Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
Vom Netzwerk:
l’Université,
elle me répondit qu’elle était déçue. À cette époque, mes parents n’étaient pas
sûrs que je serais parfaitement capable de m’adapter aux exigences du monde
extérieur. Après tout, je trouvais toujours que les plus petites choses  –
comme me brosser les dents ou me raser  – requéraient beaucoup de temps et
d’efforts.
    Chaque jour, je lisais les dernières
pages du journal, à la recherche d’offres d’emploi. À l’école, j’avais dit au
conseiller d’orientation qu’un jour j’aimerais être une sorte de facteur ou de
bibliothécaire. L’idée de travailler dans un centre de tri, de mettre des
lettres dans la boîte correspondante, ou dans une bibliothèque, entouré de mots
et de nombres, dans des environnements structurés, logiques et calmes, m’avait
toujours semblé la meilleure. Mais les bibliothèques de mon quartier ne recrutaient
pas ou demandaient des qualifications que je n’avais pas. Je vis alors dans le
journal une toute petite annonce qui cherchait des personnes intéressées par du
volontariat à l’étranger. J’avais tant lu sur les différents pays dans le monde
 – je connaissais toutes les capitales européennes par cœur  – que l’idée
de vivre et de travailler dans un autre pays me parut une perspective à la fois
effrayante et très excitante. C’était déjà un grand pas pour moi de l’envisager,
mais je savais que je ne voulais pas vivre avec mes parents pour toujours.
    J’en discutai avec la famille. Ils n’étaient
pas sûrs que ce soit une bonne idée, mais on me dit que je pouvais toujours
appeler le numéro de téléphone indiqué dans l’annonce pour avoir plus d’informations.
Quelques jours plus tard, des prospectus furent glissés sous la porte. C’était
la branche jeunesse du Service volontaire à l’Étranger [13] , organisation caritative internationale, qui avait fait passer l’annonce.
Elle recherchait plus particulièrement des jeunes gens issus de quartiers
défavorisés à qui elle offrait l’occasion d’aller travailler à l’étranger
 – ce qu’ils n’auraient pas pu faire, autrement. Les candidats sélectionnés
seraient envoyés en Europe de l’Est, on leur donnerait une formation et on les
paierait pendant le temps de leur mission. J’eus d’autres conversations avec ma
famille, je remplis le formulaire de candidature et attendis une réponse.
    Je me sentais très angoissé à l’idée de
quitter ma famille et de partir pour une nouvelle vie, à des milliers de
kilomètres, dans un autre pays. Mais j’étais un adulte à présent, et je savais
que je devais faire quelque chose si je voulais un jour m’évader de ma chambre
d’enfant et trouver ma voie dans le vaste monde. Mon
ami allemand, Jens, m’encouragea à voyager comme il l’avait fait en
Grande-Bretagne. Il prétendait que cette expérience me donnerait de l’assurance
et m’ouvrirait aux autres. De fait, j’espérais vraiment qu’en voyageant à l’étranger,
j’en apprendrais plus sur moi, sur le genre de personne que j’étais.
    Une lettre arriva, disant que ma
candidature avait été présélectionnée. On m’attendait pour un entretien dans le
centre de Londres. Ce jour-là, mes parents me donnèrent de l’argent pour un
taxi, afin que je ne sois pas en retard. Mon père m’aida à faire le nœud de ma
cravate et j’enfilai une chemise neuve et un pantalon. J’avais oublié d’enlever
l’étiquette de ma chemise, qui était restée dans mon dos, et je me grattai
jusqu’à ce que ma peau soit rouge et me fasse mal. Arrivé à l’immeuble du VSO, je
pris l’ascenseur en regardant les numéros s’afficher sur le petit écran, en
haut, puis j’arrivai à la réception et je donnai mon nom. La dame feuilleta
quelques pages, traça un bâtonnet avec de l’encre violette et me demanda de
prendre un siège. Je savais que ce qu’elle voulait dire était « Asseyez-vous »
 – et pas prendre un siège au sens propre, dans la salle d’attente.
Je passai devant son comptoir, je m’assis et j’attendis.
    La salle d’attente était étroite et
sombre parce que les fenêtres étaient trop petites et trop en hauteur pour
laisser passer un peu d’air ou un peu de lumière. Le tapis était décoloré et il
y avait des miettes jaunes près de ma chaise où quelqu’un avait mangé un cookie
en attendant d’être convoqué. Il y avait des journaux avec plein de pages
cornées en pile sur une table au milieu

Weitere Kostenlose Bücher