Jack Nicholson

sortir des films 16 mm des médiathèques du studio. Il pouvait ensuite les projeter dans le salon de Jack. Ce fut en partie pour cette raison que l’amitié entre les deux jeunes hommes se développa.
    Pendant une dizaine d’années, Nicholson souffrit d’une image lisse, d’une image qui manquait d’imagination. L’un de ses problèmes de jeune acteur consistait à trouver un agent qui comprenne comment ses qualités personnelles pouvaient être transférées à l’écran. Ses qualités personnelles ne s’étaient pas encore complètement développées. Et ce problème d’agent finirait par trouver une solution, à l’époque d’ Easy Rider, en la personne de Sandy Bresler.
    Certains pensaient que Jack avait une liaison amoureuse avec une sculpturale danseuse blonde nommée Lynn Bernay, après qui tous ses amis couraient. Bernay avait fait partie des chœurs de Blanches colombes et vilains messieurs à Broadway et avait gardé sa place dans l’adaptation cinématographique. Ses années d’études avec Stella Adler à New York et Jeff Corey à Los Angeles lui avaient permis de décrocher des rôles à la télévision et dans des films de Roger Corman ( Viking Women and the Sea Serpent ). Jack et Bernay se voyaient bien régulièrement, mais ils n’étaient pas amoureux l’un de l’autre. À l’instar d’Eastman, Bernay, d’après ses propres mots, s’est « toujours sentie comme la petite sœur » de Jack.
    Certains appelaient Jack «  the Great Seducer xvii  », mais ce surnom était à demi ironique (il se peut d’ailleurs que ce soit Jack lui-même qui se soit baptisé ainsi ; il avait l’habitude d’inventer ses propres surnoms). Car s’il essayait de jouer sur ce terrain, Jack manquait toujours d’éclat aux yeux de la gent féminine.
    Quelques personnes tentèrent de réconcilier Jack et Georgianna. John Herman Shaner organisa un fish fry xviii pour que le couple se retrouve. Jack discuta longuement avec Georgianna, mais il lui apprit qu’il avait désormais quelqu’un d’autre dans sa vie et qu’il ne pouvait pas avoir deux relations en même temps. Il se montrait encore très traditionnel à l’égard de sujets comme celui-ci.
    Ce quelqu’un d’autre était Sandra Knight, une belle actrice aux longs cheveux bruns. Sandra était née en Pennsylvanie mais avait grandi en Californie et joué quelques petits rôles remarquables à la télévision et au cinéma – notamment celui de la fille de Robert Mitchum dans Thunder Road. Bien qu’elle eût rencontré Jack un peu plus tôt, elle avait vraiment fait sa connaissance dans les cours de Martin Landau.
    Les gens furent pris par surprise. Sandra était douce et agréable, c’était une jeune femme bienveillante, mais aussi pensive et rêveuse. Jack était fou amoureux d’elle. Lui et Sandra commencèrent à se présenter ensemble partout – lui, un peu débraillé ; elle, pieds nus et habillée comme une hippie.
    Très vraisemblablement par dépit, Georgianna Carter épousa Dale Wilbourne. Le couple ne tarda pas à divorcer.
    En plus de sa petite amie, de nouveaux colocataires temporaires entrèrent dans la vie de Jack, dont deux acteurs très compétents qui joueraient de petits rôles dans ses films pendant les années qui suivraient Easy Rider  : Bill Duffy et Tom Newman.
    « La chambre de Jack était toujours très bien rangée, se souvient Duffy. Son bureau, où il passait son temps à écrire, était couvert de piles de livres. Il avait aussi une stéréo, et il était très ouvert et très généreux sur tous les plans. Il me faisait penser à un gamin, heureux de vivre, très facile à aborder. J’avais un problème d’alcool à l’époque et je me souviens très nettement que Jack était toujours là pour m’épauler. »
    Le circuit des fêtes continuait à s’agrandir. Les meilleures soirées avaient désormais lieu dans des maisons de Hollywood Hills ou sur la plage, à Malibu, où résidaient des membres plus établis du cercle qui ne cessait de s’élargir – Tuesday Weld, Larry Hagman et Robert Walker Jr. Tous les week-ends, Walker (autre enfant de Hollywood, fils de Robert Walker et de Jennifer Jones) ouvrait une caisse de Lafite-Rothschild 1959 pour ses invités, qui venaient chez lui pour nager, danser, jouer au frisbee ou tout simplement fixer l’océan Pacifique d’un œil vitreux. Invariablement, Jack et Sandra faisaient partie des convives.
    « Je me souviens avoir vu Jack très tôt,