Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
Vom Netzwerk:
octobre, notre capitaine leur rendit cette visite avec cinquante compagnons, à Stadacone, distant d'une petite lieue du fort. Stadacone est un petit village, non palissadé comme Hochelaga. Dans la maison de Donnacona, nous furent montrées les peaux de cinq têtes d'hommes, étendues sur du bois, comme peaux de tambour. Quelle horreur ! Ces sauvages ne semblent cependant pas très-cruels. Ils nous contèrent qu'ils avaient pris ces hideux trophées à leurs ennemis, les Trudamans, peuples féroces avec lesquels ils sont en guerre.
«Les Canadians n'ont aucune créance de Dieu.
    Mais ils adorent le diable, sous la désignation de Cudragny. Toutefois, ils se feraient volontiers baptiser. Ils en ont prie le capitaine, qui leur a promis qu'à un autre voyage il leur apporterait des prêtres et du chrême. Donnacona s'est montré très-content de cette promesse.
«Vous ne serez peut-être pas fâchée de savoir comment ils vivent, ma cousine. Leur mode diffère totalement de la nôtre. Ils sont en communauté de biens et admettent la pluralité des femmes, comme les Musulmans. Ce qui est un crime épouvantable. Les filles se comportent avec une liberté indécente ; pour elles, c'est honneur d'avoir quantité de galants [«Ils ont, dit la Relation de Jacques Cartier, une aultre coustume fort mauvaise de leurs filles, car depuis qu'elles sont d'aage d'aller à l'homme, elles sont toutes mises en une maison, habandonnées à tout le monde qui en veult jusques à ce qu'elles aient trouvé leur party. Et tout ce avons veu par expérience, car nous avons veu les maisons pleines des dictes filles, comme est une eschole de garsons en France. Et davantage le hazard selon leur mode tient lesdictes maisons où ils jouent tout ce qu'ilz ont, jusques à la de leur nature.»—Note de l'éditeur.].
«Les hommes sont joueurs effrénés. Ils chassent, pêchent, font la guerre, mais ne travaillent point le sol.
Cette rude besogne est réservée aux femmes. Elles labourent les champs avec un petit bois de la grandeur d'une demi-épée, et qu'ils appellent osizy. Leur blé est gros comme pois, jaune d'or quand il est mûr, l'épi long de cinq à six pouces, la tige haute comme une lance. Ils consomment ces épis grillés au feu, ou battent les grains avec des pilons, les mettent en pâte, en font des tourteaux qu'ils cuisent sur des pierres chaudes.
    En général, ils mangent les aliments crus ou boucanés à la fumée de leurs feux.
«Les Canadians sont tout à fait malpropres, allant souvent nus l'été ou se couvrant à peine. Je puis vous assurer, ma charmante cousine, que leurs agruestes (ou dames) n'ont rien de séduisant, quoi qu'en aient maints gentilshommes de notre équipage, et quoiqu'elles se barbouillent la face de peintures et s'ornent d'esurgny, sorte de coquille dont ils font grand cas. Ces esurgny sont pour eux bijoux précieux et monnaie courante. Ils se les procurent ainsi : quand un homme a mérité la mort, ils le tuent, puis l'incisent, à grandes taillades, dans les parties charnues du corps, ils le jettent au fond de l'eau, au lieu où gisent lesdits esurgny. On l'y laisse dix ou douze heures. Ensuite, on le retire. Et, dans les incisions, se trouvent les coquilles en question, qu'ils taillent et façonnent à leur convenance [Ces esurgny sont des ouampums ou coquilles, fort estimés encore aujourd'hui de tous les Indiens de l'Amérique septentrionale.]. On leur accorde la propriété d'étancher le sang du nez. N'est-ce pas merveilleux, ma cousine ? Il est chose qui l'est plus encore. C'est ce qu'a conté Donnacona à notre capitaine, de la terre de Saguenay, où sont les hommes blancs comme en France et accoutrés de drap de laine et où il y a infini or, rubis et autres richesses. Il dit encore, car il a beaucoup voyagé, avoir vu un pays dont les habitants ne mangent point, sans pour cela se mal porter ; et même un pays de Picquemyans où les gens n'ont qu'une jambe, ce qui ne les empêche pas démarcher !
«Je n'en finirais pas si je voulais vous refaire tous les beaux récits que nous avons ouïs, tant à Stadacone qu'à Hochelaga.
    J'en réserve et des meilleurs, ma Constance, pour l'heure fortunée où, tout à notre aise, nous pourrons babiller ensemble.
«Je ne vous cèlerai pas alors la beauté du ciel durant l'été, la bonté du sol et les agréments de cette contrée si peu connue. Mais il me faudra aussi vous parler de ses incommodités, des épouvantables rigueurs du climat, du terrible

Weitere Kostenlose Bücher