Jack Nicholson
qui conférait à L’ouragan de la vengeance, film marqué de l’empreinte de la personnalité attrayante de Jack, un côté chaleureux qui faisait défaut à The Shooting.
5.
Vivre le rôle 1968
Nicholson rentra de Paris rajeuni. Il jouait désormais des pieds et des mains pour décrocher des rôles afin de financer son objectif ultime : devenir ce que les Français admiraient le plus, un auteur , écrire et mettre en scène ses propres films. Il tentait d’orienter sa vie vers son travail et se mit à prendre de plus gros risques vis-à-vis de sa carrière.
Les intrigues de deux des scripts sur lesquels il travaillait étaient inspirées par le LSD : Love and Money était une ode aux hippies, dont la philosophie du turn on, tune in, drop out xxv captivait l’imagination des jeunes aux États-Unis ; The Trip, vaguement autobiographique, contait l’histoire d’un réalisateur de spots publicitaires qui, alors qu’il traversait la période difficile de son divorce, se reconstruisait en prenant des acides.
Le coup de fouet de la carrière de Nicholson n’arrangea pas sa relation de couple avec Sandra Knight, qui était en train de se détériorer rapidement. Parfois, Jack jouait le jour et écrivait la nuit. Il arrivait à Sandra de l’interrompre alors qu’il était penché sur un script. Il lui hurlait alors une variante du monologue qu’il allait improviser et crier à Shelley Duvall dans Shining :
« À chaque fois que tu viens ici et que tu m’interromps, tu casses mon inspiration. Tu me distrais ! Et après, il me faut du temps pour revenir là où j’en étais, tu comprends ? Bien. On va créer une nouvelle règle : à chaque fois que je suis ici et que tu m’entends taper, et même si tu ne m’entends pas taper – peu importe ce que tu m’entends faire – quand je suis là, ça veut dire que je suis en train de travailler ! Ça veut dire : reste dehors ! »
Sandra voulait une vie de couple traditionnelle. Jack voulait faire avancer sa carrière. Leurs priorités étaient en conflit. Leur relation s’enfonça dans une « animosité totale », d’après Jack lui-même. « Je ne participais même plus aux disputes », dirait-il plus tard, pour une interview. « Elles m’ennuyaient. »
Les tensions étaient renforcées par les soupçons de Sandra, qui pensait que si Jack était parti aux Philippines et à Paris, c’était plus pour s’amuser que pour travailler.
Les Philippines étaient « un paradis de prostituées », d’après l’émissaire de Lippert, Jack Leewood, qui affirma au cours d’une interview que durant le laps de temps qui avait séparé les deux productions de Monte Hellman, lui et Nicholson avaient partagé les mêmes femmes à Manille. « On se faisait les mêmes dames, déclara-t-il. On s’amusait, on jouait. »
Si Jack était parti à Paris, c’était exclusivement pour affaires, au départ, mais il était ensuite resté pour prendre des vacances, loin de ses responsabilités familiales. Ce fut une expérience enrichissante, par bien des aspects. Le temps qu’il y passa pour loisir eut pour effet d’achever de le décoincer vis-à-vis des femmes.
Quand Nicholson avait prononcé ses vœux de mariage, expliquerait-il plus tard lui-même à un journaliste du magazine Time, il avait ressenti une « secrète réticence intérieure à l’égard de la monogamie ». Sur le point de fêter son trentième anniversaire, Jack se sentait désormais, pour la première fois de sa vie, capable de libérer les pulsions qui étaient enfouies en lui. Ce n’était pas le premier Nicholson à laisser de côté famille et enfants.
Entretemps, Sandra s’était lancée dans « une voie mystique extrêmement exigeante », d’après les mots de Nicholson. Le mysticisme était alors tendance à Hollywood. On pouvait le trouver, sous diverses formes, dans les meilleurs dîners en ville – et notamment chez l’actrice Jennifer Jones, la mère de Robert Walker Jr, où Nicholson était occasionnellement invité – aussi bien que dans la bouche de prophètes de trottoir, qui tentaient de remettre des tracts aux touristes du Sunset Strip.
Dans l’intérêt de sa relation de couple, Nicholson tenta sincèrement de s’intéresser au mysticisme. Il alla voir l’Indien Jiddu Krishnamurti formuler d’agréables truismes sur la mort et l’amour, le temps et l’éternité, dans son quartier général d’Oak Grove, à Ojai, au nord de Los Angeles.
Weitere Kostenlose Bücher