Jack Nicholson

en train de repérer les lieux de tournage, s’est souvenu Burton, et j’ai téléphoné à Jack dans l’avion, et je lui ai demandé : "Quel rôle est-ce que tu veux jouer ?" Il m’a répondu : "Pourquoi pas tous ?" ». Nicholson allait en réalité interpréter deux rôles majeurs, celui du président des États-Unis confronté à la crise qui est une cible de choix pour les Martiens et celui d’un entrepreneur immobilier surexcité (coiffé d’une perruque) de Las Vegas qui refuse de laisser une chose aussi insignifiante que la destruction de la planète freiner ses ambitions (Jack joua également le rôle non crédité d’un scientifique dont l’appareil de communication échouait au moment opportun).
    « Jack a vraiment dynamisé le projet, déclara Burton. Il est parfait pour lutter contre les Martiens. S’il y avait quelqu’un qui pouvait incarner la contre-culture humaine face aux Martiens, c’était bien lui. Il est tellement amusant et intelligent, et c’est vraiment un bon acteur. Pour le premier Batman, il m’avait beaucoup soutenu, aidé, et là, il a fait la même chose. »
    Une fois que fut annoncé que Jack avait accepté les termes comme toujours très avantageux de son contrat, le casting fut rapidement rempli par toute une variété de personnalités célèbres. Notamment Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosnan, Danny DeVito, Martin Short, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Rod Steiger, Sylvia Sidney, Jim Brown, Pam Grier, Lisa Marie, Jack Black, Paul Winfield, Joe Don Baker, et le chanteur Tom Jones en personne (Rebecca Broussard jouait une prostituée, son dernier petit rôle, à ce jour, dans un film de Nicholson). Avec ses Martiens animés et ses décors élaborés qui reproduisaient l’aspect des cartes à collectionner originelles, le budget de Mars Attacks ! finit par atteindre la barre des 70 millions de dollars.
    Le tournage se déroula à la fin du printemps et au début de l’été. Les extérieurs furent filmés à Washington, à Las Vegas et au Kansas. Mais le gros du film, et notamment les scènes de Nicholson, fut tourné dans des décors construits dans les studios de la Warner Bros. « Quand je le regardais, je me tordais de rire, littéralement – on voyait qu’il s’amusait vraiment à se moquer de lui-même », déclara son partenaire Paul Winfield, qui jouait le rôle du général. Burton intégra les effets spéciaux avec beaucoup de finesse, et la satire à haut budget fut terminée à temps pour être offerte aux spectateurs à Noël 1996.
    Mais le public américain se montra peu enthousiaste. Les recettes ne couvrirent que la moitié des dépenses de la production, et aucun film de Tim Burton ne fut plus durement critiqué. Jack, en Président et homme d’affaires sans scrupules de Las Vegas, fut lui aussi blâmé, les critiques arguant que son efficacité avait été non pas dédoublée, mais divisée en deux.
    Mais les critiques, à l’instar des scientifiques je-sais-tout de Mars Attacks !, s’étaient montrés peu réceptifs à l’humour décalé du film. Avec leur langage pétaradant, les Martiens étaient aussi amusants que sauvages et indestructibles, tout du moins jusqu’à ce qu’ils succombent au minable hit de 1952 de Slim Whitman, Indian Love Call. Jack, en particulier à Las Vegas, avait de grands moments.
    Mars Attacks ! est un film qui mérite d’être réévalué.
    1996 fut une nouvelle année de réunions et de dur labeur : en automne, Jack, qui venait de terminer Mars Attacks !, retrouva un autre vieil ami réalisateur, James L. Brooks. Brooks, qui était presque du même cru que Nicholson, était né dans le New Jersey en 1940. Éminente personnalité de la télévision, créateur et réalisateur de nombreuses séries à succès, et pendant longtemps producteur délégué des Simpson, il avait guidé Jack (de façon mémorable) dans Tendres passions, et (de façon moins mémorable) dans Broadcast News.
    Pendant près de deux ans, le scénariste-réalisateur Brooks s’était attaché à retravailler un script comique de Marcus Andrus afin d’en faire une vitrine pour Nicholson. L’histoire, à l’origine intitulée « Old Friends », était celle d’un trio d’excentriques dont les chemins se rencontraient : un romancier atteint de troubles obsessionnels compulsifs, son voisin artiste gay et une mère célibataire serveuse. Jack serait l’écrivain au comportement étrange, Helen Hunt, de la série