Jack Nicholson
Nicholson), le personnage observe avec rage la parade d’un astronaute à la télévision avant de couper le poste en deux à l’aide d’une épée et de le lancer par la fenêtre. « C’est l’instrument de la mort de notre époque ! »
Dans Police frontière, Charlie Smith (Nicholson) taquine sa femme (Valerie Perrine) sur son habitude qui consiste à regarder la télévision toute la journée. « Qu’est-ce que tu penses vraiment de la télé ?, demande-t-elle. Je pense que ça craint », réplique Smith.
La scène climax de Shining nécessitait un trait d’esprit de la part du fou furieux Jack Torrance, qui défonce une porte à coups de hache pour essayer de tuer sa femme. C’est Nicholson qui a improvisé la réplique dont tout le monde se souvient, référence à The Tonight Show : « Voilà Johnny ! »
Tous les amis de Jack s’accordent à dire que s’il y a bien quelque chose que l’acteur ne supporte pas, c’est d’être rejeté ; et la télévision l’a incontestablement rejeté.
« Jack a commencé à dire "Je ne fais pas de télé" très, très tôt, quand il n’en avait pas encore le pouvoir, parce qu’il avait besoin d’argent, raconte Roos. Je me suis toujours dit qu’au départ, ça lui a fourni une bonne excuse pour expliquer pourquoi il n’arrivait pas à décrocher de rôles, pourquoi la télé l’avait plus ou moins rejeté. Et puis il a fini par y croire. »
Quand il vit les premières projections des films de Kanab, Roger Corman réalisa qu’il avait entre les mains deux westerns extrêmement atypiques. Il se dit qu’ils ne lui rapporteraient pas une somme assez importante pour justifier le maintien de son implication dans le projet. Corman s’arrangea donc rapidement pour vendre les droits de distribution aux États-Unis tout en conservant les perspectives plus brillantes qu’offrait le marché de l’Europe, où, d’après lui, le public se montrerait plus réceptif à l’égard de ces westerns intellectuels.
Il se trouvait que Pierre Rissient, éminent attaché de presse parisien et admirateur de Corman, était de passage à Los Angeles. Corman sauta sur l’occasion pour lui parler de Hellman et Nicholson et organiser une projection de The Shooting et L’ouragan de la vengeance. Les films plurent à Rissient, qui suggéra que les jeunes cinéastes tentent leur chance au Festival de Cannes, qui s’était toujours révélé être un bon tremplin pour les jeunes talents audacieux.
L’enthousiasme de Rissient fit naître un certain espoir chez Nicholson. Il devait déjà y avoir quelques tensions dans son mariage avec Sandra Knight, car Jack sembla heureux de saisir cette excuse pour quitter les États-Unis, en compagnie de Don Devlin, afin d’effectuer une tournée promotionnelle en France.
Rissient avait de bonnes relations dans le milieu du cinéma parisien. Il était associé avec Bertrand Tavernier, futur réalisateur d’ Autour de minuit et de quelques autres films mémorables ; et il comptait parmi ses amis proches Pierre Cottrell, qui deviendrait le producteur de remarquables films d’Éric Rohmer, Barbet Schroeder, etc.
En avril 1966, Nicholson et Devlin arrivèrent à Paris, et passèrent à la douane avec les pellicules des deux westerns cachées dans des boîtes à chapeau, car ils n’avaient pas les moyens de payer les taxes. Les deux Américains furent accueillis chez Cottrell. Quand Devlin déclara qu’il devait écourter son voyage et rentrer aux États-Unis, Jack, qui avait 750 dollars en poche, mais aussi la carte de crédit de Roos, décida de rester tandis que Rissient cherchait à susciter l’intérêt autour de The Shooting et L’ouragan de la vengeance.
Ce furent Rissient et Tavernier qui organisèrent la première projection publique des deux westerns au Palais de Chaillot, qui abritait la Cinémathèque française. Un groupe de vingt ou trente passionnés, qui comptait l’une des plus grandes personnalités de la « nouvelle vague », Jean-Luc Godard, se présenta pour assister à la projection de ces deux films américains d’un réalisateur dont certains avaient déjà entendu parler : Monte Hellman.
À cette époque, en France, des passionnés de cinéma se rassemblaient parfois pour visionner jusqu’à cinq ou six films par jour. Au sein de ces groupes, qui avaient leurs racines dans les influents magazines français des années 1950 qu’étaient Les Cahiers du cinéma et Positif, s’était
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