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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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maîtresse. À la fin, ma mère
intervint, me corrompant à coups de sucreries en échange de ma participation. Je
regardai le sol pendant tout le temps que je fus sur scène, mais cela n’empêcha
pas mes parents de me dire après qu’ils étaient fiers de moi. La représentation
finie, je ne voulais plus enlever le costume, et mes parents durent persuader
la maîtresse de le leur prêter pour les vacances de Noël. Cette nuit-là, et
toutes celles qui suivirent jusqu’au Nouvel An, je dormis avec mon costume de
berger et mon chapeau.
    * * *
    Étudier en classe ne fut pas chose facile :
j’avais beaucoup de mal à me concentrer quand les autres enfants parlaient
entre eux et quand des gens passaient et repassaient dans le couloir. Je
trouvais dur de filtrer tous ces bruits extérieurs et je mettais régulièrement
mes mains sur mes oreilles pour me concentrer. Mon frère Steven a les mêmes
problèmes et utilise des boules Quiès quand il veut lire ou penser.
    Quand j’écris, je m’absorbe dans chaque
lettre, chaque mot, chaque phrase. Si je remarque une tache ou une faute, j’efface
tout et je recommence. Cette exigence de perfection fait que je travaille
parfois à une vitesse d’escargot, finissant une leçon dans un état proche de l’épuisement,
sans que pourtant rien le justifie. Je ne me suis jamais inquiété que la
maîtresse me considère comme paresseux ou incapable et je ne me suis jamais
préoccupé de ce que les autres enfants pouvaient penser. Sans compter que je ne
comprenais pas que les erreurs pouvaient être source d’apprentissage.
    L’écriture était toujours fastidieuse. Certaines
lettres, le g et le k en particulier, étaient fatigantes parce
que je n’arrivais pas à me rappeler comment il fallait faire. Je m’entraînais à
écrire des lignes et des lignes de g et de k , feuille après
feuille, mais leur boucle et leur « bras » n’étaient pas naturels
pour moi et il me fallut beaucoup de temps avant d’être capable de les réaliser
avec confiance. J’étais à la traîne, incapable d’écrire des mots en reliant les
lettres les unes aux autres. Si les lettres étaient déjà difficiles une à une, les
combinaisons telles gh et th étaient impossibles à exécuter d’une
seule traite. Même aujourd’hui, j’écris la plupart des lettres d’un mot l’une
après l’autre.
    L’un des exercices les plus courants
consistait à emporter à la maison une vieille boîte remplie de bouts de papier.
Sur chaque papier, un mot sur lequel il fallait s’entraîner. On nous faisait
passer des tests toutes les semaines pour vérifier que le travail avait été
effectué. J’ai toujours très bien réussi ces tests, parce que je visualisais
chaque mot dans ma tête en partant de la forme des lettres. Le mot dog (chien)
par exemple est fait de trois cercles avec une barre ascendante sur le premier
et une boucle descendante sur le dernier. Le mot ressemble de fait assez à un
chien si vous imaginez la barre ascendante en lieu et place de l’oreille et la
boucle descendante comme une queue. Les palindromes  – des mots qu’on
épelle de la même manière à l’endroit qu’à l’envers, comme mum (maman) et noon (midi) – me semblaient spécialement beaux et comptaient parmi mes préférés.
    Depuis mon entrée à l’école, j’ai
développé un grand amour et une fascination pour les contes. Les intrigues et
les illustrations très détaillées remplissent mon esprit d’images mentales :
villes submergées par du porridge et princesses dormant sur des lits hauts d’une
centaine de matelas (avec un petit pois en dessous). L’un de mes contes
préférés était le fameux RumpelstUtskin des frères Grimm. Au moment d’aller
me coucher, j’adorais entendre mes parents lire à haute voix les noms à consonance
exotique que la reine devine être ceux du petit homme étranger qui cherche de l’or :
Kasper, Melchior, Belshazzar, Sheepshanks, Cruiskhanks, Spindleshamks…
    Un autre conte qui me touchait beaucoup : La Soupe aux cailloux . Un soldat errant arrive dans un village et
demande le gîte et le couvert. Les villageois, avares et peureux, ne lui donnent
ni l’un, ni l’autre. Le soldat déclare qu’il va donc faire de la soupe de
cailloux et qu’il n’a besoin de rien sinon d’un chaudron, d’eau et d’un caillou.
Les villageois se rassemblent et le soldat commence à préparer sa soupe en se
pourléchant les babines à l’avance. « Bien sûr, la

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