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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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précise, et se regardèrent avec terreur.
    – Vous ne répondez pas ? fit Brancaillon. Je vais vous le dire, moi ! C’est qu’il ne faut pas que Jean de Bourgogne soit l’assassin du roi de France ! Me comprenez-vous ?… C’est qu’il veut être roi, lui ! C’est qu’il ne veut pas soulever le peuple par l’horreur de ce meurtre ! C’est qu’il veut pouvoir montrer à Paris les assassins de Charles !… Le roi mort, Jean sans Peur mettra la couronne sur sa tête et son premier acte sera de venger le défunt en envoyant au bûcher les régicides qui s’appellent Bruscaille, Bragaille et Brancaillon !…
    Bragaille et Bruscaille demeurèrent stupéfaits, assommés par ce raisonnement terrible dans sa simplicité. Puis Bragaille murmura : Nous sommes perdus !… Et Bruscaille, se frappant le front :
    – Comment n’ai-je pas songé à cela ?… Brancaillon, tu nous sauves !
    – Et comment ? fit modestement le pauvre Brancaillon. Je ne comprends pas…
    – Il ne comprend pas ! s’écria Bruscaille en levant les bras.
    Et, s’emparant avec une tranquille mauvaise foi, du magnifique raisonnement de Brancaillon :
    – Tu ne comprends pas, bélître, que si nous ne fuyons pas avant que le roi ne soit mis à mort, c’est nous qui serons jugés et exécutés ? Bouillis ! Étripés ! Roués ! Pendus ! Brûlés ! Tu ne comprends donc jamais rien ! Eh bien, reste, si tu veux. Moi je vais tâcher de fuir…
    – Mais tu disais…
    – Je disais que nous devons gagner au large ! Et vite ! Midi va sonner !…
    En un clin d’œil, les frocs furent roulés et jetés dans un coin. Les trois estafiers apparurent vêtus de la casaque de cuir. Ils ceignirent de fortes et larges rapières pendues au mur. Rapidement, ils se partagèrent leur richesse en parts égales. Puis, Bruscaille, d’un ton bref :
    – En route ! Dans quelques minutes, il va pleuvoir des horions !
    À ce moment, la porte s’ouvrit, et Ocquetonville parut. Les trois demeurèrent pétrifiés.
    – Pas prêts ? dit Ocquetonville en fronçant les sourcils.
    – Prêts à tout ! gronda Bruscaille qui, le premier retrouva son sang-froid. Vous voyez, messire, nous attendons le coup de midi, et alors…
    – Bien. Au fait, vous n’avez plus besoin des frocs, mes dignes ermites.
    – Au contraire, ils nous gêneraient, dit Bragaille.
    – Bon, reprit Ocquetonville. Écoutez bien, maintenant. Monseigneur veut qu’après ce que vous savez, on ne vous trouve pas dans Paris.
    – Ah ! Ah ! fit Bruscaille en jetant un regard à ses deux compagnons.
    – Et d’abord, continua Ocquetonville, voici pour assurer votre fuite.
    En même temps, il déposa sur la table un sac qu’il éventra d’un coup de dague. Les pièces d’or et d’argent se répandirent sur la table.
    – Partagez-vous cela, drôles ! dit Ocquetonville non sans quelque regret.
    Le partage se fit à l’instant même sous la surveillance d’Ocquetonville. Les yeux de Bruscaille pétillaient. Bragaille murmurait : « Que disais-tu donc qu’il allait pleuvoir des horions ? C’est une pluie d’écus… » Quant à Brancaillon, il était sombre.
    – Maintenant, voici la fin, reprit Ocquetonville. Vous descendrez par le petit escalier. Vous filerez à toutes jambes jusqu’à la poterne qui donne sur la Seine. Là vous trouverez un homme qui tiendra trois chevaux en main. Vous sauterez dessus. Vous sortirez par la porte Saint-Antoine, et vous irez vous faire pendre où vous voudrez.
    – Amen, dit Bragaille.
    – Monseigneur, dit à son tour Bruscaille, les ordres seront exécutés. Une demi-heure après l’action, nous serons hors Paris, et ce soir, nous aurons mis entre l’Hôtel Saint-Pol et nous assez de bonnes lieues pour que nul ne nous retrouve. Maintenant, nous avons à faire nos derniers préparatifs. Ainsi donc, si vous voulez nous laisser seuls…
    – Je vous laisse, dit Ocquetonville. Mais malgré toute la confiance qu’il a en vous, monseigneur a pensé que peut-être vous auriez besoin d’un coup de main. Aussi, regardez…
    Ocquetonville alla ouvrir une porte. Et dans la salle voisine, qui était la seule par où ils pussent sortir de leur chambre, ils virent une douzaine d’hommes d’armes, dont chacun tenait, suspendue à son poignet par une lanière de cuir, une masse de combat, boule de fer agrémentée de huit pointes.
    Bruscaille jeta un coup d’œil à Ocquetonville, et, dans son regard, il crut lire une

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