Jack Nicholson
habile qui jouait le rôle de l’une des groupies de la bande. En comparaison, ses scènes de combat manquent de naturel ; dans sa carrière, il évita toujours sagement les clichés de héros de films d’action.
« Dès qu’il y a un rôle mémorable, dit le réalisateur Rush, on parle de la personnalité de la star, alors qu’on devrait plutôt parler des qualités de l’acteur qui a joué le rôle. Je pense que la personnalité de Jack s’est vraiment développée dans les deux films que j’ai faits avec lui, Hell’s Angels on Wheels et Psych-Out, mais surtout Hell’s Angels on Wheels. »
« Le sourire de Jack, par exemple. Il a vraiment évolué, il me semble. C’était une chose que j’avais vue en partie dans ses lectures et en partie dans son style, mais que j’adorais et que je voulais transformer en une caractéristique majeure. C’est un sourire béat, une façon défensive de regarder le monde quand on ne comprend pas ce qui se passe ou qu’on est blessé. On essaie d’avancer en faisant le malin. »
« Jack, qui est vraiment un type brillant, essayait toujours d’abaisser son niveau intellectuel à l’écran. On peut presque écrire un chiffre de QI sur un morceau de papier et le lui donner pour qu’il s’exécute. Son sourire est révélateur. »
« Dans ce cas précis, son sourire était quelque chose de vraiment excellent pour exprimer l’incertitude de son personnage. Bien sûr, le sourire de Jack venait de la vraie vie, mais je ne pense pas qu’il faisait vraiment partie de sa personnalité (à l’écran) avant qu’on ne le développe pour ce personnage. Et puis il est resté comme collé à lui et est devenu l’un de ses emblèmes. »
Si Hell’s Angels on Wheels avait été à demi conçu comme une critique sociale (« Je considérais tout le phénomène Hell’s Angels comme méprisable, des ordures dans un champ », dit Rush), le film, qui sortit en automne 1967, eut davantage pour effet d’élever les Angels au rang de héros anti-establishment. Le leader de la bande, Sonny Barger, partit même en tournée pour faire la promotion du film dans toute l’Amérique.
Cependant, Hell’s Angels on Wheels fut le premier film de Nicholson qui fut largement commenté par la critique. Son éblouissante photographie – signée par le chef opérateur Laszlo Kovacs, un réfugié du soulèvement hongrois infructueux de 1956 contre les lois soviétiques, qui avait été relégué dans les séries B du fait de la rigidité des lois syndicales – et son sujet controversé lui donnèrent immédiatement un certain cachet.
La plupart des critiques enfoncèrent le film (la prestation de Nicholson, d’après un journaliste pas très fin de Variety, pouvait se résumer à une « variation sur un sourire »), mais Hell’s Angels on Wheels généra beaucoup de profits.
À ce moment où Jack était tenté de quitter la profession, contre toute attente, il connut son plus franc succès auprès du public.
Roger Corman venait d’obtenir son passeport pour la terre des grands. On lui avait confié de magnifiques décors et costumes, un budget généreux et un bon casting pour tourner The St Valentine’s Day Massacre, ou L’Affaire Al Capone, pour la Twentieh Century Fox. Le script de l’ancien journaliste de Chicago, Howard Browne, écrit dans un style documentaire, était centré sur le massacre de la Saint-Valentin, l’assassinat de sept membres du gang de Bugs Moran par des membres de celui d’Al Capone pour des questions de rivalité concernant la contrebande de l’alcool.
Les rôles stars étaient déjà pris : Jason Robards jouerait Al Capone ; et bizarrement, George Segal devait incarner Bugs Moran. Mais beaucoup de petits rôles n’avaient pas encore été distribués, dont celui, savoureux, d’un chauffeur du gang de Bugs Moran qui devenait l’une des victimes des mitrailleuses.
Nicholson voulait jouer ce personnage, mais Corman lui préféra Bruce Dern. Corman proposa à Jack de choisir un autre petit rôle. Nicholson, déçu, réfléchit à la question et finit par demander à incarner un personnage non crédité, l’un des membres de l’équipe d’Al Capone, qui apparaissait dans quasiment toutes les scènes et qui devait donc être présent du début à la fin du tournage, prévu pour la fin de l’année 1966. Du fait de la longueur du planning, Jack devait, conformément aux règles de la Screen Actors Guild, toucher un cachet plus
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