Jack Nicholson
insignifiante, une autre voie sans issue pour lui. Son échec à la télé lui a laissé un goût amer.
Le pic de visibilité de Nicholson au petit écran se situe entre 1960 et 1962, avec des prises uniques dans des programmes tels que Sea Hunt, The Barbara Stanwyck Theater, Bonne chance M. Lucky, Tales of Wells Fargo, Bronco et Hawaiian Eye.
En général, il jouait le rôle du frère aux airs un peu niais qui avait des ennuis avec la police. Parfois, il était méconnaissable, caché derrière un masque, comme lorsqu’il jouait le rôle d’un saboteur dans l’épisode « Round Up » de Sea Hunt. Il s’attardait un peu dans la lumière des projecteurs, embrassant par exemple Judy Carne dans un épisode de la courte série Desilu, Fair Exchange.
Le grand moment de télévision de Jack fut probablement l’épisode « Total Eclipse » de Hawaiian Eye, diffusé en 1962. L’acteur, en beau-fils aliéné qui faisait partie des suspects d’un crime, avait une bonne scène de beuverie. Et au début de l’année 1966, Jack joua l’un de ses plus grands rôles à la télévision, apparaissant dans cinq épisodes du Jeune Docteur Kildare, série populaire dont la star était son ancien camarade des cours de Jeff Corey, Richard Chamberlain.
Fred Roos était devenu conseiller pour les castings de certaines séries télé, et il envoya Jack à plusieurs entretiens au milieu des années 1960. Quelques années auparavant, l’acteur était passionné, impatient et profondément sérieux lorsqu’il se rendait à des auditions. Désormais, son mélange de timidité intérieure et d’esprit de rébellion affiché rebutait les producteurs de télévision.
« Pendant les entretiens, il n’était pas comme ce à quoi ils étaient habitués, se souvient Roos. Il leur faisait un peu peur. Pas parce qu’il faisait des choses effrayantes, comme certains acteurs ténébreux, mais parce qu’il n’était pas humble. Il ne voulait pas se soumettre pour obtenir du travail. Il était un peu culotté. Et il ne correspondait pas à ce qu’on attendait des premiers rôles à l’époque. »
« J’ai réussi à lui obtenir quelques jobs en forçant un peu la main des producteurs. Mais après, parfois, ils m’en voulaient à mort. Il y avait ce type, au milieu de la série, qui faisait son "Jack Nicholson", ce qui ne correspondait pas du tout au style. Je me souviens qu’un jour, je lui ai eu un rôle dans The Guns of Will Sonnet et que le producteur Aaron Spelling m’en beaucoup voulu. Il m’a hurlé dessus quand il a vu ce qu’il avait fait, comme si j’avais ramené un cinglé chez lui. »
À la fin de cette période, en 1966 et 1967, Nicholson apparut dans deux épisodes de l’immortel The Andy Griffith Show : « Opie Finds a Baby » (1966) et « Aunt Bee, the Juror » (1967).
Dans « Opie Finds a Baby », le personnage joué par Jack et sa femme abandonnaient leur bébé sur le pas de l’une des portes de Mayberry. Dans « Aunt Bee, the Juror », Jack était convoqué au tribunal pour un menu larcin, et Tante Bee insistait pour qu’il soit jugé innocent. « Vous avez vu ses yeux ?, ronronnait Tante Bee. Une magnifique couleur noisette. » Voilà. Nous étions au milieu des folles sixties, et Jack Nicholson, ses longs cheveux lissés vers l’arrière, faisait l’un de ses éternels films mielleux qui aidaient à payer les factures.
Ce furent les dernières apparitions de Jack dans des séries ou téléfilms. Si la télévision ne l’aimait pas, eh bien, lui non plus n’aimait pas la télévision. À la fin des années 1960, Nicholson surprit ses amis en leur annonçant qu’il ne ferait plus jamais de télé « pour le principe ».
Et il alla même plus loin en jurant, après Easy Rider, qu’il ne se présenterait jamais à un talk-show xxiii . Aujourd’hui, Nicholson donne souvent et régulièrement des interviews à Rolling Stone, Vanity Fair et d’autres prestigieux magazines, mais il évite les émissions de télévision diffusées en soirée et fait rouler ses yeux noisette à la simple idée d’apparaître dans une série télé.
Son dégoût de la télévision transparaît dans plusieurs de ses films. Dans Head (coécrit et coproduit par Nicholson), les Monkees utilisent des haches et des marteaux pour détruire le symbole suprême de leur « image manufacturée » : un poste de télévision.
Dans l’une des scènes de Drive, He Said (coécrit et réalisé par
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