Jack Nicholson
celui du fils de l’un des combattants. Ce rôle devait être attribué à un acteur qui pouvait passer à l’écran pour quelqu’un de foncièrement mauvais. À l’audition, le producteur, Leonard Schwartz, demanda à Jack : « Savez-vous conduire un cheval ? » L’acteur, aidé par les leçons d’équitation qu’il avait prises, put répondre honnêtement que oui. Il obtint le rôle.
Comme The Broken Land ne pouvait compter que sur l’habituel budget restreint, les acteurs ne disposaient que d’« environ dix minutes pour les répétitions », d’après les mots du producteur Schwartz. Le tournage, qui eut lieu au début de l’été 1961, en Arizona, dans la ville d’Apache Junction, près de Scottsdale, se fit sous un soleil de plomb. Ce qui n’empêcha néanmoins pas la société de production de boucler le programme de soixante minutes en dix jours, sans dépasser le planning.
Peu de temps après, un producteur donna à Nicholson une deuxième chance. Alors que The Broken Land était en post-production, Roos réussit à convaincre Lippert de laisser Devlin et Nicholson lui présenter une idée de script pour l’une des nombreuses œuvres alimentaires que le producteur avait prévu de filmer à Porto Rico.
Le binôme exposa « une petite histoire absolument passionnante », d’après Jack Leewood, le producteur de Lippert. Un accord fut signé, promettant 1 250 dollars aux deux auteurs à la remise du scénario. Leewood n’oublia jamais « l’ambiance mouvementée des réunions sur le script » au cours desquelles Jack pouvait se défendre bec et ongles pour une simple virgule.
« Il se jetait à ma gorge, raconte Leewood. Jack pouvait se montrer très violent lorsqu’il s’agissait de défendre ses convictions et ses passions. Si je trouvais quelque chose à redire au sujet de l’une de ses répliques, l’une de ses idées ou un point de l’histoire qu’il avait développé, il pouvait s’en prendre à moi physiquement. »
Le script évolua vers une histoire à suspense conventionnelle située dans une île caribéenne fictive, où un dictateur latino-américain corrompu vivait en exil. Un tueur à gages était embauché pour assassiner l’ancien dictateur, mais le complot était déjoué par un réfugié américain qui conduisait un bateau-navette.
Devlin était celui des deux qui s’était le plus impliqué, et la ligne narrative était marquée par ses opinions politiques de gauche. Mais Jack pouvait désormais s’enorgueillir d’avoir vendu son premier script, et ce même s’il n’y eut pas assez d’argent pour envoyer les scénaristes sur le lieu de tournage avec les acteurs et les techniciens, quand, au bout du compte, l’équipe de Thunder Island se dirigea vers Porto Rico pour le tournage.
Au cours de l’été 1961, l’armée américaine fut placée en état d’alerte suite à la construction du mur de Berlin, et Nicholson fut appelé à servir plusieurs mois dans la Garde nationale aérienne.
Il avait au départ intégré la Garde parce qu’elle était considérée comme « le refuge des gosses de riches » et devait désormais se loger à mi-temps à la gare de Van Nuys. Il suivit un entraînement de sapeur-pompier à la Lackland Air Force Base du Texas. Au cours d’interviews, quelques années plus tard, Nicholson expliquerait à quel point il trouvait « exultant » de se jeter dans les immenses flammes vêtu de son costume en amiante. « C’est le plus merveilleux des trips que j’aie jamais eus, a-t-il expliqué, ce sentiment d’être dans un autre monde, d’exister dans un autre élément. »
Il s’agissait d’une unité basée à Hollywood et qui comptait parmi ses membres le futur scénariste de l’un des films de Nicholson, Walon Green ( Police frontière ), ainsi qu’un nommé Sandy Bresler.
Bresler faisait lui aussi partie de la seconde génération de Hollywood, son père, le producteur Jerry Bresler, ayant quelques grands films à son actif, dont plusieurs courts métrages récompensés par des Oscars ; le film Les Vikings, avec Kirk Douglas ; et un Pinocchio en 16 mm avec de véritables acteurs. Sandy faisait à cette époque ses débuts en tant qu’agent junior, tout en bas de l’échelle de l’International Creative Management ( ICM ).
Tout comme Nicholson, Bresler était un fou de cinéma qui ne pouvait pas vivre sans ses doses régulières de films. Grâce à ses relations, il avait la possibilité de faire
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