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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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et de manière immédiatement
explicite.
    J’ai rencontré mon compagnon, Neil, grâce
à Internet, à l’automne 2000. Son métier est de concevoir des programmes
informatiques et il utilise quotidiennement l’ordinateur. Comme moi, Neil est
très timide et Internet l’a aidé à rencontrer de nouvelles personnes et à se
faire des amis. Presque immédiatement, nous avons commencé à échanger des
e-mails tous les jours, écrivant à propos de tout et n’importe quoi, depuis le
titre de nos chansons préférées jusqu’à nos espoirs et nos rêves pour l’avenir.
Nous avions beaucoup de choses en commun et il ne nous fallut pas longtemps
pour échanger nos photos et nos numéros de téléphone. Neil était beau : grand
avec des cheveux noirs et épais, des yeux d’un bleu éclatant et quand je parlai
avec lui au téléphone, il s’avéra extrêmement patient, poli et plus qu’heureux
de faire l’essentiel de la conversation. Nous avions presque le même âge, il
avait 24 ans, vivait et travaillait dans le Kent, non loin de chez moi. Plus j’en
apprenais sur lui, plus je me souviens avoir pensé en moi-même : j’ai rencontré
l’âme sœur.
    Tomber amoureux ne ressemble à rien. Il n’y
a pas de bonnes ou de mauvaises façons de tomber amoureux de quelqu’un, pas d’équation
mathématique pour la relation et l’amour parfaits. Les émotions que j’avais
éprouvées pendant toutes ces années depuis mon coup de foudre adolescent, je
les avais vécues comme soudaines et fortes, elles duraient longtemps et
persistaient, et si profondément qu’elles étaient douloureuses. Je ne pouvais
pas m’arrêter de penser à Neil, quoi que je sois en train de faire et je
trouvais même difficile de manger ou de dormir normalement. Néanmoins, quand il
me demanda, dans un e-mail du début de l’année 2001, si nous pouvions nous
rencontrer, j’hésitai. Et si la rencontre se passait mal ? Si je faisais
ou si je disais quelque chose qu’il ne fallait pas ? Étais-je seulement
quelqu’un qu’on pouvait aimer ? Je n’en savais rien.
    Avant de répondre à Neil, je décidai d’aller
parler de lui à mes parents, ce qui signifiait aussi leur avouer la vérité sur
moi. La maison était calme, cet après-midi-là. Mes frères et sœurs jouaient
tous dehors ou dans leurs chambres, pendant que mes parents étaient dans le
salon en train de regarder la télévision. J’avais répété ce que je voulais leur
dire, mais en entrant dans la pièce, je ressentis pourtant un serrement de cœur
parce que je n’avais aucune idée de ce que serait leur réaction et je n’aime
pas les situations où tout peut arriver. Elles me rendent nauséeux et confus. Comme
je souhaitais avoir toute leur attention, j’éteignis la télévision. Mon père
commença par se plaindre, mais ma mère leva simplement la tête et attendit que
je parle. Quand j’ouvris la bouche, j’entendis ma voix  – calme et brisée
 – qui leur disait que j’étais gay et que j’avais rencontré quelqu’un que
j’aimais beaucoup. Il y eut un bref silence pendant lequel ils ne dirent rien
et se contentèrent de me regarder. Puis ma mère me dit que ce n’était pas un
problème et qu’elle voulait que je sois heureux. La réaction de mon père fut
également positive : il me dit qu’il espérait que je trouve quelqu’un que
j’aime et qui m’aime en retour. Je l’espérais aussi.
    La semaine suivante, j’acceptai de
rencontrer Neil. Je l’attendis devant la maison par une matinée froide de
janvier, enveloppé dans un manteau épais et portant un chapeau et des gants. Juste
avant dix heures, il sortit de sa voiture. En me serrant la main, ses premiers
mots furent : « Ta photo ne te rend pas justice. » Je souris
sans comprendre ce qu’il voulait dire. Neil suggéra que nous allions chez lui, dans
le Kent, pour la journée. Je pris place sur le siège du passager et nous
partîmes. Ce fut un trajet étrange. Après quelques minutes de conversation, il
se plongea dans le silence et je ne sus comment reprendre la conversation :
je restai assis, sans un mot. Je me sentais très nerveux et je pensais en
moi-même qu’il ne devait pas m’aimer. Nous roulâmes un peu plus d’une heure
avant d’atteindre la maison de Neil à Ashford, une ville marchande du centre du
Kent. À ce moment-là, il se pencha derrière son siège et en sortit un beau
bouquet de fleurs qu’il m’offrit. Donc il m’aimait bien, après tout.
    La

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