Jack Nicholson

constitué de Peter Lorre, Vincent Price et Boris Karloff.
    Venant à la suite de plusieurs autres adaptations de Poe réussies (La Chambre des tortures, L’Enterré vivant et L’empire de la terreur), Le Corbeau d’Edgar Poe avait emprunté son titre, mais bien peu d’autres choses, au poème toujours d’actualité. Mais le récit d’épouvante finit par devenir une « incontestable comédie » après que Matheson, qui ne pouvait plus supporter la série des Poe, eut décrété qu’il ne pouvait « plus prendre au sérieux tous ces trucs d’ AIP (American International Pictures) ».
    La ligne narrative était centrée sur le conflit qui opposait deux membres de la Confrérie des Magiciens (Karloff et Price). Lorre, un autre magicien, avait été transformé en corbeau et devait racheter sa forme humaine. Un amour perdu (Hazel Court) hantait le château, ajoutant ainsi à l’état de confusion. Le climax de l’histoire était une spectaculaire (tout du moins pour l’époque) bataille magique avec beaucoup d’effets spéciaux.
    Jack, en chapeau à plumes et costume de brocart, incarnait Rexford, le frère de Lorre. Ce rôle était plus important que ceux qu’on lui avait jusqu’ici confiés, mais ne représentait pas un défi pour un acteur. Dans sa scène principale, il devait passer par une diabolique métamorphose tandis que les chevaux de son carrosse remontaient de façon incontrôlée une route à flanc de montagne battue par les vents. Plusieurs fois, le personnage roulait des yeux et levait les mains vers le ciel en signe de désespoir (l’une des marques de fabrique de Jack).
    Mais ce fut néanmoins pour Jack l’occasion de côtoyer au travail trois gentlemen de la vieille école qui, au cours de leur carrière, avaient fait ce que Nicholson allait plus tard faire avec Shining  : donner au macabre une touche de classe. Nicholson admirait tellement les stars du Corbeau qu’il fit venir sur le plateau le peintre amateur Ethel May afin qu’elle rencontre l’un de ses acteurs préférés, Vincent Price, qui était également un célèbre collectionneur d’art.
    « Karloff s’asseyait sur le plateau et lisait le London Times  », a raconté Nicholson à propos du tournage. « Lorre s’asseyait aussi et je lui demandais de me raconter des histoires à propos de Bogart, de Brecht, des nazis ou de la seconde guerre mondiale – Lorre, c’était l’un des hommes les plus sophistiqués que j’aie jamais rencontrés. Vincent est très américain et très, très gentil. Et bien sûr, il touchait vraiment pour tout ce qui concernait l’art. »
    Les vénérables stars se comportèrent avec le jeune acteur de façon cordiale. Samuel Z. Arkoff, cofondateur et président du conseil d’administration d’American International Pictures, écrivit dans son autobiographie que la courtoisie d’Arkoff était peut-être fondée sur l’impression erronée que Jack était le fils de l’un de ses associés, James H. Nicholson. Ce qui n’était, bien sûr, pas le cas.
    « L’autre chose dont je me souviens à propos du Corbeau, déclara Nicholson au cours d’une interview, c’est que le corbeau que nous avions n’arrêtait pas de chier partout et sur tout le monde. Il chiait vraiment tout le temps. Mon épaule droite était tout le temps couverte de merde de corbeau. »
    Quand Corman réalisa qu’il était en avance sur le planning et que d’après les termes de son contrat, Boris Karloff était encore à sa disposition pour quelques jours, il se lança immédiatement dans un autre pastiche de genre – L’Halluciné. Charles Griffith, le scénariste de Corman, n’eut qu’un week-end pour écrire quelques scènes ayant pour but de tirer parti de Karloff et du reste du casting. « Pas d’histoire, se souvient Griffith, mais beaucoup de château, des intérieurs et des extérieurs, très misterioso.  »
    Le tournage débuta le lundi matin – peu importait que ces scènes ne s’insèrent pas de façon cohérente dans une histoire. Nicholson incarnait André Duvalier, un vétéran des guerres napoléoniennes, tandis que Karloff jouait un mystérieux baron qui vivait dans un château décrépit. Les lieux étaient hantés par une autre belle jeune femme – Sandra Knight, ou Mrs Jack Nicholson, qui donnait la réplique à Jack pour la première et dernière fois.
    Les acteurs devaient déclamer leurs répliques à la hâte. Tandis que le plateau du Corbeau était démonté, Corman