Jack Nicholson
dans un film d’horreur de Roger Corman, et on aurait dit un lycéen, c’était très embarrassant, dit Robert Walker Jr. Mais en tant que personne, il dégageait une sorte de magie. Il avait un tel charme qu’il en devenait presque beau. Tout le monde adorait traîner avec lui. »
Don Devlin connut un rapide succès en tant que scénariste. Après Thunder Island, il co-écrivit un documentaire, The Black Fox – film non conventionnel de Louis Clyde Stoumen relatant l’histoire d’Hitler en la mettant en parallèle avec des passages de la fable médiévale Le roman de Renart –, qui fut récompensé par un Oscar en 1962.
Mais Devlin annonça bientôt sa décision de devenir producteur, et non plus scénariste. Jack se rapprocha donc de Monte Hellman, dont il devint le co-scénariste.
Le script qu’écrivirent Nicholson et Hellman évoquait le travail précédant de l’équipe Devlin-Nicholson : il s’agissait d’un autre « portrait de l’artiste en jeune homme » à Hollywood. La ligne narrative était marquée par des influences autobiographiques et catholiques, le héros, un autre jeune acteur qui cherchait à percer, s’interrogeant sur la morale contemporaine tout en recherchant de l’argent pour payer l’avortement de sa petite amie. Plus tard, au cours d’interviews, Nicholson allait affirmer que le script avait été très influencé par Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus, mais il est vrai qu’il a dit cela d’absolument tout ce qu’il a écrit ou fait à cette époque.
Jack et Monte intitulèrent le script Epitaph. Si l’histoire était très marquée par la relation de Jack et de Sandra, elle avait été conçue pour mettre en valeur Jack et Millie Perkins. Il s’agissait d’un concept très européen, avec des extraits de films de Corman insérés dans la continuité afin de montrer comment les vies réelle et rêvée de l’acteur se chevauchaient.
Ils présentèrent Epitaph à Roger Corman. Corman les encouragea, mais demanda cependant à ce que des modifications soient apportées. Corman se montrait toujours encourageant ; à Hollywood, on pouvait mourir sous les encouragements. Nicholson et Hellman commencèrent à tourner les yeux vers la société rivale, Lippert Productions.
Très peu de temps après qu’ils se mirent à se fréquenter, le 17 juin 1962, Sandra Knight et Jack Nicholson se marièrent. Ils choisirent pour garçon d’honneur Harry Dean Stanton et pour demoiselle d’honneur Millie Perkins, qui, depuis que le groupe l’avait rencontrée, s’était mariée avec – et avait divorcé de – Dean Stockwell. Le certificat de mariage montre que Sandra et Jack vivaient déjà ensemble dans une maison en planches à clins sise au 7507 Lexington, non loin de la maison que Jack, célibataire, avait louée près de Fountain Avenue.
Loin des traditions, la cérémonie fut célébrée par un pasteur unitarien universaliste. L’Universal Life Church, qui avait à peine un an, était une religion éclectique qu’un ancien pasteur baptiste avait fondée dans son garage de Modesto, en Californie. Parmi les concepts clés de la religion, on trouvait la paix dans le monde et la réincarnation. L’ordination était ouverte à tous.
« On a écrit notre propre cérémonie, bien avant que ça ne devienne un truc à la mode, s’est souvenu Nicholson au cours d’une interview. Je ne m’en rappelle plus très bien, mais je sais qu’on a mis quelques citations et je crois qu’on a éliminé le mot "obéir". »
Si Roger Corman tardait à donner à Jack la possibilité de trouver l’épanouissement personnel dans le cinéma, il continua de lui donner du travail – dans The Raven, ou Le Corbeau, d’Edgar Poe, un film d’amour stupide, et dans The Terror, ou L’Halluciné, film bizarrement situé sous l’ère napoléonienne.
Tournés l’un à la suite de l’autre au cours de l’été 1962, ces deux films s’inséraient dans le cycle de films d’horreur baroques de Corman, qui compte plusieurs célèbres adaptations d’Edgar Allan Poe. Certaines étaient meilleures que d’autres. Certaines relevaient plus de la parodie que du sérieux. La plupart marquèrent des points au box-office et auprès des critiques européens.
Le Corbeau d’Edgar Poe tira profit d’un bon script de Richard Matheson (L’Homme qui rétrécit), de décors inspirés signés Daniel Haller, de la photographie expressive de Floyd Crosby et d’un excellent trio d’acteurs
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