Jack Nicholson

l’activisme militant croissant des sixties mais embrassèrent l’atmosphère d’insouciance générale de l’époque, Nicholson préféra rechercher l’évasion.
    Et les choses ne changèrent pas quand Jack fut devenu une star. Poussé par ses amis Warren Beatty et Mike Nichols, Nicholson fit campagne pour le sénateur George McGovern, « candidat de la paix » du Dakota du Sud qui se présenta au poste de président du Parti démocrate pour le ticket de 1972. Mais d’une façon générale, Jack resta à l’écart de la scène politique après Easy Rider  ; McGovern fut une exception.
    De même que Gary Hart. En 1987, Jack déclara à un journaliste du magazine Rolling Stone qu’il soutenait Gary Hart, le sénateur américain du Colorado qui fut écarté de la course à la présidentielle après la révélation d’une aventure extraconjugale. « Je suis un fervent partisan de Hart parce que c’est un type qui baise », déclara Nicholson au journaliste de Rolling Stone. « Est-ce que vous voyez ce que je veux dire xxvi  ? »
    Jack préférait la baise à la politique. D’ailleurs, de son point de vue, il s’agissait de la même chose.
    Jack se mit à citer de plus en plus souvent – soit parce qu’il étudiait son œuvre, soit parce qu’il faisait, avec talent, semblant de le faire – Wilhelm Reich, l’ancien collègue de Freud qui avait développé la théorie du « pouvoir de l’orgone », ou énergie orgasmique, et fut ensuite emprisonné pour avoir commercialisé des vibrations sexuelles dans de douteux « accumulateurs d’orgone ». Tout le monde, dans les sixties, semblait être imbibé de Reich, qui dans ses écrits prescrivait la liberté sexuelle pour remédier à la plupart des maux de la société.
    Pour Jack, Reich était « le plus grand écrivain et penseur politique du siècle ». Reich devint comme une nouvelle religion pour Jack, un contrepoint au catholicisme, une doctrine qui, tout comme celle de l’Église, contenait des articles de foi qui pouvaient être utilisés dans tous les domaines de la vie.
    Alors qu’il faisait la promotion de Drive, He Said, son film des sixties par excellence, Jack ne cessait de citer le nom de Reich. « Je pense sincèrement que ce pays est enlisé dans une société répressive vis-à-vis du sexe », déclara-t-il à la radio en 1971, exposant ses croyances en les théories « reichiennes », qui, dans son esprit, étaient étrangement liées à la psychologie infantile et aux relations familiales.
    « La façon dont Reich le décrit – la description même des convulsions d’un orgasme, d’un changement, d’une expansion et d’une contraction. Il pense que dès la petite enfance, c’est incorporé dans la psychologie de chaque individu : que chaque personne gère le flot "d’énergie sexuelle" soit en le retenant – un peu comme quand on respire. On contrôle son expression par la quantité de "carburant" qu’on lui donne pour qu’il puisse s’exprimer. On développe ensuite des "relations familiales" autour de ces attitudes de tension – et la "famille" se développe ensuite pour former des villages, des villes et des sociétés. »
    Jack avait beau être réservé vis-à-vis de certains aspects des sixties, il comprenait très bien ce qui fonctionnait pour lui. La drogue et la libération sexuelle engendrèrent des résultats positifs, dans son cas ; et l’épanouissement personnel et professionnel qui en résulta fut remarqué par ses amis proches.
    Quand on est stone , « on est détendu et on apprécie un peu plus de se retrouver seul dans une pièce », déclara Jack à propos de l’écriture au cours d’une interview ayant pour sujet la drogue. « C’est plus facile de se divertir mentalement. »
    À la ville, Jack semblait à cette époque plus calme, plus agréable, plus lucide et concentré, alors qu’à l’écran, la personnalité qui se mit à émerger plus clairement était le Jack Nicholson que tout le monde avait toujours connu en privé, avec néanmoins de petites différences – un caractère plus démonstratif, renforcé par l’assurance que Jack, plus sensible et plus libre d’esprit, avait prise.
    « Il me semble que Jack était plus traditionnel la première fois que je l’ai rencontré, commente John Herman Shaner. Ce n’est que très tard, vers le milieu des sixties, que je me suis rendu compte que ce type allait vraiment à l’encontre des traditions. Les