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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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légèrement :
    – Pierre Tosant et Martin Lancelot sont-ils donc arrivés ?
    – Ces deux bons ermites sont auprès de notre sire le roi, dit Bois-Redon, étonné de cette émotion que manifestait la reine. Ils ont entrepris l’exorcisme qui, paraît-il, durera toute la nuit. C’est du moins tout ce que j’ai pu savoir.
    – C’est bien, cela suffit. Retire-toi. Tiens-toi prêt à m’accompagner quand je t’appellerai et sois convenablement armé.
    Bois-Redon eut un sourire vainqueur et loucha sur sa dague. Cela voudrait dire que, cette arme au poing, il ne craignait rien ni pour lui, ni pour la reine. Puis il sortit.
    Isabeau demeura immobile à la même place. Elle écoutait les rugissements d’Impéria. Ces plaintes du fauve affamé devenaient en apparence moins terribles.
    Isabeau écoutait cela, ou du moins se donnait le prétexte d’écouter. En réalité, elle songeait. Sa rêverie, plus loin que Bois-Redon, que Jean Sans Peur, que le roi, et même qu’Odette de Champdivers, allait chercher ce jeune chevalier que, dans la forêt de Vincennes, elle avait vu étincelant de bravoure, et qui l’avait sauvée des mains des Écorcheurs.
    Passavant n’était pas mort.
    Passavant s’était dressé entre elle et Odette.
    La reine se sentait frémir. Elle s’excitait à la colère contre ce Passavant sans l’intervention de qui Odette eût succombé à l’attaque des Bourguignons. Et cette colère, elle s’étonnait, elle s’irritait de ne pas la trouver au fond de son cœur. Elle songeait :
    – S’il était à moi, que ne pourrais-je entreprendre ! Il me vengerait de Jean Sans Peur, lui ! Il me vengerait de ce misérable fou ! Il me vengerait de l’intrigante ! Il me vengerait de ce Berry qui, dans l’ombre, conspire ma perte ! Il me vengerait de ce Bourbon qui m’insulte de sa bienveillance !
    Longtemps elle rêva ainsi, et enfin, secouant la tête, d’une voix plus lointaine, elle répéta :
    – Si Passavant était à moi… Allons ! gronda-t-elle tout à coup.
    L’heure d’agir était venue. Elle appela Bois-Redon, et lui donna quelques ordres rapides. Bois-Redon s’élança. En somme il fallait s’arranger pour que la tigresse, une fois lâchée, ne trouvât aucun être vivant sur son passage.
    Au bout d’un quart d’heure, Bois-Redon revint, et comme il avait annoncé que l’entrée du parloir était libre (sans doute par trahison), il annonça cette fois que libre était le chemin qui y conduisait.
    – C’est bien. Sors, maintenant. Et quand tu me verras paraître, tu me suivras à distance. Tu seras prêt à tout.
    – Mais, commença Bois-Redon, allez-vous donc seule…
    – Sors, te dis-je ! Seule… Oui. Sois prêt à tout, non contre Impéria qui n’est qu’une tigresse et pour qui je suffis, mais contre des hommes, si nous en rencontrons.
    Bois-Redon jeta un dernier regard d’admiration sur la reine, d’épouvante sur la porte derrière laquelle on entendait haleter Impéria – et il sortit.
    Alors, rapidement, Isabeau procéda à une toilette qui était comme son branle-bas de combat. Elle supprima de son costume tout ce qui était flottant, tout ce qui pouvait être facilement agrippé, et elle se trouva cuirassée et vêtue à peu près comme le chef des gardiens. Elle saisit la fourche d’acier, et elle ouvrit la porte.
    D’un bond, Impéria fut dans la salle.
    Sans attendre, sans lui parler, sans la prévenir, la dompteuse marcha sur la tigresse, la fourche en arrêt. Le fauve recula, la gueule enflammée, battant l’air de ses griffes. Impéria reculait, la fourche sur le naseau. Elle se trouva acculée à un angle de la salle et s’y dressa, furieuse, plus étonnée encore que furieuse.
    L’instant terrible était venu. Ou Isabeau serait tuée, ou le fauve serait dompté. La tigresse tenta le suprême effort. Elle se laissa retomber sur ses pattes et se ramassa pour bondir. Isabeau, effroyable peut-être à ce moment, mais aussi digne d’admiration, vit que le bond allait se produire, et elle attaqua la première. La fourche d’acier vigoureusement maintenue sur le nez de la tigresse, de la main droite elle la cravacha à coups redoublés. Les pointes de la fourche, violemment, frappèrent. La bête se débattait pour sortir de cet angle. Cette lutte émouvante et hideuse dura quelques secondes à peine.
    Tout à coup, Isabeau jeta sa cravache et déposa la fourche d’acier.
    La bête vaincue, allongée sur le tapis, râlait.
    Dans

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