Jack Nicholson
prometteuse nommée Millie Perkins. Stockwell, qui avait alors une vingtaine d’années, faisait un grand retour et était considéré par la presse comme l’un des successeurs de James Dean.
Il y avait une serveuse blonde, grande et svelte (bien qu’elle se considérât toujours comme une petite boulotte) qui rêvait de devenir chanteuse de cabaret et qui répondait au nom de Sally Kellerman. Il y avait la star prometteuse des Plaisirs de l’enfer, sous contrat à long terme avec la Twentieth Century Fox, Diane Varsi. Il y avait une actrice qui jouait dans les films de Roger Corman et qui était mariée au producteur de théâtre expérimental Monte Hellman ; elle avait fait ses débuts sous le nom de Barboura O’Neill dans Sorority Girl en 1957 et deviendrait une sorte d’égérie d’ AIP en se faisant appeler Barboura Morris.
La promotion 1957-1958 comptait aussi plusieurs futurs réalisateurs, dont Corey Allen (qui, lorsqu’il était jeune, avait fait la course avec James Dean dans La Fureur de vivre), Jud Taylor (qui mettrait en scène plusieurs épisodes de Star Trek, ainsi que quelques téléfilms notables) et Irvin Kershner (qui ferait ses débuts dans des films de série B avant de passer à des blockbusters à gros budget tels que L’empire contre-attaque ).
Il y avait un producteur-réalisateur qui était déjà bien établi. Il avait pris l’astucieuse décision de fréquenter les cours afin de s’instruire sur la comédie tout en s’offrant la possibilité de noter les noms et les numéros de téléphone de nouveaux talents. Il s’agissait du pittoresque Roger Corman.
Les cours de Corey étaient le noyau à partir duquel le cercle pouvait s’étendre. Don Devlin était un ami de quartier de l’étudiant John Herman Shaner, originaire du Bronx, et tous deux, éloquents et rationnels, étaient de bons représentants du style new-yorkais classique. B.J. Merholz, l’un des rares natifs du Midwest, boulevardier qui pouvait disserter pendant des heures devant un cappuccino, faisait partie du contingent du département théâtre-cinéma de l’ UCLA , et présentait Will Hutchins à tout le monde.
John Hackett, vétéran de la guerre de Corée devenu acteur, avait lui aussi grandi dans le milieu du cinéma : sa mère était comédienne, son père cameraman. Hackett venait souvent avec l’un de ses amis, un ancien camarade de lycée nommé Bill Tynan, également natif de Los Angeles. Jack appelait Tynan Reddog. Reddog était un véritable personnage, un conteur amusant, dont Jack se mit à imiter et à adopter les manières, tout comme celles de plusieurs autres de ses amis.
« Parfois, quand Jack raconte une histoire, on croirait entendre Tynan », fait remarquer l’un de ses amis de longue date. « Jack a pris et s’est approprié des choses venant de plusieurs personnes. À l’écran, on peut parfois voir certains trucs qu’il a empruntés à Reddog. Il est très doué pour s’imprégner des choses. »
Quelqu’un connaissait un acteur de genre au visage concave qui avait déjà décroché de bons rôles : un natif du Kentucky, ancien cueilleur de tabac et vétéran de la seconde guerre mondiale, qui, sur l’affiche de films tels que Le fier rebel, avec Alan Ladd, se faisait appeler Dean Stanton, avant de devenir Harry Dean Stanton. Or, à cette époque, Stanton fréquentait un autre acteur de genre originaire du Kentucky nommé Warren Oates, un homme qui avait beaucoup de bagou.
Robert Towne avait deux amis qui n’appartenaient pas au monde du show-business et qui, en intégrant le cercle, allaient lui donner une dimension plus intellectuelle : Edward Taylor, ancien étudiant de la Rhodes Preparatory School, qui impressionnait tout le monde par l’ampleur de sa culture littéraire ; et un camarade du Pomona College, James Strombotne, artiste californien originaire du Dakota du Sud, qui avait un appartement à Pasadena rempli de peintures expressionnistes que Jack et ses amis adoraient visiter. Quand Nicholson se mit à collectionner les œuvres d’art, il commença par s’adresser à Strombotne.
Si Los Angeles était sa ville d’adoption, ces personnes étaient sa famille d’adoption, ou « de substitution », comme le formule souvent Jack au cours des interviews.
Mais si cette « famille de substitution » était composée d’éminents et très jolis membres féminins, tels que Carole Eastman, Sally Kellerman, Lynn Bernay, Luana Anders et Millie Perkins,
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