Indomptable
murmura-t-il, se protégeant les yeux. Je
n’ai pas vu de lumière aussi aveuglante depuis Jérusalem.
Simon lança à son frère un regard étrange.
— Tu dois avoir bu trop de bière. La lumière est la
même que tous les autres jours nuageux dans le Cumbriland.
Lorsque Dominic ferma les yeux pour se protéger de la
lumière douloureuse, il fut pris de vertige et d’une langueur
étrange, lui ôtant toute force. Il se rendit compte vaguement
que ses forces le quittaient à chacun de ses battements de
cœur. Faire un pas était pénible.
Il trébucha et peina à se redresser.
280
INDOMPTABLE
— Dominic ? l’appela Simon, incrédule. Te sens-tu
bien ?
— Non, répondit Dominic d’une voix pâteuse.
Tentant de dissiper l’exaspérante lenteur de ses pensées
et de sa langue, il secoua nerveusement la tête.
Au lieu de l’aider, le mouvement intensifia le vertige.
— Simon, je…
Cette fois, ce furent uniquement les bras puissants de
son frère qui empêchèrent Dominic de tomber à genoux.
— Est-ce ton crâne ? demanda Simon dans l’urgence.
T’ai-je frappé trop fort ?
Dominic secoua la tête. C’était une erreur. Il émit un
grognement et s’affaissa contre son frère.
— Peux-tu marcher ? demanda Simon.
— Oui… répondit Dominic d’une voix rauque.
— Alors fais-le, ordonna Simon. Maintenant.
Avec un effort surhumain, Dominic se força à marcher
en direction des destriers qui se trouvaient à trente mètres
de la cour de la chaumière. Monter à dos de Crusader fut
presque impossible, mais il y parvint finalement avec l’aide
puissante de Simon.
Une fois en selle, Dominic chancela comme s’il se trou-
vait sur le pont d’un bateau en pleine tempête plutôt que sur
le dos d’un cheval immobile. Alors que Simon l’observait
avec une peur grandissante, le pied gauche de son frère
glissa de l’étrier.
Dominic perdait rapidement ses facultés. Il n’était plus
capable de parcourir à cheval la petite distance qui les sépa-
rait du château.
— Attends, Crusader, ordonna Simon alors qu’il attra-
pait l’unique rêne de l’étalon.
281
ELIZABETH LOWELL
Sans manières, Simon sauta derrière son frère. Les
oreilles de Crusader s’aplatirent à moitié sous la double
charge, néanmoins, l’étalon ne protesta pas davantage. Tous
les chevaux de combat étaient entraînés pour accepter deux
et même trois cavaliers si nécessaire, puisque les survivants
emmenaient leurs amis blessés même dans le feu de la
bataille. Dominic avait un jour emmené Simon en sécurité
sur le dos de Crusader.
— Tiens-toi, dit Simon.
— Attends, marmonna Dominic. Meg.
Il avait si peu articulé ces mots qu’il fallut un moment à
Simon pour les comprendre. Lorsque ce fut le cas, ses lèvres
se pincèrent en une mine hargneuse.
— Je m’occuperai de la sorcière plus tard, dit Simon.
— Pas… en sécurité.
Ignorant son frère, Simon guida rapidement Crusader
en direction du château. Au bout de trois pas, le destrier
frappait le sol au petit galop.
Un sifflement strident ordonna au cheval bien entraîné
de Simon de les suivre au petit galop.
— Meg , répéta Dominic avec insistance.
— Au bûcher, la sorcière ! vociféra Simon. Maintenant,
tu sais pourquoi il était important pour elle d’aller dans la
clairière ensorcelée cueillir des feuilles.
— Meg… ? grogna Dominic.
— Oui, mon frère. Meg. D’une manière ou d’une autre,
la sorcière diabolique t’a empoisonné.
Les éperons de Simon piquèrent Crusader pour le
pousser au grand galop.
Quand ils arrivèrent au château, Dominic gisait dans
un sommeil anormal.
282
c 17
— Que voulez-vous dire ? Pourquoi ne puis-je entrer ?
demanda Meg. C’est mon époux !
— Oui, répondit amèrement Simon. Un époux dont
vous ne vouliez pas. Vous avez usé de vos pouvoirs diaboli-
ques pour vaincre Dominic.
— Ce n’est pas vrai !
Les clochettes en or chantèrent aux mouvements de vio-
lence contenue de Meg alors qu’elle pivotait rapidement
pour contourner Simon. Il bougea très vite pour l’empêcher
d’entrer dans les appartements de Dominic. Elle fit sem-
blant de se diriger de l’autre côté et se précipita en avant.
Des gants en mailles se refermèrent douloureusement sur
ses poignets. L’anse du panier qu’elle portait lui coupa la
paume de la main.
— Ne mettez pas ma patience à l’épreuve, sorcière,
invectiva sauvagement
Weitere Kostenlose Bücher