Jack Nicholson
passant d’un gourou à un autre. Bien que la légende tende à insister sur le côté improvisation, Nicholson est sans doute l’une des stars les plus assidûment formées de toute l’histoire de Hollywood.
Jack étudia avec Corey pendant deux années, d’abord à Cheremoya, puis, brièvement, dans les nouveaux locaux du professeur, au Circle Theater d’El Centro. Jack eut ensuite plusieurs autres mentors, dont Martin Landau et l’un des étudiants de ce dernier, Eric Morris (Nicholson a écrit la préface de l’un des manuels d’art dramatique de Morris, No Acting Please).
Aujourd’hui encore, Nicholson aime expliquer aux journalistes à quel point il se prépare avant d’interpréter un quelconque personnage, et ce en exécutant des exercices du même type que ceux qu’il a appris à la fin des années 1950 et au début des années 1960.
Recherches et lectures intensives. Exercices de respiration et vocalises. Écrire toutes ses répliques sur des fiches de 7 sur 12 centimètres et marquer une accentuation ou un rythme sur chacun des mots ou des phrases.
Et surtout ceci : décortiquer le script pour découvrir un « secret » sur le personnage, « une dynamique émotionnelle interne, un accessoire, un geste qui symbolise pour lui l’essence de la nature de son personnage », d’après les mots de Ron Rosenbaum dans son article sur Nicholson publié dans le New York Times.
Les cours de Corey furent le creuset de son apprentissage. Quand sa fille Jennifer exprima son désir d’étudier l’art de la comédie, Nicholson l’envoya en formation auprès de Corey. Et on sait que Jack disait souvent à ses amis que pas un seul jour ne passait sans qu’il ne pense à ce qu’il avait appris de Corey – non seulement sur la technique, mais aussi sur la philosophie de la comédie.
« La comédie est une étude de la vie, a dit Nicholson au cours d’une interview, et Corey m’a appris à poser sur la vie un regard – j’hésite toujours à le dire – un regard d’artiste. »
Les jeunes qui se retrouvaient dans les cours de Corey en 1957 et 1958 allaient bientôt former une petite bande d’amis et de collègues qui ferait partie de l’équipe de scénaristes, réalisateurs et comédiens de Roger Corman, et, dans une certaine mesure, de l’avant-garde de toute une génération destinée à reprendre en main un Hollywood affaibli et déconnecté de la réalité. Il n’y avait pas de début, de fin, de grades. Les classes, de douze à dix-huit étudiants, se fondaient les unes dans les autres.
Au sein du groupe de 1957-1958 figuraient deux acteurs qui étaient sur le point de percer à la télévision et au cinéma, Richard Chamberlain et James Coburn ; ainsi qu’un comédien qui allait connaître un bref moment de gloire dans une série télé, Peter Brown (Lawman). Chamberlain réussit à convaincre l’un de ses amis et collègues d’assister aux cours. Il s’agissait de Robert Towne, un natif de San Pedro qui avait obtenu un diplôme d’anglais à Pomona. Towne touchait un peu à la comédie mais s’intéressait davantage à l’écriture.
Ce qui était également vrai de Carole Eastman dont la famille avait occupé de petits emplois dans le système des studios. Son père était machiniste, son oncle cameraman et sa mère l’une des secrétaires de Bing Crosby. À la Hollywood High School, Eastman avait été « une écolière très buissonnière », d’après ses propres mots. Une fracture du pied avait repoussé la réalisation de son rêve de devenir danseuse professionnelle (elle avait fait partie des chœurs dans Drôle de frimousse de Stanley Donen). Pour elle, la comédie n’était qu’un caprice temporaire, bien que l’intensité éthérée de ses lectures d’Edna St Vincent Milley soit toujours gravée dans la mémoire des autres étudiants de Corey.
Le groupe comptait également quelques ex-enfants stars. Parmi eux Robert Blake (connu pour ses apparitions dans les courts métrages « Les Petites Canailles » et les westerns « Red Ryder », sans parler du rôle de jeune Mexicain qu’il avait joué dans Le trésor de la Sierra Madre de John Huston). Blake venait parfois aux cours de Corey accompagné de sa petite amie, une jeune actrice nommée Sandra Knight. Il y avait également Dean Stockwell, ancien gamin aux yeux pétillants qui avait été la star du Garçon aux cheveux verts, et qui avait désormais pour petite amie une jeune actrice
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