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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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avoir été à l’étranger si longtemps et parlé
plus lituanien qu’anglais. Ma mère me fit faire le tour de la maison et me
montra ma nouvelle chambre, la plus calme de toutes, située à l’arrière du bâtiment,
loin de la rue. Elle était petite, surtout après l’appartement que j’avais eu
en Lituanie, mais il y avait assez de place pour un lit, une table, une chaise
et un poste de télévision. J’aimai la nouveauté de cette pièce car elle
matérialisa mon retour en Angleterre comme une autre étape dans ma vie et non
comme un retour en arrière. C’était un tout nouveau départ.
    Il y eut une période d’adaptation. Vivre
seul m’avait donné le sentiment d’une indépendance et d’un contrôle sur ce qui
m’entourait, sans avoir à gérer le bruit ou le caractère imprévisibles d’autres
personnes autour de moi. Au début, ce fut difficile de me réhabituer au chahut
de mes frères et sœurs qui couraient dans les escaliers et se disputaient. Ma
mère dit à chacun d’essayer de respecter mon besoin de calme, et en général ils
le firent.
    Mes expériences à l’étranger m’avaient
sans aucun doute changé. D’une part, j’avais beaucoup appris sur moi-même. Je
pouvais voir, bien plus clairement qu’avant, la manière dont ma « différence »
affectait ma vie de tous les jours  – et surtout mes interactions avec d’autres
gens. J’étais également parvenu à comprendre que l’amitié est un processus délicat
et graduel qui ne doit pas être précipité ni anticipé, mais qu’il faut permettre
et encourager pour qu’il prenne son cours naturel dans le temps. Je me représentais
l’amitié comme un papillon, à la fois beau et fragile, qui s’envolait dans les
airs et que toute tentative d’attraper revenait à détruire. Je me souvins qu’à
l’école, j’étais passé à côté de beaucoup d’amitiés possibles à cause de mon
manque de sociabilité naturelle, parce que j’étais trop direct et que je
produisais une mauvaise impression.
    La Lituanie m’avait également permis de
prendre du recul sur moi-même et de me réconcilier avec ma « différence »
en découvrant qu’elle n’était pas forcément négative. En tant qu’étranger, j’avais
été capable d’enseigner l’anglais à mes étudiants lituaniens et de leur
raconter comment était la vie en Grande-Bretagne. Ne pas être comme les autres
m’avait donné à Kaunas un avantage ainsi que l’opportunité d’aider les autres.
    J’avais également désormais une base d’expériences
très variées auxquelles me référer pour appréhender de futures situations. Cela
me donna une plus grande confiance dans ma capacité à affronter tout ce que la
vie allait m’apporter. Le futur n’était plus quelque chose dont j’avais peur. Dans
ma nouvelle petite chambre, je me sentais plus libre que jamais.
    En tant que volontaire de retour de
mission, je pouvais prétendre à une allocation de fin de service, en échange d’un
rapport sur ma vie en Lituanie et sur ce que j’avais appris là-bas. En
attendant, je fis du soutien scolaire pour les enfants du quartier. Quelques
mois après ma première demande, on m’attribua finalement une allocation de 2 000
£. C’était juste assez pour un ordinateur : un rêve qui se réalisait pour
moi et le premier que ma famille ait jamais possédé. Une fois reçu et déballé, cela
me prit un peu de temps, avec l’aide de mes frères et de mon père, pour l’assembler
et le faire fonctionner. Pour la première fois, j’avais accès à Internet, et j’étais
ravi du flot d’informations maintenant disponibles, grâce à un clic de souris :
des encyclopédies en ligne, des dictionnaires, des listes de choses futiles, de
mots et de nombres, tout était là. Il y avait aussi les messageries et les
chats. 
    C’est quelque chose de rassurant pour les
autistes de communiquer avec d’autres personnes par Internet. D’une part, parler
par e-mails ou par chat ne requiert pas de savoir comment initier une
conversation ou à quel moment sourire, ou les raffinements infinis du langage
du corps, comme dans d’autres situations. Il n’y a pas de contact visuel et il
est possible de comprendre tout ce que l’on dit parce que tout est écrit. L’utilisation
des « émoticons », comme  J et  L , quand on discute sur un chat, rend
également les émotions de votre interlocuteur beaucoup plus faciles à
comprendre : il vous les dit, tout simplement,

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