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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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chien grondait sourdement.
    La gouvernante le tenait à l’œil.
    Cette inquiétude qu’Odette avait déjà éprouvée dans la journée s’empara encore d’elle.
    – Faites venir mes suivantes, dit-elle – et sa voix tremblait un peu.
    – Les suivantes ! s’écria la gouvernante en levant les bras au ciel. Dieu me pardonne ! Mais ai-je donc mal entendu ? Ou mal compris ? Quel malheur ! Je les ai toutes renvoyées, car vous m’avez assuré que vous vouliez être seule…
    Odette pâlit. Elle jeta un rapide regard sur cette femme et, sans rien dire, courut jusqu’à l’antichambre où, d’après les ordres du roi, des gardes devaient se tenir en permanence.
    Non seulement il n’y avait aucun garde dans l’antichambre, ni dans cette salle des gardes où le sire de Bois-Redon avait opéré le tour de cartes qu’on a vu, mais encore, les portes extérieures étant fermées, Odette vit qu’il lui était impossible de sortir : elle était prisonnière.
    Ce ne fut pas de la crainte qu’elle éprouva alors, mais une sorte d’indignation. C’était une âme vaillante sur qui la peur avait peu de prise. Elle revint au petit salon et, d’un ton bref :
    – Où sont mes gardes ?
    – Le roi est le maître, dit la gouvernante. Le roi a donné des ordres. Hélas ! si j’avais prévu que ces ordres pussent vous déplaire… je vous eusse tout au moins prévenue.
    – Quels ordres ? Parlez clairement.
    – Le roi a voulu que tous les gens d’armes du palais fussent pour cette nuit massés autour de ses appartements. Je n’y puis rien, vraiment. Et je vois que vous me regardez comme coupable…
    Odette frémissait. Elle fit lentement le tour du petit salon, et enfin, revenant s’arrêter devant cette femme, d’une voix étrangement douce, elle lui dit :
    – Sa Majesté la reine a voulu me faire saisir l’avant-dernière nuit. Par quel miracle je fus sauvée, Dieu le sait… Dieu et quelqu’un qui sans doute a été écarté, puisqu’il n’est pas ici pour me défendre. Ce qu’on n’a pu faire cette nuit-là, on va maintenant le tenter. Soit. C’est donc ce soir que je mourrai. Car votre maîtresse, je pense, n’espère pas m’avoir vivante ?
    – Ma maîtresse ? balbutia la femme.
    – Sans doute, dit tranquillement Odette… Votre maîtresse la reine. Vous êtes ici pour me trahir, pour me livrer… Taisez-vous… Pas un mot… Écoutez seulement. Je ne parle pas à votre cœur, car vous n’eussiez pas accepté pareille besogne si vous aviez un cœur, je parle à votre intérêt. Vous devez aimer l’argent. Puisque vous avez accepté de me trahir, vous pouvez trahir votre maîtresse. Vous pouvez le faire sans danger…
    – Madame, ah ! madame, quelles choses affreuses dites-vous ! balbutia la femme.
    – La vérité est souvent affreuse, dit Odette. Vous pouvez me sauver sans danger. Je ne vous demande pas de me faire sortir. Je ne veux pas sortir d’ici, même si je vois la mort. Mais vous pouvez parvenir jusqu’au roi, et lui dire… ce qui doit se passer ici tout à l’heure.
    – Mais quoi ! cria la femme en sanglotant. C’est horrible d’être ainsi accusée !
    Odette tourna le dos, courut à un admirable petit bahut qu’elle ouvrit, saisit une cassette, la porta sur la table, et en versa le contenu, – bracelets, chaînes, anneaux, diamants, pierres de toutes couleurs dont les feux se mêlaient en une féerique flambée.
    Cette flamme se répercuta pour ainsi dire dans les yeux de la gouvernante.
    Odette, qui ne la perdait pas de vue, eut une seconde d’espoir. Mais cet espoir s’éteignit aussitôt, en même temps que s’éteignit dans l’œil de la femme la flamme d’avarice.
    Odette comprit qu’elle était perdue. Une fois encore, elle fit le tour du petit salon, la tête basse, et encore, elle vint s’arrêter devant l’espionne. Et ce que dit alors la victime fut terrible. De sa voix douce :
    – Dites-moi au moins comment je dois être tuée…
    Cette fois, la femme tressaillit violemment, fut secouée d’un frisson, comme si on l’eût frappée au cœur d’un coup de poignard.
    – Je ne sais pas ! répondit la femme, dans un souffle.
    Ce fut tout. Il n’y eut plus qu’un silence affreux. Odette baissa encore la tête. Quand elle la releva, elle s’aperçut que la femme avait disparu…
    Odette lentement, alla reprendre sa place dans le fauteuil et, au bout de quelques minutes, des larmes s’échappèrent de ses yeux. C’était

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