon. Elle ne put dissimuler
à Dominic l’espoir qu’il éveillait en elle lorsqu’elle s’avança
gracieusement vers lui.
— Oui, monsieur ? Désirez-vous enfin quelque chose de
votre loyale Marie ?
— Vous êtes très douée pour la confection de vête-
ments. Vous veillerez à combler la pénurie de vêtements
dans la garde-robe de mon épouse. Je vous autorise à pio-
cher comme bon vous semble dans les soieries que j’ai rame-
nées de Jérusalem. Il y a également les tissus ramenés de
Normandie et de Londres. Si vous manquez de quoi que ce
soit, venez me voir immédiatement.
La bouche pulpeuse de Marie se contracta, cependant,
tout ce qu’elle dit fut :
— Oui, monsieur.
— Vous n’aurez pas beaucoup à faire, dit Eadith à Marie
lorsque la femme normande se tourna pour s’en aller. Lady
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ELIZABETH LOWELL
Margaret ne se soucie que de son herboristerie et de ses
jardins.
— Marie, dit Dominic.
Il n’avait pas élevé la voix, mais Marie s’arrêta au
moment où elle allait se détourner de lui.
— Utilisez vos petites mains habiles pour coudre, et je
vous récompenserai avec de la soie pour vous-même, dit
Dominic.
Marie sourit de plaisir et dit :
— Il n’y a pas de soie plus douce que la bouche de mon
seigneur sur mon corps.
Il éclata de rire.
— Allez-y, jeune femme.
Le regard que lança Marie à Dominic était plein de sou-
venirs. Elle se pencha vers lui et parla tout bas, mais pas
suffisamment pour que les autres ne puissent l’entendre.
— Lorsque vous serez fatigué de votre épouse-
jardinière, venez donc me voir. Mon corps aura le parfum
de la passion plutôt que de la saleté. Et si mon odeur ne vous
plaît pas, vous pourrez me baigner de la vôtre.
— Partez, dit Dominic.
Toutefois, sa voix n’était pas sévère.
Souriant légèrement, il observa Marie quitter la gar-
nison. Le fin tissu de laine de sa cotte épousait son corps,
révélant les courbes féminines et mûres. À chacun de ses
pas, ses hanches dansaient en une invitation silencieuse et
manifeste.
— À votre tour, dit Dominic en se tournant vers Eadith.
Où se trouve votre maîtresse ?
— Je ne sais pas, monsieur, répondit Eadith avec insou-
ciance. L’avez-vous perdue une fois de plus si rapidement ?
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INDOMPTABLE
Simon grimaça devant l’inconscience de la jeune femme.
Ce n’était pas parce que Dominic voulait bien traiter les
gens que cela signifiait qu’on pouvait prendre ses propos à
la légère.
— Avez-vous de la famille ? demanda poliment
Dominic.
— Au château de Blackthorne ?
— Oui.
Eadith secoua la tête.
— Ressentez-vous l’envie de rejoindre un monastère ?
demanda-t-il.
— Non, répondit-elle, surprise.
— Dans ce cas, je suppose que je devrai continuer à
payer votre pension par pure charité chrétienne.
Dorénavant,
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