Jack Nicholson
Perkins, pour qui Epitaph avait été écrit, serait la star des deux films. Comme aux Philippines, Jack jouerait également dans les deux films.
Eastman intitula son script The Shooting. Il s’agissait presque d’un huis clos, avec seulement une poignée de cowboys dominés par une mystérieuse femme armée. Dans un vaste décor désolé, les personnages commettaient des actions bizarres et absurdes qui n’avaient aucune conséquence apparente.
Hellman et Nicholson se mirent d’accord sur le deuxième scénario : ce serait un clin d’œil à un film italien qu’ils admiraient tous deux, Bandits à Orgosolo, réalisé par Vittorio de Seta. Ce film, qui avait obtenu une renommée internationale en 1961, traitait d’un berger de Sardaigne qui abritait des bandits et finissait par rejoindre leur bande. Dans la version de Jack, qu’il avait intitulée Ride in the Whirlwind, ou L’ouragan de la vengeance, une suite d’évènements dramatiques était déclenchée par une bande de cambrioleurs qui abritait des cowboys innocents.
Après avoir touché l’avance de Corman, Hellman et Nicholson décidèrent d’agir vite. Ils prirent deux semaines au milieu du mois de février pour repérer les lieux de tournage et faire en voiture le tour de tous les décors traditionnels de westerns – les formations rocheuses des Alabama Hills près de Lone Pine, où avait été tournée la série Lone Ranger ; le cadre familier de Sedona, en Arizona, que Nicholson avait connu lors du tournage de The Broken Land ; les buttes et les pics spectaculaires de Monument Valley, au nord-est de l’Arizona et au sud de l’Utah, où John Ford avait mis en scène certains de ses classiques.
Tous deux avaient le sentiment qu’ils devaient choisir un endroit que les gens n’avaient pas encore trop vu à l’écran. À une trentaine de kilomètres de Kanab, dans l’Utah, dans les montagnes qui se trouvaient près du parc national de Zion, ils découvrirent un décor assez aride et accidenté pour répondre à leurs besoins.
De retour à Los Angeles, ils finirent de travailler sur les scripts et la pré-production. Corman avait réclamé des grands noms du box-office, ainsi que Millie Perkins – qui avait acquis un certain cachet depuis qu’elle avait joué dans Le journal d’Anne Frank en 1959, et co-présenté, cette même année, l’Oscar du meilleur réalisateur, avec Gary Cooper.
Will Hutchins, qu’ils avaient tous connu à des fêtes et qui avait obtenu un succès retentissant à la télévision dans le rôle de Sugarfoot, procurerait davantage d’attrait à The Shooting, tandis que Warren Oates assumerait le véritable premier rôle. Cameron Mitchell, dont la carrière dans le cinéma remontait à 1945 et comprenait de nombreux westerns, ferait quant à lui briller L’ouragan de la vengeance.
Le reste des acteurs et techniciens de L’ouragan était issu du cercle familial ou du cercle d’amis des cinéastes. Il y avait Rupert Crosse, un puissant acteur qu’ils connaissaient tous, et Harry Dean Stanton (qui se faisait toujours appeler Dean Stanton). De petits rôles furent confiés à John Hackett et à Walter Phelps, de l’équipe des Philippines, ainsi qu’à Charles Eastman et à B.J. Merholz, qui restèrent toute la durée du tournage pour donner un coup de main. Paul Lewis fit office de régisseur général.
Une fois l’équipe rassemblée, Hellman et Nicholson retournèrent à Kanab à la fin du mois d’avril pour sept à huit semaines d’un tournage qui durerait jusqu’au début de l’été 1965. Et ce tournage fut bohème, encore plus familial que celui des films philippins, presque une tranche de vie en communauté. Les personnes les plus importantes – notamment Hellman, Millie Perkins et Warren Oates – étaient venues avec leurs conjoints et leurs enfants. Sandra et Jennifer, qui n’avait pas tout à fait 2 ans, avaient accompagné Nicholson. Tout le monde résidait dans un pavillon situé à une demi-heure du lieu de tournage.
Par certains aspects, l’environnement de Kanab se révéla aussi dur que celui des Philippines. Les membres de l’équipe se levaient quasiment tous les jours à 5 heures et devaient se rendre en voiture puis à pied sur le plateau dans les montagnes. Ils devaient transporter beaucoup de matériel. L’altitude était éreintante. Bizarrement, il plut beaucoup. Le soir, ils mangeaient ensemble dans une gargote où le juke-box jouait Cloudy and Cool de Chet
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