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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mugissement prolongé, puis ses appels se précipitèrent, et elle se mit à hurler dans les airs, appelant tous les esprits de carnage qui accouraient et tourbillonnaient dans un ciel morne.
    – Qu’est cela ? cria Tanneguy tout en frappant à coups redoublés.
    – Le signal de l’extermination des Armagnacs ! répondit Polifer.
    – Malédiction ! clama le capitaine.
    La bande se battait. La foule des bourgeois s’était disloquée en troupes qui se mettaient en marche vers des points déterminés. Un escadron d’hommes d’armes passa le long de la Seine, d’un trot pesant, dans un grondement de sabots, dans un fracas de cuirasses entrechoquées, oriflammes déployés, et cela hurlait :
    – Bourgogne ! Bourgogne !
    – Mort aux Armagnacs ! vociféraient les bourgeois.
    Et plus loin, dans la Cité, une clameur sauvage et puissante balaya tous les bruits avec le souffle de ce cri forcené qu’elle jetait au monde :
    – Liberté ! Liberté !…
    Et c’étaient, là-bas, les gens de Caboche, à l’œuvre déjà, franchissant le pont, culbutant la garde prévôtale et marchant sur l’Hôtel Saint-Pol. Et ce monstre en marche faisait trembler Paris avec sa clameur :
    – Liberté ! Liberté !…
    Au pied de l’échafaud, la bataille devenait frénétique mêlée. Trois cents archers entouraient Passavant, Tanneguy et les Écorcheurs.
    Là, ce fut un furieux enchevêtrement de gestes épileptiques, de bras qui se levaient pour assommer, égorger ; les visages n’étaient plus que des masques convulsés, les bouches tordues, les yeux flamboyants, des cris rauques se croisaient, les malédictions se heurtaient, les gémissements fusaient en plaintes déchirantes et Passavant, les mains rouges, le visage éclaboussé de rouge, les vêtements en lambeaux, Passavant, armé d’une épée ramassée sur le champ de bataille, d’instant en instant, portait devant lui son terrible coup droit – droit au cœur… un homme tombait, puis un autre… et son sourire narquois, un peu sceptique, semblait dire : « Allons, ce n’est pas cette fois encore que j’irai voir Passavant le Brave dans un monde où, sans doute, il n’est pas besoin de tant de sang pour conquérir le bonheur… » Et tout à coup, il se mit en marche en criant :
    – Passavant ! Passavant le Hardi !
    – Hardi ! hardi ! hurla Tanneguy. En avant !
    La troupe des Écorcheurs, en bloc serré, s’avança. D’un furieux effort, elle pénétra dans la masse des archers. À gauche, à droite, en avant, les coups de masse pleuvaient. De la bande en marche surgissait l’ininterrompu jaillissement des éclairs d’acier, et des hommes tombaient sur des cadavres, se roulaient, puis demeuraient immobiles, et l’effroyable bête hérissée, grondante, sanglante, faisait sa trouée ; de part et d’autre, les archers lâchaient pied… Brusquement, le chevalier de Passavant se trouva dans la rue Saint-Antoine. Il n’y avait plus d’archers.
    La rue n’était qu’un tumulte. Mais ces bandes qui passaient en vociférant ne s’inquiétaient pas de Passavant et de sa troupe. Elles avaient leur besogne tracée d’avance, et elles y allaient.
    Un instant, Passavant et Tanneguy se regardèrent, si rouges, si déchirés, si hagards, qu’à peine ils se reconnurent. Et alors, ils s’embrassèrent.
    – Vous êtes sauvé, dit Polifer en s’avançant.
    – Grâce à vous dit Passavant en lui tendant la main. Mais comment…
    – Oh ! c’est bien simple, dit le chef des Écorcheurs qui vit venir la question. Maître Capeluche est un ami à moi… Un ami… vous comprenez ? Il ne peut rien me refuser. Dès lors que j’ai su qu’on allait vous exécuter, j’ai été le trouver. Il ne voulait pas d’abord. Puis je l’ai convaincu. Bref, le brave Capeluche a été pris à temps de la fièvre nécessaire et m’a désigné comme le seul de ses aides capable de le remplacer. Voilà. Vous êtes sauvé. Il faut maintenant sortir de Paris. Où voulez-vous aller ?…
    – À l’Hôtel Saint-Pol ! répondit Passavant d’une voix sombre.

XXV – LA DAME D’ORLÉANS
    À l’hôtel d’Armagnac, ce jour-là, vers 11 heures, une cinquantaine de hauts seigneurs étaient assemblés dans la grande salle des armes. De quart d’heure en quart d’heure entrait une estafette qui venait rendre compte de ce qui se passait dans Paris. Le comte d’Armagnac, revêtu de son harnachement de guerre, mais la tête nue encore,

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