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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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point brillant.
Quand les quatre cartes d’un ensemble sont sorties, la forme mentale de cet
ensemble de cartes disparaît.
    Les cartes illustrent une qualité
particulière des nombres premiers  – leur distribution inégale. Dans le
jeu, certaines valeurs totales d’une pile sont meilleures que d’autres. Par
exemple, un total de 44 est meilleur qu’un total de 34, parce que de 44, le
joueur ne peut atteindre que deux nombres premiers  – 47 et 53. De 34, en
revanche, il est possible d’en atteindre quatre  – 37, 41, 43 et 47
 – soit deux fois plus. Une valeur totale de 100 est particulièrement
ingrate parce qu’il est possible de toucher cinq nombres premiers avec la carte
suivante : 101, 103, 107, 109 et 113 (avec un as, un 3, un 7, un 9 et un
roi, respectivement).
    Mes parents s’inquiétaient toujours que
je passe trop de temps tout seul dans ma chambre et que je ne fasse aucun
effort pour être avec les autres enfants. Ma mère entretenait des relations
amicales avec une femme qui vivait quelques maisons plus bas et qui avait une
fille de mon âge. Un jour, elle me prit par la main pour aller lui rendre
visite et faire la connaissance de sa fille pendant que les deux femmes
discuteraient en buvant un thé. À chaque fois que je commençais à parler des
choses qui m’intéressaient, la petite fille m’interrompait, ce qui m’énervait
beaucoup. Je n’arrivais pas à faire sortir les mots de l’intérieur de ma tête. C’était
comme si on m’empêchait de respirer. Alors je commençai à devenir tout rouge, ce
qui la fit rire. Je rougis d’autant plus et soudain je fus très énervé, je me
levai et la frappai. Elle se mit à pleurer. Évidemment, je ne fus pas réinvité.
    Ma mère encouragea alors mon frère Lee à
me laisser l’accompagner quand il jouait avec ses camarades. Son meilleur ami
était un garçon nommé Eddie, qui vivait à deux rues de chez nous. La plupart du
temps, mon frère et Eddie jouaient dans le jardin d’Eddie  – il avait
beaucoup plus de jouets que nous  –, et ils aimaient jouer au ping-pong ou
au football. Pendant ce temps, je m’asseyais sur la balançoire et me berçais d’avant
en arrière.
    L’été, Lee partit avec la famille d’Eddie
pour une semaine de vacances sur la côte. Ma mère suggéra que j’aille avec eux
et la mère d’Eddie était très heureuse de m’accueillir. J’hésitais parce que je
n’aimais pas l’idée de partir de la maison, mais ma mère insista, espérant que
cela me donnerait de l’assurance. Après beaucoup de persuasion, douce bien qu’incessante,
je donnai mon accord.
    Tout semblait devoir se dérouler pour le
mieux à notre arrivée. Le temps était chaud et clair, la famille d’Eddie était
très gentille et attentionnée avec moi. Mais après seulement une journée loin
de la maison, je ressentis un sentiment de nostalgie grandissant et je voulus
parler à ma mère. Il y avait une cabine téléphonique tout près et j’utilisai la
monnaie que j’avais dans mes poches pour l’appeler. Elle répondit et m’entendit
pleurer dans le combiné. Elle voulait savoir ce qui n’allait pas mais je pus
seulement répondre que je ne me sentais pas bien et que je voulais rentrer à la
maison. Après quelques minutes, je n’avais presque plus de monnaie et je lui
demandai de rappeler. Je raccrochai et attendis. Je n’avais pas réalisé qu’elle
ne pouvait pas connaître le numéro de téléphone puisque je ne le lui avais pas
donné. J’attendis, encore et encore, restant près du téléphone pendant plus d’une
heure avant de m’éloigner finalement. Le reste des vacances se passa dans un
torrent de larmes. La mère d’Eddie était frustrée et ennuyée que je ne veuille
pas me joindre à eux, mais je passais le plus clair de mon temps tout seul, dans
la chambre où la famille dormait, assis par terre, les mains sur mes yeux. Ce
furent mes premières et dernières vacances avec Eddie et sa famille.
    Pendant la plus grande partie de mon
enfance, mes frères et sœurs furent mes amis. Même s’ils étaient capables de
lancer et de rattraper une balle mieux que moi, même s’ils s’étaient fait des
amis longtemps avant moi à l’école, ils m’aimaient parce que j’étais leur grand
frère et que je pouvais leur lire des histoires. Ils apprirent avec le temps à
m’entraîner à faire des choses avec eux, des choses dont ils savaient que je
les aimerais et auxquelles je pourrais pleinement

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