Jack Nicholson

Mount Rushmore de Hollywood.
    Il passa le reste de l’année 1998 loin des projecteurs et des registres de police à étudier diverses propositions de films. Jack, qui était un homme peu engagé, avait pourtant soutenu Bill Clinton aux élections de 1992 et 1996. Désormais, il grondait contre la menace d’impeachment dont le Président faisait l’objet et qui semblait se préciser nettement en automne 1998. Ce qui est sûr, c’est que le fait que Clinton ait eu une relation sexuelle avec une jeune employée de la Maison-Blanche le rendait plus sympathique encore aux yeux de Jack, qui pouvait se comparer à ce leader mondial pris la braguette ouverte. « Que devrait-on avoir comme alternative ? Quelqu’un qui ne veut pas avoir de rapports sexuels ? » grommela Nicholson au cours d’une interview. « Bill, tu es super. Continue comme ça. »
    Jack appuya ses discours sur de l’argent et rejoignit Barbra Streisand, Ted Danson, Mary Steenburgen, Norman Lear et d’autres libéraux de Hollywood dans une campagne visant à empêcher la procédure d’ impeachment. Il fit même un exceptionnel discours public devant une foule d’environ un millier de personnes qui s’étaient rassemblées devant le Federal Building de Westwood une semaine avant Noël. La sexualité américaine était « de forme puritaine », déclara Nicholson à la foule. Après une plaisanterie sur le fait que les stars du cinéma jouaient parfois très bien les présidents, il expliqua qu’il ne fallait pas confondre la controverse actuelle de l’ impeachment et les programmes diffusés à la télévision. « Nous vivons dans l’ère de la télévision. Nous vivrons toujours dans l’ère de la télévision. Malheureusement, ce truc vend beaucoup de soap operas, disait Nicholson. Nous ne devons pas confondre les deux problèmes. »
    Une semaine avant Noël, le Président fut bel et bien destitué par la Chambre des représentants avant d’être acquitté par le Sénat le 12 février 1999.
    Six mois passèrent avant que Jack ne rencontre Lara Flynn Boyle, la très mince et très sexy star de la série télé judiciaire The Practice, dans laquelle elle jouait l’intelligente assistante du procureur général. Née en 1970, Boyle était une catholique irlandaise originaire de Chicago qui avait grandi auprès de parents divorcés et qui avait beaucoup travaillé, surtout pour le petit écran, depuis 1987. Boyle sortait avec le comique David Spade quand ses yeux se posèrent sur Jack lors d’une soirée organisée en juin 1999 pour le lancement de L’Espion qui m’a tirée.
    Ils se mirent à se voir en secret, prétendument pour ne pas peiner Spade. Quand la Mercedes de Boyle, conduite par Nicholson, percuta une BMW sur Mulholland Drive un soir de juillet – un accident qui vint s’ajouter au casier judiciaire de plus en plus important de Jack –, Boyle, qui était assise sur le siège passager, s’enfuit en courant pour éviter les journalistes (Nicholson fut soigné pour des coupures à la main droite, Boyle pour des douleurs à la poitrine). Pour sa première apparition publique, le couple attendit la cérémonie des Emmy Awards du 12 septembre 1999, évènement diffusé tous les ans à la télévision auquel ils se rendirent main dans la main et qui fut suivi par une escapade à Las Vegas où le couple assista au légendaire combat Oscar de la Hoya-Felix Trinidad.
    Boyle était une fille de la nuit qui aimait faire la fête tout autant que Jack. Elle était intelligente et effrontée, « un retour à Marlene Dietrich et à Bette Davis », d’après les mots de son partenaire dans The Practice, Dylan McDermott. L’actrice de télévision remplaça Broussard dans le cœur de Nicholson. Ils devinrent un couple inséparable, assis au premier rang des matchs des Lakers (quoique Boyle fût une fan des Chicago Bulls), écumant les soirées de Los Angeles, partant en vacances à l’étranger. Ils firent une apparition au mariage Michael Douglas-Catherine Zeta-Jones, qui eut lieu au Plaza Hotel de New York en novembre, et furent invités par les Clinton à un dîner en l’honneur du nouveau millénaire organisé à la Maison-Blanche le 2 janvier 2000.
    Sa vie amoureuse étant temporairement stabilisée, Nicholson put aller de l’avant sur le plan professionnel et réfléchir à un nouveau projet « difficile » (d’après Nicholson) de Sean Penn, une américanisation du roman policier existentiel de l’auteur suisse