Jack Nicholson
télé à succès Dingue de toi, serait la serveuse au grand cœur, et Greg Kinnear, un présentateur d’émissions diffusées sur le câble qui jouait occasionnellement dans des films, interpréterait le voisin gay.
Entre autres particularités, Melvin Udall (Nicholson) est un homophobe en guerre contre son voisin Simon Bishop (Kinnear), qu’il déteste et dont il maltraite le chien incontinent (à un moment, il le jette même dans un vide-ordures). Mais le romancier excentrique et sectaire tombe petit à petit amoureux de Carol Connelly (Hunt), la femme qui lui sert tous les matins son petit déjeuner au café du coin et qui fait partie des rares personnes qui le supportent. Grâce aux liens qu’il noue avec Carol, Melvin change progressivement de comportement. Il aide la serveuse à sauver son fils asthmatique et devient même ami avec Simon, quand l’artiste gay, après avoir été passé à tabac, a besoin de quelqu’un pour s’occuper de son chien durant son séjour à l’hôpital. Le trio part alors en week-end afin de mettre à l’épreuve leurs liens amicaux encore teintés de méfiance.
Le travail ne fut pas facile : des premières versions du script à la fin de la post-production en passant par le tournage, Brooks « ne cessa de faire des expériences, de filmer et de refilmer, de monter et de remonter (la fin a été changée au moins cinq fois si l’on en croit l’un des cadres du studio), et fit preuve d’une rare incertitude concernant le ton du film », comme on put le lire dans le New York Times. « Le ton du film a toujours été confus pour moi, admettait Brooks. Le film a été fait dans la confusion. »
D’après divers articles de journaux, sur le plateau, Brooks ne disait pas à ses acteurs ce qu’il attendait d’eux et les encourageait à « tâtonner » pour trouver le bon ton et la bonne attitude. Avec ses vieux amis réalisateurs – comme avec ses vieilles maîtresses, disent certains –, Nicholson cherchait toujours les querelles. La star disait d’« horribles choses » au réalisateur qui luttait pour définir et atteindre son but.
« Je vous jure, admit plus tard Brooks à l’occasion d’une interview, que parfois il (Nicholson) pense qu’il faut faire les choses d’une certaine façon, et je me dis secrètement que c’est la pire idée que j’aie jamais entendue, ça me hérisse le poil, et je me dis que ça va saccager le film, mais je sais aussi que j’ai des idées qui lui hérissent le poil, dont certaines ont bien été utilisées dans le film, je vous assure. »
« C’était inhabituel, déclara Nicholson quand le film fut enfin terminé, parce que normalement, pendant les tournages, on n’a pas l’occasion de tout explorer comme ça. C’était comme si on avançait à tâtons. Et croyez-moi, ça ne nous facilitait pas la tâche. Je ne me souviens pas avoir jamais joué un personnage qui m’a autant épuisé mentalement. »
As Good As It Gets, ou Pour le pire et pour le meilleur (titre définitif du projet), fut le dernier des quatre films dans lesquels Nicholson avait fait grâce de sa présence en 1996, et le dernier film qu’il ferait avant quatre ans.
1996 fut une année marquée par beaucoup de travail et pas assez de loisirs. Le 12 octobre, au petit matin, il y eut un dernier scandale d’ordre féminin quand une créatrice de vêtements appelée Catherine Sheehan appela la police de Los Angeles devant le portail de la résidence Nicholson-Brando en affirmant qu’elle-même et une autre femme avaient été malmenées par l’acteur après que ce dernier eut refusé de leur payer comme convenu 1 000 dollars à chacune pour avoir porté des robes noires sexy pour une « séance de triolisme nocturne », comme l’écrit Dennis McDougal dans Five Easy Decades. « Sa colère avait pris de l’ampleur lors de cette discussion concernant l’argent. Nicholson mettait un point d’honneur, depuis bien longtemps, à ne jamais payer pour le sexe. »
Des officiers de la LAPD ouvrirent une enquête, mais aucune charge ne fut retenue. Certains commentateurs grommelèrent que Nicholson semblait jouir d’une totale impunité dans son fief. Plus tard, Sheehan le poursuivit en justice et lui réclama 10 millions de dollars de dommages. Un arrangement à l’amiable fut conclu ; la jeune femme repartit avec un chèque qui, dit-on, n’avait que quatre zéros.
Jack, le vieux play-boy, aurait 60 ans en 1997.
11. The Money De 1997
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