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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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menace.
    Les Armagnacs rangés dans la cour, devant la grande porte de fer close et chaînée, ces guerriers vêtus d’acier écoutaient ces hurlements qui se battaient dans l’air. Ils demeuraient silencieux. Mais on eût entendu les frémissements de rage qui faisaient s’entre-choquer leurs cuirasses. Les chevaux piaffaient, inquiets, impatients, le nez tendu vers le carnage…
    Une litière fermée s’avança.
    Quelques instants plus tard, Armagnac parut, tête nue, marchant lentement, et donnant la main à Valentine d’Orléans, vêtue de grand deuil. Derrière eux, venaient la dame de Coucy et la dame de Puisieux. Puis les valets d’armes du comte portant son casque, son épée, sa lance.
    Les seigneurs, rangés pour la bataille, frissonnèrent à la vue de celle qu’il fallait sauver. Un grand souffle d’héroïsme agita les panaches des cimiers. Des cris brefs, rauques, rudes, violents éclatèrent :
    – Vive le roi ! – Vive la seigneurie de France ! – Vive Armagnac ! – Salut à la dame d’Orléans !…
    Et tous, d’une même voix puissante, d’un seul cri tragique :
    – Mort à Bourgogne !…
    Valentine s’approcha de la litière, se tourna vers ses deux compagnes comme pour leur demander leur approbation, et elle dit :
    – Découvrez la litière !…
    Le comte d’Armagnac hésita à donner l’ordre.
    – Nous voulons qu’on nous voie, dit Valentine. Nous voulons notre part du péril. Et si Dieu veut que je sois frappée en ce jour, béni soit l’acier qui m’atteindra… car rien ne m’est plus… plus ne m’est rien.
    – Oui ! Oui ! vociféra l’escadron d’acier électrisé. À découvert ! Noël à la dame d’Orléans !…
    En quelques instants, les valets eurent enlevé les mantelets, les rideaux de cuir épais. Valentine prit place dans le fond de la litière ainsi découverte, les dames de Coucy et de Puisieux s’assirent devant elle et lui faisant face, la figure pâle, mais le regard intrépide.
    Le comte d’Armagnac s’était mis en selle. Son valet lui présenta le casque…
    Alors se produisit l’incident qui montre ce qu’était cette noblesse à qui on peut tout reprocher, sauf d’avoir eu peur. Le valet d’armes, disons-nous, s’approcha du comte d’Armagnac et lui présenta le casque. Le comte le repoussa et cria :
    – Tête nue ! Qu’on nous voie ! À découvert ! À découvert !
    – Tête nue ! Tête nue ! hurla l’escadron d’acier.
    En un clin d’œil, les casques furent arrachés et on les entendit tomber sur le sol, à grand fracas ; pendant quelques instants, il n’y eut que le roulement de ces casques que les guerriers rejetaient, et l’escadron entier apparut, tout en acier, avec ces têtes nues dont les traits se convulsaient, dont les regards jetaient des flammes. Seuls, les valets d’armes gardèrent leurs morions. Alors le comte d’Armagnac alla se placer à la tête de la troupe et cria :
    – Qu’on ouvre les portes ! Qu’on baisse le pont-levis !…
    On entendit le grincement des leviers, le raclement des chaînes ; cela dura quelques minutes, et, du dehors, soudain, entra dans l’hôtel la violente bouffée de la clameur populaire.
    – Armagnac ! Armagnac ! vociféra l’escadron.
    Tout s’ébranla. La litière était au milieu. Dès qu’on fut dans les rues, l’ordre primitif se modifia. Il n’y eut plus qu’un hérissement d’épées tout autour de la litière. L’escadron s’avança d’un seul bloc, dans le piaffement de ses chevaux, dans le bruit des aciers qui se heurtaient. Il s’avança, comme une formidable et lente machine de guerre s’adaptant à la largeur des rues, tantôt se resserrant et s’allongeant, tantôt s’élargissant et perdant de sa longueur. Il s’avança, balayant tout sur son passage par le seul aspect de sa force. Et ce fut ainsi, sans avoir rencontré d’adversaires, que les Armagnacs atteignirent la rue Saint-Antoine, et ils prirent aussitôt la direction de la porte Saint-Antoine, par où ils comptaient sortir de Paris.
    Tout à coup, le comte d’Armagnac leva très haut son épée et cria : « Attention !… » Derrière lui, et jusqu’au bout de l’escadron, les seigneurs se dressaient sur leurs étriers pour essayer de voir au loin. La rue n’était qu’une houleuse confusion d’êtres enchevêtrés, un effroyable hérissement de piques, de pertuisanes, de bâtons même, une multitude de faces livides et flamboyantes, et sur

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