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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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une brune lentille, —encore une tentation,—au lobe de l'oreille gauche.
En fallait-il plus pour soulever bien des jalousies, bien des rivalités ! Ajoutez que Constance avait de la coquetterie jusqu'au bout de ses ongles menus, teintés comme une feuille de rose du Bengale ; et puis, capricieuse, volontaire, entêtée, emportée. Cartier l'avait peinte, d'un trait, à Charles de Mouy :—Des membres et un caractère de fer.
En dépit des coutumes bretonnes et au grand regret du vieux Morbihan, qui l'adorait, Constance était mise à la dernière mode française. Tandis que la bonne dame Catherine se contentait de la blanche coiffe, plate, à barbes, tombant sur les épaules, de la casaque de berlinge marron, ornée de ganses violettes, du justin garni, de la jupe courte, des bas à coins et de la grossière chaussure nationale, sa fille adoptive portait le chaperon de velours rouge, avec templettes parfîlées d'or ; l'élégante basquine de camelot de soie, sous une marlotte, doublée de pelleteries ; la vertugale en forme d'entonnoir renversé, la robe de drap bleu, taillée en carré et décolletée sur la poitrine, à manches retroussées et flottantes sous le coude, suivant le goût du jour ; enfin, elle avait des chausses ou bas écarlates et des escarpins de velours cramoisi, très-épatés du bout, très-découverts, avec engrelure imitant des barbes d'écrevisse.
C'était là le costume d'une noble demoiselle et non celui d'une bourgeoise.
    Mais Cartier tenait déjà quelque peu à la noblesse par son titre de pilote du roi, et par son alliance avec Catherine Desgranches. Si, plus d'une fois, les coûteuses fantaisies de Constance avaient fait murmurer dans la société qu'il fréquentait à Saint-Malo, jamais le brave capitaine n'avait su résister à un caprice de sa «fi-fille» chérie.
L'eût-il osé, il lui aurait mis sur les épaules un de ces magnifiques manteaux de vison blanc que, plus d'une fois, il avait rapportés des côtes de Terreneuve. Mais à cet égard les ordonnances étaient formelles. Seules les reines et les princesses du sang pouvaient se permettre pareil luxe. En revanche, il lui avait donné une superbe fourrure en petit-gris, que l'on voyait jetée sous son bras gauche, car, malgré la force de la brise, il faisait une chaleur toute vernale, dont on savourait, avec délices, les vivifiantes émanations après une longue et rigoureuse saison de froid.
Penchée mollement sur le garde-corps, Constance suivait, d'un oeil distrait, le ruban de moire argentée que le navire déroulait derrière lui, et agitait nonchalamment dans sa main droite son beau panache, bouquet de plumes d'autruches, qui servait aux dames d'éventail en été et d'écran en hiver.
—Enfin, se disait-elle, je vais être délivrée des importunités de ce pauvre Étienne. Ce n'est certes pas ma faute, à moi, si je ne puis l'aimer ! D'où lui est venue la folie de me vouloir épouser ? de me demander en mariage à son oncle ? Mais, si j'étais unie à lui, je le rendrais malheureux, très-malheureux. Cela est certain. Cependant, il m'eût été pénible de refuser sa main, quand je voyais tout le monde satisfait par cette alliance.
    Mais à moi, elle ne me souriait pas du tout, oh ! non, du tout. Et, n'eût été mon enlèvement hier, j'aurais, vraiment ; déclaré net mes intentions à l'heure des fiançailles...
Mon enlèvement ! répéta-t-elle à mi-voix et en souriant.
—Que dis-tu là, Constance ? demanda dame Catherine, qui avait entendu ces derniers mots.
—Oh ! rien, mère ; rien, répondit-elle négligemment.
—Tu songes, sans doute, qu'il est bien cruel de quitter ceux que l'on affectionne ?
—Bien cruel, en effet ; oui, mère, répliqua Constance d'un ton froid.
—Chère enfant, poursuivit dame Catherine, en jetant son bras autour de la taille souple et cambrée de la jeune fille, chère enfant, que j'aurais aimé à voir célébrer tes accordailles avec ce bon Étienne avant son départ ! Il me semble que tu ne serais plus aussi seule. Et puis nous serions deux pour soupirer, pour rêver à nos époux absents. La douleur partagée est moins lourde à porter. Mais Dieu ne l'a point voulu. Que sa volonté soit faite ! Tout était prêt, hier soir, pour la cérémonie, néanmoins, et sans cet enlèvement, comme tu disais, il y a un instant...
—Ah ! mère, regarde donc ! s'écria tout à coup Constance à qui cet entretien ne plaisait guère.
—Qu'y a-t-il ? fit dame

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