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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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quand mes frères et sœurs couraient
ensemble sous le soleil, je restais assis par terre, jambes croisées et mains
sur mes genoux. Le tapis était épais, pelucheux et profond. Je frottais souvent
le dos de mes mains contre sa surface parce que j’aimais sentir sa texture sur
ma peau. Pendant les périodes chaudes, la lumière du soleil envahissait la
chambre, brillante, révélant les nuages de poussière flottant dans l’air autour
de moi comme si la lumière elle-même était solide. Je m’asseyais, calme et silencieux,
pendant des heures, je voyais bientôt les différentes teintes qui se mélangeaient,
le flux et le reflux des couleurs sur les murs et les meubles à mesure que le
jour passait. Je regardais couler le temps.
    Connaissant mon obsession des nombres, ma
mère m’offrit un livre de problèmes mathématiques pour les enfants, déniché
dans une boutique d’occasions. Je me souviens que c’était au moment où je
commençais l’école primaire, parce que Mr Thraves  – mon instituteur
 – me menaça de représailles si j’apportais le livre en classe. Il
estimait que je passais trop de temps à penser aux nombres et pas assez à
participer à la vie de la classe avec les autres  – et bien sûr, il avait
raison.
    L’un des exercices du livre était
celui-ci : il y a vingt-sept personnes dans une pièce et chacune serre la
main aux autres. Combien y a-t-il de poignées de main ?
    Quand je lisais cet exercice, je fermais
les yeux et imaginais deux hommes dans une grande bulle, puis une moitié de
bulle coincée dans le flanc de cette première bulle, avec une troisième
personne dedans. Le couple de la grande bulle se serrait la main puis serrait
celle du troisième homme de la moitié de bulle. Cela signifiait trois poignées
de main pour trois personnes. Puis j’imaginais une deuxième moitié de bulle
avec une quatrième personne. Les deux personnes de la grande bulle devaient lui
serrer la main, puis la première personne de la première moitié de bulle. Cela
faisait six poignées de main pour quatre personnes. Je continuais de la même
façon, imaginant deux hommes supplémentaires, chacun dans sa moitié de bulle, de
façon à faire six personnes et quinze poignées de main. La suite de poignées de
main ressemblait à cela :
    1, 3, 6, 10, 15…
    Et je réalisais qu’il s’agissait de
nombres triangulaires. Ce sont des nombres que l’on peut arranger de façon à
former un triangle quand on les représente selon une série de points. Ainsi :

    Les nombres triangulaires se forment de
la sorte : 1 + 2 + 3 + 4 + 5… sachant que 1 + 2 = 3, 1 + 2 + 3 = 6, 1+2+3+4
= 10, etc. On remarque que deux nombres triangulaires consécutifs font un carré,
ainsi 6 + 10 = 16 (4 x 4) et 10 + 15 = 25 (5 x 5). Pour s’en rendre compte, il
suffit de renverser le 6, de sorte qu’il s’adapte dans le coin droit au-dessus
du 10.

    Ayant compris que la réponse au problème
des poignées de main était un nombre triangulaire, j’en déduisis un modèle qui
allait m’aider à trouver la solution. Tout d’abord, je savais que le premier
nombre triangulaire  – 1  – commençait avec deux personnes, le
minimum pour une poignée de main. Si la suite de nombres triangulaires
commençait à deux personnes, alors le vingt-sixième nombre de la suite devait
coïncider avec le nombre de poignées de main générées par trente-sept personnes
se serrant la main.
    C’est alors que je vis que 10, le
quatrième nombre de la suite, avait un rapport avec 4 : 4 + 1 x 4/2, et
cela valait pour tous les nombres de la suite. Par exemple 15, le cinquième
nombre triangulaire =5 + 1 x 5/2. Alors la réponse au problème équivalait à 26
+ 1 x 26/2 = 27 x 13 = 351 poignées de main.
    J’adorais résoudre ces problèmes. Ils m’emmenaient
dans des régions mathématiques que l’école n’abordait pas. Je passais des
heures à travailler et à réfléchir à la question, en classe, dans la cour de
récréation ou à la maison. Dans ces pages, je trouvais le sens du plaisir et la
paix. Pour un temps, le livre de problèmes et moi fûmes inséparables.
    ~
    L’une des plus grandes sources de
frustration de mes parents était mon obsession des collections. Je
collectionnais différentes choses, comme les marrons brillants et bruns qui à l’automne
tombaient en grande quantité des arbres qui bordaient la longue route près de
la maison. Du plus loin que je me souvienne, les arbres ont toujours été

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