Je Suis à L'Est !
strictement rien, si vous êtes là , si vous écoutez, elles seront souvent heureuses de montrer ce quâelles savent. Et si vous avez le courage dâaller faire du shopping avec elles et de les écouter parler de vêtements, vous vous ferez des copines pour la vie.
Quant à moi, jâétablis parfois des liens avec les petits vieux. « Petits vieux », une expression affectueuse, bien sûr. Même avec des personnes qui ont Alzheimer. Souvent, ce sont des gens exclus, qui ne pensaient pas pouvoir bavarder avec un jeune. Pourtant, ils ont une expérience de vie, des choses à raconter. Peut-être quâil sâagit dâun cliché, mais je crois que, souvent, les personnes âgées ont un langage qui cadre bien avec celui que jâavais quand jâétais gamin ou ado.
Jeux de regard, jeux dâémotions
Lâune des choses les plus difficiles pour les personnes avec autisme, ce sont sans doute les jeux de regards. Dans chaque langue, il y a des milliers dâexpressions qui tournent autour du regard : que veut dire « avoir un regard glacial », « fusiller quelquâun du regard » ? Ne vous moquez pas des autistes qui ne les comprennent pas : sauriez-vous les expliciter ? En quoi des yeux sont-ils « revolver » ? La réponse est souvent : cela se sent, cela se voit, câest évident. Alors quâil nây a absolument rien dâévident là -dessous. Il est aisé dâimaginer toutes les méprises sociales qui peuvent avoir lieu sur ces points.
Les personnes avec autisme ont souvent beaucoup de mal à regarder les autres personnes dans les yeux, et donc le regard peut être posé sur des endroits inhabituels. Cela peut passer pour de la malhonnêteté ou de la duplicité, alors que ce nâest pas le cas. Des personnes avec autisme peuvent facilement vous parler en vous tournant le dos, ce qui est perçu socialement comme une offense majeure, alors que, là encore, telle nâétait pas leur intention. La règle exigeant de regarder son interlocuteur nâest pourtant pas absolue : il ne faut ainsi pas le regarder de manière ininterrompue.
Que faire face à tant de complications ? Pour ma part, jâai bouquiné des ouvrages sur le management où des choses analogues sont expliquées. Lâune des astuces consiste à regarder un point situé entre les deux yeux de lâautre personne pendant une vingtaine de secondes, puis baisser le regard, puis regarder à nouveau dans la direction première. A priori , cela peut marcher, mais vous ne devez pas suivre votre montre en plein entretien dâembauche pour savoir si les vingt secondes sont écoulées. La vie peut être fort complexe, et avoir bien des traits de la comédie sociale.
En plus du regard, il convient de savoir lire les émotions sur le visage de lâautre. Il serait abusif de dire que cette aptitude est absente chez les personnes autistes : elle est plus apprise que spontanée, donc les erreurs de lecture sont plus fréquentes. Concrètement, quand vous voyez quelquâun en train de pleurer, quelle attitude adopter ? Quand quelquâun vous parle avec une certaine expression du visage, il est peut-être en train de faire de lâironie. De vous approuver ou désapprouver. Sans une bonne compréhension de ces indices, le risque dâéchec social est grand.
Toutefois, de fait, les émotions réelles de la personne ne correspondent pas toujours à son visage. Les gens sont très adroits pour afficher une certaine émotion qui nâest pas réelle. De plus, ce codage des émotions est en grande partie culturellement déterminé. On ne sourit pas à la même fréquence et pour les mêmes raisons au Japon, en Europe ou au Moyen-Orient. Toutes ces situations demandent un sacré apprentissage. Cela étant, les personnes avec autisme peuvent avoir au moins un avantage : habituées à apprendre les expressions du visage, il peut ne pas leur être plus compliqué dâapprendre celles dâautres cultures, là où ceux qui comptent sur leur lecture « intuitive » auront plus de mal à sâen déshabituer.
Bises et salutations
à quelle distance convient-il dâêtre pour saluer son interlocuteur ? Elle dépend, de fait, de paramètres
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