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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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Toutes donnaient sur un corridor intermédiaire, aboutissant, au milieu de la hutte, à un foyer commun. Des claies, étendues sous le plafond, tenaient lieu de grenier. Pour conserver les vivres, il y avait de grands vaisseaux semblables à des tonnes.
Cartier fit son entrée, a travers les flots pressés de toute la population. On le conduisit sur la place. Elle était carrée et occupait le centre du village.
Après les saluts d'usage parmi ces nations, les sauvages s'accroupirent auprès des Français, et plusieurs femmes étalèrent les nattes par terre pour les faire asseoir ù leur tour. «Le roi ou Agouhanna parut, un instant après, porté par une dizaine d'hommes, qui déployèrent une peau de cerf et le placèrent dessus.
    Il était âgé de cinquante ans environ et perclus de tous les membres. Rien ne le distinguait de ses sujets, si ce n'est qu'il avait sur la tête «une manière de lisière rouge pour sa couronne, faite en poil de hérisson.»
Après avoir salué Cartier et sa suite, il leur fît, dit M. Garneau [Histoire du Canada.], comprendre par ses signes que leur arrivée lui causait beaucoup de plaisir ; et, comme il était souffrant, il montra ses bras et ses jambes à Cartier, en le priant de les toucher. Celui-ci les frotta avec ses mains. Ce que voyant, l'Agouhanna prit le bandeau qu'il avait sur la tête et le lui présenta, pendant que les aveugles, borgnes, boiteux, impotents, se serraient contre le capitaine français dans l'espoir de se soulager par son contact : «Tellement qu'il semblait que Dieu feust la descendu pour les guérir.»
Dans sa profonde piété, Jacques Cartier s'agenouilla avec tous les siens, fit le signe de la croix sur les malades, récita l'Evangile selon saint Jean, et pria le Seigneur d'accorder à ces pauvres gens la grâce de recevoir un jour le baptême. Ensuite, prenant un livre d'Heures, il lut tout haut la Passion de Jésus-Christ.
Les naturels observaient un silence religieux. Ils parurent comprendre l'imposante grandeur de cette scène.
Les oraisons terminées, on leur distribua dus hachots, des couteaux, des patenôtres et «autres menues besognes,» puis ou jeta aux petits enfants des bagues, des agnus Dei d'étain. Enfin, pour couronner la cérémonie, le capitaine «ordonna sonner les trompettes et autres instruments de musique.»
Déjà électrisés par tant de prodiges, ces sauvages n'y tinrent plus.
    Et, dans leur enthousiasme, ils baisèrent jusqu'à la trace des pas des étrangers. Ils auraient bien voulu les faire manger. Pour cela, ils avaient apprêté du poisson, des potages, des fèves ; mais, après y avoir tâté, les Français, ne trouvant pas les mets de leur goût, déclinèrent poliment l'invitation.
Parmi les femmes, plusieurs étaient, sinon jolies, du moins accortes et provoquantes. Aussi quelques-uns de nos gentilshommes n'auraient-ils pas été fâchés de resserrer les liens de la connaissance ; malheureusement pour leurs velléités amoureuses, le capitaine était infatigable. Tout entier a ses desseins, il ne souffrait de délassement ni pour lui, ni pour ses compagnons.
Le Mont-Royal devait dominer une vaste étendue de territoire. Cartier se fit mener incontinent à la cime. De cette hauteur, en effet, l'oeil embrasse un horizon immense de tous les côtés, excepté au nord-ouest où il est borné par des montagnes bleuâtres.
Vers le centre de ce tableau, que sillonne le Saint-Laurent, s'élancent quelques pics isolés. De la main, les sauvages enseignèrent à Cartier le point où naissait le fleuve et les endroits où la navigation en était interrompue par des cascades. Partout le pays lui parut propre à la culture. Dans la direction du nord-ouest ils lui indiquèrent la rivière des Outaouais. Au sud, ajoutèrent-ils, il y a une contrée abondante en fruits exquis et où la neige et la glace sont inconnues. Sans qu'on leur demandât, ils prirent la chaîne du sifflet du capitaine «qui était d'argent et un manche de poignard, lequel était de laiton jaune comme or et montrèrent que cela venait d'amont ledit fleuve.» On leur présenta du cuivre rouge ; leur geste désigna le Saguenay comme son lieu de provenance.
Satisfait de ces informations, Jacques Cartier refusa de céder aux instances des sauvages, qui le suppliaient de demeurer quelques jours parmi eux.
    Plus d'un gentilhomme n'en eût pas été marri. Mais le capitaine enjoignit à son monde de regagner aussitôt les barques.
Les indigènes suivirent leurs

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