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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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accompagné des principaux ecclésiastiques de son diocèse, également revêtus des ornements sacrés de leur ministère.
Ils venaient bénir l'expédition.
La seconde barque portait le vice-amiral, messire Charles de Mouy, sieur de la Meilleraye, couvert des insignes de son rang, et escorté par un brillant état-major.
Enfin, dans la troisième, on voyait dame Catherine, le coeur bien affligé, sous ses attifets de fête, Constance, sa fille adoptive, toute rayonnante de beauté, et divers membres de la famille Cartier.
Une salve d'artillerie annonça que les embarcations quittaient terre, dans une anse, alors ouverte près du môle actuel des Noirs.
Immédiatement, à la flèche du grand mât de chacun des brigs, se déploya dans toute sa majesté l'oriflamme royale : blanche, semée de fleurs de lis d'or, chargée des armes de France, entourées des colliers des ordres Saint-Michel et du Saint-Esprit, et deux anges pour support.
    Dix coups de canon appuyèrent cette démonstration et les tambours battirent aux champs.
—Terr i ben ! mâchonna Jean Morbihan entre ses dents, à la vue des couleurs de France flottant au-dessus de sa tête.
Pour qu'il se laissât aller à articuler ce redoutable juron, il fallait que le vieux Breton fût terriblement exaspéré. Mais, nous l'avons dit, il était réfractaire à toute idée de sujétion à la France. Aussi lui, qui se montra plein de déférence, d'humilité pour l'évoque, quand il aborda le navire de Jacques Cartier, affecta-t-il d'être gourmé et raide comme une barre de guindeau, à l'arrivée de messire Charles de Mouy, sieur de la Meilleraye.
Un autel avait été érigé sur le gaillard d'arrière. Le prélat dit une courte messe, que tout le monde entendit à genoux, et bénit les équipages et leurs bâtiments.
Ensuite, les hommes s'étant relevés, et ayant repris leurs rangs, le vice-amiral les passa en revue. Satisfait de cette inspection, dont il témoigna hautement son contentement, Charles de Mouy adressa aux mariniers une brève allocution pour leur recommander l'activité, la docilité et la soumission. Puis, tirant son épée, et la dressant en l'air :
—Jurez, leur dit-il, de toujours demeurer les féaux serviteurs de François, premier du nom, roi de France par la grâce de Dieu, et de vous comporter fidèlement à son service, sous le commandement général de maître Jacques Cartier, son bien-aimé pilote, chargé de ses pleins pouvoirs et autorité, dans l'entreprise pour laquelle vous vous êtes engagés.
—Le roi de France ! le roi de France, mais, min Gieu, ce n'est pas mon roi, grommelait Jean Morbihan, debout à la barre du gouvernail.
Et se penchant à l'oreille de Cartier, placé devant lui ;
    —Dites, maître, faut-il que je jure aussi ?
—Eh ! sans doute ! répondit celui-ci, impatienté de la longueur de la cérémonie ; car il craignait que le vent, qui était alors excellent pour débouquer du golfe, ne tournât une seconde fois.
—Bah ! pensa l'entêté timonier, personne ne fait attention à moi, je ne jure pas ; non da !
Le serment prêté, Charles de Mouy accola cordialement Jacques Cartier ; lui souhaita un heureux succès, et quitta le navire, en même temps que le clergé de Saint-Malo [Je ne sais, vraiment, pourquoi, dans l'édition Tross (1868) du premier voyage de Cartier, on a reproduit ce sommaire absurde du premier chapitre, qui se trouve dans une édition fautive :
«Comme messire Charles de Mouy, Chevalier, partit avec deux navires de Saint-Malo, et comme il arriva en la terre neuve, appelée la Françoise, et entra au port de Bonne-Vue.»].
Jamais Charles de Mouy, vice-amiral de France, ne s'embarqua pour les «terres neuves.» Cela ne fait pas de doute. Il se contenta d'appuyer Cartier de son crédit et de passer en revue ses équipages. C'est ce que déclarent avec raison MM. Cunat, Garneau (Histoire du Canada), L. Guérin, etc.
Le sommaire de la même relation publié par la Société littéraire et historique de Québec est conforme à la vérité.
Le voici :
«Comme le capitaine Jacques Cartier partit avec deux navires de Saint-Malo, et comme il arriva en la Terre-Neuve et entra au port de Bonne-Vue.»
Le capitaine Jalobert étant retourné à son bord, avec ses gens, outre l'équipage ordinaire, il ne resta plus sur le brig de Cartier que dame Catherine et Constance, lesquelles voulurent accompagner Jacques jusqu'à la sortie de la rade, malgré l'avis de celui-ci qui craignait un

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