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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Parmi les parchemins qui s’y trouvaient, il prit celui qu’il avait montré au chevalier, puis il referma son armoire.
    Il s’assit, déplia le parchemin et, hochant la tête :
    – Voici l’arme qui, mieux qu’un coup de dague ou de hache, peut tuer Jean sans Peur. Accusation de sacrilège ! Ceci peut le faire condamner mieux que si Passavant avait prouvé la complicité de Bourgogne dans le meurtre du duc d’Orléans. Oui, c’est l’arme terrible. Mais qui peut la manier, du moment que Passavant n’est plus là ?… Qui donc, sinon Laurence d’Ambrun ?…
    Il replia soigneusement le parchemin, le plaça dans son escarcelle et médita :
    – Oui, Laurence d’Ambrun… la mère d’Odette de Champdivers !… Elle seule peut… Mais où est Laurence depuis qu’elle est devenue Trop-va-qui-dure ?… Si Gérande était là, elle saurait, elle !… Mais Gérande est morte, morte de peur, comme peut-être je mourrai moi-même, ajouta-t-il en frissonnant.
    Quelques minutes plus tard, le sorcier quittait son logis où on ne le revit plus de plusieurs jours. Que fit-il pendant cette longue absence ? Où erra-t-il ?
    Il fut vu, et malgré le manteau dont il s’enveloppait, reconnu dans la rue Trop-va-qui-dure. On le vit entrer dans la maison qu’avait habité une heure Jehanne Trop-va-qui-dure. Il demanda à divers voisins ce qu’était devenue cette Jehanne. Mais on ne put lui répondre. Il sut seulement que cette pauvre fille avait été expulsée de la rue par jalousie des ordinaires habitantes, soucieuses de s’épargner une redoutable concurrence.
    Ce que fit ensuite le sorcier nous échappe. Sans doute sa sagacité et son esprit habitué aux déductions lui firent retrouver la piste qu’il cherchait, car, ainsi que nous le disions, nous le retrouvons entrant dans le logis d’Ermine Valencienne.
    Et le logis d’Ermine Valencienne abritait Jehanne Trop-va-qui-dure, c’est-à-dire Laurence d’Ambrun, la mère d’Odette de Champdivers.

XXI – DANS LE PALAIS DU ROI
    Bruscaille, Bragaille et Brancaillon occupaient une chambre commune située assez près de l’appartement royal pour que Charles VI pût, autant qu’il le voulait, communiquer avec ses ermites favoris. Car les trois drôles étaient grands favoris. Le fou ne pouvait plus se passer d’eux. D’ailleurs, il n’était plus question d’exorcisme. Ce prétexte même avait été abandonné. Le roi voulait qu’on le fît rire, et Brancaillon seul y réussissait.
    Cependant les trois sacripants conservaient leurs robes de religieux et ne se faisaient pas faute de distribuer des bénédictions, qui en valaient bien d’autres, après tout.
    Le jour où Tanneguy du Chatel s’arrêta au pied de l’échafaud dressé pour le chevalier de Passavant, le jour même où Saïtano entra dans le logis d’Ermine Valencienne, Bruscaille, Bragaille et Brancaillon étaient réunis dans leur chambre.
    La table était dressée.
    Comme à l’ordinaire, cette table, selon les ordres du roi, était magnifiquement servie. Un splendide repas attendait donc les trois drôles qui, à ce régime, étaient devenus gras et luisants comme de vrais moines. Et cependant, ce jour-là, aucun d’eux ne prenait place à la table.
    Chose fabuleuse : Brancaillon n’avait pas faim.
    Il est vrai qu’en revanche, il avait toujours soif, et plus soif même que d’habitude. De temps à autre, il saisissait au hasard le premier flacon ou le premier cruchon qui lui tombait sous la main.
    Bragaille, de son côté, n’était pas sans témoigner quelque émotion qui se traduisait par des prières entremêlées de jurons.
    Bruscaille seul conservait tout son sang-froid.
    C’est que Bruscaille avait peut-être le cœur plus dur que les autres, ou bien il se rendait compte plus exactement de la situation. Il l’expliquait avec clarté à ses deux acolytes.
    – Il n’y a pas à reculer, disait-il. Le jour est venu. L’heure va sonner. L’envoyé de notre maître et seigneur le duc m’a dit : au coup de midi. À midi donc, le roi sera exorcisé ; le geste, le dernier geste sera accompli, et le fou passera de ce monde dans un autre.
    – Meurtrir un si bon roi ! gronda Bragaille.
    – Et qui nous fait boire de si bon vin ! ajouta Brancaillon.
    – Hé ! fit Bruscaille. Je sais bien que c’est dur… Mais, de par tous les diables, ce ne sera pas la première fois que nos dagues auront rendu service à Jean de Bourgogne !
    Brancaillon lampa une forte

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