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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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promener dans le grand parc peuplé de chênes.
Les arbres étaient grands comme s’ils essayaient d’atteindre le ciel et me
rassuraient à chaque fois que je faisais ma promenade, avant ma journée de
travail, selon un itinéraire immuable. Rentré chez moi, je prenais une douche
et m’habillais pour aller travailler, je marchais dans la longue rue montante
qui menait au centre où je m’asseyais un peu pour boire mon café pendant que
les femmes autour de moi échangeaient des ragots et des histoires personnelles
qui ne m’intéressaient pas. Neil souffrait depuis Noël d’un fort mal de dos que
les nombreux médecins consultés n’avaient pas su résoudre. Il rentra finalement
aux États-Unis se faire soigner et pour pallier son absence je récupérai sa
classe. Désormais, je donnais des cours d’anglais matin comme après-midi, presque
tous les jours de la semaine. Il y avait eu d’autres changements entre-temps :
le mari de Birute était tombé très malade et elle avait dû arrêter les cours
pour s’occuper de lui. Le midi, je restais souvent au centre et mangeais des
sandwiches que j’avais préparés la veille. Quelquefois, j’allais déjeuner dans
un café avec Žygintas, qui travaillait dans le centre-ville. Après le travail, j’achetais
des bâtonnets de poisson surgelés, du pain, du fromage et quelques autres
aliments de base avant de rentrer à la maison pour préparer et manger mon dîner,
lire et regarder la télévision avant d’aller me coucher. Cela ne me gênait pas de
vivre plus souvent tout seul, même si Birute me manquait et que j’espérais la revoir très vite.
    L’été, le travail au centre se réduisit
comme peau de chagrin quand mes élèves partirent avec leurs familles pour de
longues vacances sur la côte. La famille de Žygintas, comme beaucoup de
Lituaniens, avait une maison de campagne et m’invita à passer le voir. Il me
donna des instructions pour prendre un bus qui passait près de chez moi et me
fixa un point de rendez-vous où il viendrait me chercher pour faire la dernière
partie du trajet. Le bus était vieux et nous secouait beaucoup. Très vite, nous
quittâmes la ville et la voie rapide pour nous aventurer sur de longues routes
de campagne boueuses, bordées d’arbres et de champs. Žygintas m’avait indiqué
le nom de l’arrêt, mais je ne le voyais nulle part et j’étais trop nerveux pour
demander aux autres passagers. Je restai assis, j’attendis et j’espérai. À un
moment, le bus s’arrêta dans un endroit entouré de maisons en bois. C’était le
premier arrêt depuis une demi-heure, et je réunis tout mon courage pour me lever
et expliquer en lituanien que j’étais perdu. Les trois autres passagers me
regardèrent sans répondre, de sorte que je descendis du bus en comptant
intérieurement  – parce que je tremblais et que je ne savais pas quoi
faire. Puis, le chauffeur vint me voir et, sans dire un mot, me montra la liste
des horaires du bus avec les arrêts. Le nom que m’avait donné Žygintas n’y
figurait pas. Je jetai un coup d’œil à ma montre : j’avais une heure de
retard. J’allai jusqu’à la première maison expliquer en lituanien la situation
à une femme qui se tenait derrière un comptoir. Elle secoua la tête sans
répondre. J’essayai encore, répétant en lituanien, mais elle secoua encore une
fois la tête. En désespoir de cause, je tentai l’anglais : « Do you
have a telephone ? » demandai-je. Au mot « téléphone », elle
opina soudain et m’en montra un noir dans un coin. Je me précipitai pour
appeler Žygintas. « Où es-tu ? » me demanda-t-il et je lui
donnai le nom qui était inscrit sur les horaires. « Comment as-tu fait
pour te retrouver là-bas ? » s’exclama-t-il avant de continuer :
« Attends-moi, je viens te chercher. » Une demi-heure plus tard, il m’emmena
jusqu’à sa maison. Sur la route, Žygintas m’expliqua que j’avais atterri dans
une partie de la campagne lituanienne exclusivement habitée par des russophones
qui ne comprenaient pas le lituanien. Le retard abrégea mon séjour, mais je
rencontrai la famille de Žygintas et arrivai juste à temps pour un barbecue
suivi d’une baignade dans la rivière voisine.
    Birute, elle aussi, avait souhaité que je
vienne lui rendre visite dans la maison de campagne familiale. Elle voulait que
je rencontre sa sœur qui était poète. Alors que nous buvions notre café, cette
dernière récita quelques-uns de

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